FOCUS - Dans une interview publiée le 1er juin dans le quotidien Libération, Éric Piolle, maire EELV de Grenoble, s'en est pris en des termes assez durs à Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise (FI). L'élu, qui dénonce « une logique de forteresse », l'estime en effet responsable de l'échec du rassemblement des forces de gauche pour ces élections législatives. De quoi semer le trouble dans sa propre majorité, composée en partie de membres du Parti de gauche proches des Insoumis. Et ce alors même qu'il avait soutenu Jean-Luc Mélenchon, lors du premier tour de l'élection présidentielle.
On savait que ces élections législatives allaient être compliquées sur Grenoble mais on était encore bien loin du compte.
Avec des forces de gauche divisées qui partent en campagne en ordre dispersé, la boussole électorale s'affole et les électeurs, désorientés, perdent leurs repères.
Communistes, écologistes, socialistes et Insoumis font cavaliers seuls et c'est la règle du chacun pour soi qui dès lors prévaut. Notamment dans les première et troisième circonscriptions, ce qui laisse la bride sur le cou des candidats de la majorité présidentielle incarnée par Emmanuel Macron. Dans ces mêmes circonscriptions, Éric Piolle, déçu par la stratégie de Jean-Luc Mélenchon, apporte désormais son soutien aux candidats Soukaïna Larabi et Nicolas Kada (Ensemble pour gagner) alors qu'il avait soutenu Jean-Luc Mélenchon lors de l'élection présidentielle.
« Une logique de forteresse » et une « occasion ratée »
La gauche part divisée, la faute à qui ? A Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, à en croire Éric Piolle. C'est du moins, en substance, ce qui ressort de l'interview du maire Europe, écologie - les Verts (EELV) de Grenoble publiée le jeudi 1er juin dans Libération.
Que reproche l'édile à Jean-Luc Mélenchon ? Son choix assumé de s'être inscrit « dans une logique de forteresse » et de se comporter en « caporal », au lieu de « se positionner comme chef d’orchestre », allant ainsi à l'encontre d'une stratégie de gauche rassemblée. Et ce d'autant qu'il en avait le pouvoir, estime-t-il, étant arrivé en tête à Grenoble avec 19,6 % des suffrages recueillis lors du premier tour de la présidentielle.
La crainte d'Éric Piolle ? Celle de « passer à côté des législatives ». Et celui-ci de regretter « une occasion ratée », annonciatrice de l'échec probable de son camp. Une volte-face étonnante de la part de l'élu qui, pourtant, avait apporté son soutien à Jean-Luc Mélenchon lors de l'élection présidentielle, celui-ci se démarquant alors des instances de EELV qui prônaient, quant à elles, le soutien de Benoît Hamon. De quoi expliquer une certaine forme d'amertume.
« C’est dommage car la campagne de Jean-Luc Mélenchon s’était ouverte sur la fin, il avait réussi à incarner notre espace humaniste, citoyen, écologiste, de gauche face à l’extrême droite qui porte une logique de repli sur soi et face à la fusion des libéraux de gauche et de droite », a-t-il confié au journaliste de Libération.
« C'est la mode de me jeter des pierres en ce moment »
Pour autant, Éric Piolle ne regrette pas d'avoir appelé à voter Mélenchon qui avait d'ailleurs couvé l'équipe municipale à ses débuts. « Il y a une nécessité de rassembler et il est impossible de le faire sans lui et son mouvement car nos projets sont proches. Ce que je regrette, c’est le gâchis », déclare-t-il au quotidien national. Quant au court terme, l'élu n'est guère optimiste.
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