Deux jours après une attaque nocturne dans le camp Valmy à Grenoble, un incendie criminel a embrasé des poubelles et un véhicule, ce lundi 22 mai. Les pompiers essaient d'éteindre l'incendie criminel ayant causé la destruction d'une voiture et de poubelles.

Agression de migrants, incen­die, rive­rains excé­dés… La ten­sion monte autour du camp Valmy

Agression de migrants, incen­die, rive­rains excé­dés… La ten­sion monte autour du camp Valmy

REPORTAGE – Deux jours après une attaque noc­turne de motards dans le camp Valmy à Grenoble, un incen­die cri­mi­nel a pro­vo­qué l’embrasement de pou­belles et d’un véhi­cule sta­tionné à proxi­mité, ce lundi 22 mai en début de soi­rée. Sur le cam­pe­ment, où vivent désor­mais près de 200 migrants ori­gi­naires pour la plu­part d’Albanie, du Kosovo et de Macédoine, l’in­quié­tude gran­dit. Une situa­tion d’au­tant plus inte­nable que les ten­sions montent avec cer­tains rive­rains de la copro­priété Gallieni, qui ont lancé un col­lec­tif et une pétition.

L’action, nar­rée par plu­sieurs témoins de la scène, a été très brève. Il était envi­ron 19 heures, ce lundi, lors­qu’une voi­ture cir­cu­lant sur l’a­ve­nue Valmy s’est appro­chée de l’ex­tré­mité du parc épo­nyme. Selon ces mêmes per­sonnes, un occu­pant du véhi­cule aurait ensuite jeté un cock­tail Molotov [ver­sion qui n’est pas encore confir­mée par les pom­piers] sur un tas de pou­belles qui s’est immé­dia­te­ment embrasé, détrui­sant tota­le­ment une voi­ture garée à côté. À l’ar­ri­vée de la police, le(s) mys­té­rieux incendiaire(s) avai(en)t déjà déguerpi.

L'incendie a été rapidement maîtrisé par les pompiers mais a brûlé les poubelles et détruit une voiture, entièrement calcinée. © Manuel Pavard, Place Gre'net

L’incendie a été rapi­de­ment maî­trisé par les pom­piers mais a brûlé les pou­belles et détruit une voi­ture, entiè­re­ment cal­ci­née. © Manuel Pavard, Place Gre’net

Le feu a vite été maî­trisé par les pom­piers et les dégâts ne sont que maté­riels mais la vue des flammes et les bruits des sirènes ont encore ren­forcé l’in­quié­tude crois­sante des occu­pants du camp Valmy. À la même heure, ces der­niers tenaient d’ailleurs une réunion à deux cents mètres de là, en com­pa­gnie de mili­tants des diverses asso­cia­tions de sou­tien aux migrants et mal-logés. Au menu de cette dis­cus­sion impro­vi­sée : les évé­ne­ments de ce week-end et la réac­tion à adopter.

Des accoin­tances avec l’ex­trême droite

Les migrants originaires des Balkans sont de plus en plus nombreux à venir s'installer sur le camp, ces dernières semaines. © Manuel Pavard, Place Gre'net

Les migrants ori­gi­naires des Balkans sont de plus en plus nom­breux à venir s’ins­tal­ler sur le camp, ces der­nières semaines. © Manuel Pavard, Place Gre’net

Les mines ren­fer­mées, les traits tirés et le timbre des voix le tra­hissent : deux jours après, tous sont encore sous le choc. Dans la nuit de samedi à dimanche en effet, plu­sieurs motards ont péné­tré sur le camp, où vivent aujourd’­hui sous des tentes près de 200 migrants venus essen­tiel­le­ment d’Albanie, du Kosovo et de Macédoine – un chiffre en constante aug­men­ta­tion depuis la mi-février –, dont beau­coup de familles avec enfants.

« Les motards avaient des bâtons et des battes de base-ball, ils ont tapé sur tous les objets qu’ils trou­vaient, nous ont mena­cés de mort et ont dit qu’ils revien­draient jus­qu’à ce que nous soyons par­tis », racontent des migrants. Selon eux, les agres­seurs, qui « n’é­taient pas recon­nais­sables avec leurs casques de moto », n’ont pas fait mys­tère de leurs accoin­tances avec l’ex­trême droite, pour ne pas dire néo-nazies. Effrayées, une famille aurait dans la fou­lée pris le tram jus­qu’au ter­mi­nus de Seyssinet-Pariset, où elle se serait faite contrô­ler par la police. D’autres migrants ont depuis défi­ni­ti­ve­ment quitté le campement.

« On attend quoi ? Qu’il y ait des morts et des blessés ? »

Y a‑t-il un lien avec les mee­tings du Front natio­nal et de Civitas s’é­tant tenus samedi soir, res­pec­ti­ve­ment à la Maison du tou­risme de Grenoble et à Saint-Martin-d’Hères ? Impossible à prou­ver natu­rel­le­ment, même si le rap­pro­che­ment est sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes. Quoiqu’il en soit, les asso­cia­tions devraient rapi­de­ment dépo­ser des plaintes pour les deux agres­sions de ces der­niers jours. Et beau­coup redoutent de nou­veaux actes hostiles.

Les enfants vivant sur le camp ont été directement pris à partie et menacés par les motards, dans la nuit de samedi à dimanche. © Manuel Pavard, Place Gre'net

Les enfants vivant sur le camp ont été direc­te­ment pris à par­tie et mena­cés par les motards, dans la nuit de samedi à dimanche. © Manuel Pavard, Place Gre’net

« La police, la pré­fec­ture et les élus doivent réagir car ça pour­rait être bien plus grave, s’in­surge un mili­tant. Imaginez qu’un cock­tail Molotov vise une tente. Ensuite, le feu peut se pro­pa­ger par­tout ! On attend quoi ? Qu’il y ait des morts et des bles­sés ? » Pour parer à toute éven­tua­lité et pro­té­ger le camp, les membres de cer­tains col­lec­tifs ont décidé de main­te­nir une pré­sence per­ma­nente dans le parc Valmy.

Des rive­rains ont lancé une péti­tion en ligne

Pendant que les dis­cus­sions tour­naient autour de la conduite à adop­ter ces pro­chains jours, d’autres mili­tants se ren­daient à la ren­contre des rive­rains. Car les occu­pants du camp doivent éga­le­ment faire face à la colère gran­dis­sante d’une par­tie des rési­dents de la copro­priété Gallieni, qui jouxte le parc et l’a­ve­nue Valmy.

Au fond, la copropriété Gallieni dont une partie des résidents ont lancé une pétition, se disant victimes de nuisances depuis l'installation du camp. © Manuel Pavard, Place Gre'net

Au fond, la copro­priété Gallieni dont une par­tie des rési­dents ont lancé une péti­tion, se disant vic­times de nui­sances depuis l’ins­tal­la­tion du camp. © Manuel Pavard, Place Gre’net

Certains d’entre eux, regrou­pés au sein du nou­veau Collectif Valmy, ont ainsi éla­boré un mani­feste adressé aux élus et col­lec­ti­vi­tés et lancé une péti­tion en ligne ayant recueilli près de 200 signatures.

Ils dénoncent en vrac une « situa­tion inte­nable », des « inci­vi­li­tés », des « vols », des « intru­sions », « la musique jus­qu’à 1 heure du matin », et demandent, pêle-mêle, « que le camp illé­gal soit déman­telé », « qu’une clô­ture autour de la copro­priété soit ins­tal­lée », « qu’un pro­jet de vidéo-sur­veillance soit étu­dié »… De leur côté, les mili­tants asso­cia­tifs pré­sents « ne nient pas qu’il puisse y avoir des pro­blèmes avec cer­taines per­sonnes » mais mettent en garde contre toute conclu­sion hâtive : « Attention à ne pas géné­ra­li­ser à tous les habi­tants du camp. »

« Le vrai scan­dale, ce sont tous ces bâti­ments vides qui devraient être réquisitionnés »

Selon un copro­prié­taire, « tout le monde se refile le bébé : la pré­fec­ture nous ren­voie vers la Ville qui nous ren­voie vers la pré­fec­ture ». Il dit aussi avoir « une dent contre les asso­cia­tions qui sont là depuis quatre mois mais qui viennent nous voir pour la pre­mière fois ce soir ». Et il assure : « Ce qu’on ne veut pas, c’est inter­ve­nir nous-mêmes. »

Pendant plus d’une heure, mili­tants et rive­rains dis­cutent à bâtons rom­pus. Le ton monte par­fois. Si cer­tains membres de col­lec­tifs de sou­tien aux migrants disent « com­prendre en par­tie l’a­ga­ce­ment des rive­rains », ils se disent « vic­times d’un faux pro­cès ». « La pré­fec­ture et la mai­rie ont, selon eux, laissé pour­rir la situa­tion et réussi à mon­ter des pauvres contre des plus pauvres. Mais le vrai scan­dale, ce sont tous ces bâti­ments vides qui devraient être réqui­si­tion­nés alors que ces gens [dont beau­coup sont en demande d’a­sile] ont le droit d’être logés. Si c’é­tait le cas, on n’au­rait pas tous ces pro­blèmes. »

Manuel Pavard

Manuel Pavard

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