FOCUS – Ils sont souvent programmés l’un à la suite de l’autre. Les auteurs, compositeurs, musiciens et interprètes Marc Di Malta et Daniel Gwizdek joueront samedi 20 mai au Bauhaus. Un bar qui, par son côté intimiste, se prête parfaitement à leurs univers respectifs, baignés d’une douce mélancolie. Rencontre avec les deux artistes grenoblois.
Il est des rencontres musicales qui s’imposent naturellement. Ainsi se sont trouvés Rouge Renarde, Marc Di Malta et Daniel Gwizdek. Histoire d’affinité élective d’abord et raisons plus triviales aussi. Les trois musiciens, compositeurs et interprètes officient tous à Grenoble dans des univers intimistes, qui demandent de la part du public une disponibilité d’écoute. « Nos sets respectifs sont aussi assez courts, donc jouer tous les trois permet d’occuper un temps de concert plus standard », explique simplement Daniel Gwizdek.
Au Bauhaus, 20 rue Chenoise, Marc Di Malta et Daniel Gwizdek proposeront leurs morceaux respectifs samedi 20 mai. Il faut dire que ce petit bar, très coutumier des programmations musicales, est particulièrement propice aux sensibilités des deux garçons, qui avouent sans détour ne jamais rencontrer le public sans une certaine appréhension.
Le goût de l’épure
S’il joue seul avec sa guitare et ses pédales de boucle, Daniel Gwizdek n’en sera pas moins accompagné très prochainement par d’autres musiciens. En attendant, ses jolies compositions folk supportent très bien une version des plus épurées, comme ce sera le cas au Bauhaus. « Autant sur mes EP [dont le quatrième vient de sortir, ndlr], j’ai tendance à en mettre beaucoup, à accumuler les pistes, autant en concert, j’adore cette qualité de silence. J’aime donner l’occasion au public de pouvoir vraiment écouter sans être assourdi. Mais c’est vrai que cette musique assez confidentielle n’est pas faite pour les grosses scènes », analyse-t-il.
Des propos que tempère Marc Di Malta : « L’attente des gens est conditionnée par ce que leur proposent les programmateurs. Il y a une forme de condescendance à penser que le public de festival, par exemple, ne peut écouter qu’une musique festive et divertissante. » La musique calibrée, très peu pour lui, en somme. Marc appuie avec passion son propos : « Il y a peu, j’ai joué dans une boulangerie devant les habitants de Saint-Nizier-du-Moucherotte et ça a bien pris, ce qui prouve qu’il ne s’agit pas d’une musique élitiste. »
Alain Bashung versus Jay-Jay Johanson
Tous deux écoutent quasiment exclusivement des musiques anglo-saxonnes mais leurs morceaux n’évoquent pas chez leurs auditeurs de mêmes références. À Marc, on parle invariablement d’Alain Bashung. Son interprétation en prend certains accents, il est vrai. Et ses textes, de même, possèdent ce même champ d’interprétation, très large.
« Je n’aime pas fermer mon propos. Je préfère aligner des images, des phrases pour que les gens ne percutent pas sur les mêmes mots [ce que l’on vérifie tout particulièrement sur les titres Plan large ou Nous sommes vivants et vous êtes morts, ndlr]. Mais j’ai assez peu écouté Bashung finalement. En ce moment, par exemple, j’écoute beaucoup de chanteuses folk et j’aime beaucoup les Floyd, David Bowie, Radiohead… »
C’est à l’auteur-compositeur-interprète suédois Jay-Jay Johanson qu’on compare plus volontiers Daniel. Ce qui n’est pas pour lui déplaire. Ses influences sont aussi à chercher du côté de James Blake, de Tricky ou de Chet Baker.
Contrairement à Marc, ses mots lui viennent dans la langue de Shakespeare : « Je chante en anglais parce que c’est plus naturel pour moi d’arriver à caler cette langue sur la musique que j’ai d’abord composée. Quant à ce que j’essaie de raconter, ça dépend des périodes et ça dépend des EP. C’est souvent assez introspectif. Mon dernier EP parle plus des réseaux sociaux et de la manière dont on s’y présente, qui relève parfois de l’autofiction. Je parle de ce malaise-là. »
Chez les deux auteurs-compositeurs et interprètes affleurent, en tout cas, une même mélancolie douce. Leurs voix portent à merveille ce registre. Au regard de son jeune âge, le timbre grave et profond de Daniel, en particulier, ne laisse pas de surprendre ses auditeurs. Chez l’un comme chez l’autre, pourvu que les conditions d’écoute leur soient favorables, aussi seuls soient-ils, il en faut peu pour que la magie opère.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Daniel Gwizdek // Marc Di Malta
Samedi 20 mai 2017, à partir de 20 h 30
Bauhaus Bar
20 Rue Chenoise, à Grenoble
Gratuit