FOCUS – Lutter contre la précarité énergétique en misant sur la prévention, tel est le souhait de GEG et de ses partenaires, dont le CCAS de Grenoble. Une philosophie que l’entreprise a voulu présenter à l’occasion d’un point presse organisé le 2 mai dernier au cœur de son vaste siège, place Robert Schuman.
« Nous ne sommes pas une entreprise comme les autres. » Mardi 2 mai, Gaz et électricité de Grenoble (GEG) conviait partenaires et journalistes à un moment de rencontre autour de la question de la précarité énergétique. Une opération de communication ? Sans aucun doute. Mais qui a précisément le mérite de mettre l’accent sur une problématique qui peine à percer dans les discours et les débats.
« Quand on parle de précarité énergétique, parfois on ne se chauffe pas. On est loin de l’économie : on est dans la restriction ! », rappelle Vincent Fristot, président de l’entreprise de service public GEG et adjoint à la Ville de Grenoble en charge, entre autres, de l’Habitat. Face à ces situations, il voit GEG comme un « acteur militant pour sortir les personnes de leurs difficultés ».
Un Pôle énergie solidaire ouvert aux ménages en difficultés
Quels leviers d’action ? En premier lieu, naturellement, les tarifs solidaires. Ce sont près de 7 000 clients GEG qui bénéficient du Tarif de première nécessité (TPN) pour l’électricité, et 1 600 du Tarif spécial de solidarité (TSS) pour le gaz. L’attribution de ces tarifs est, en principe, automatique. Ce qui n’exclut pas le non-recours, contre lequel l’entreprise assure mettre tout en œuvre.
Pour les ménages en difficulté, GEG a également mis en place un Pôle énergie solidaire. En plus des procédures de recouvrement adaptée, l’entreprise dit vouloir « prendre en compte plus efficacement les publics vulnérables », ainsi que l’explique sa directrice générale Christine Gochard. Qui décrit « un métier d’accueil, de conseil, de recherche de solutions, demandant du professionnalisme mais aussi du discernement et de l’humanité ».
Le CCAS partenaire de GEG
La question de la précarité énergétique recoupe celle de la précarité… tout court. « Ce n’est pas juste la situation d’une facture, mais un environnement global », estime ainsi Alain Denoyelle, adjoint à l’Action sociale de la Ville de Grenoble. « L’année dernière, sur 153 personnes reçues par les conseillers en économie sociale et familiale du CCAS, seulement 27 avaient uniquement une dette d’électricité ou de gaz », précise-t-il.
Partenaire de GEG depuis 2009, le CCAS de Grenoble tient en effet permanence au sein même du siège de l’entreprise, place Robert Schuman, pour suivre les ménages les plus en difficulté. Avec parfois, à la clé, une aide financière ponctuelle pour les cas les plus problématiques, à laquelle GEG participe à hauteur de 35 000 euros annuels.
La solution semble en tout cas, de l’avis de tous, résider dans la prévention. Des factures trop élevées peuvent en effet provenir de logements mal isolés – les fameuses « passoires énergétiques » décrites par Andrée Démon, présidente d’Un toit pour tous –, en particulier dans le privé. Mais aussi des habitudes de consommation des ménages.
Afin que chacun, ainsi que le dit Alain Denoyelle, « puisse trouver la bonne adéquation entre ses besoins en énergie et ses ressources », GEG et le CCAS font appel à Soleni, entreprise d’insertion du groupe Ulisse 38, chargée de réaliser des diagnostics énergétiques. « Nous donnons le maximum de conseils, au plus proche de la réalité des ménages que nous avons en face de nous », explique de son côté Thomas Ballandraud, encadrant technique à Soleni.
Vers une multiplication des actions de prévention
À travers une analyse des bâtis, du système de chauffage, des sanitaires, Soleni propose aux personnes des outils pour les aider à réguler leur consommation d’énergie. Ampoules basse consommation, réflecteurs de chaleur, éco-sac pour la chasse d’eau… Autant de matériel qui, lié à une réflexion sur son mode de consommation, peut amener jusqu’à 20 % de diminution des factures.
« On lie une action environnementale et sociale, se félicite Vincent Fristot. Nous avons, en tant qu’administrateurs et élus à la Ville de Grenoble, poussé cette action au niveau du conseil d’administration, pour passer de 10 à 100 visites par an. »
En attendant plus ? « Nous allons bénéficier d’un nouveau financement à travers les Certificats d’économie d’énergie. Nous allons pouvoir multiplier les actions », annonce de son côté Alain Denoyelle. Une nouvelle disposition légale sur les CEE s’impose en effet depuis 2015 aux fournisseurs d’énergie concernant les ménages en situation de précarité énergétique.
Un programme d’investissement de 85 millions d’euros
Mais n’est-il pas paradoxal qu’une entreprise comme GEG fasse tout pour que ses clients consomment moins l’énergie qu’elle leur vend ? « Notre objectif n’est pas de vendre plus d’énergie aux particuliers, mais de travailler à un développement énergétique territorial », corrige Vincent Fristot. Le but ? « Aller vers l’énergie de l’avenir. »
Et le président de GEG d’annoncer un grand programme d’investissement, estimé à 85 millions d’euros sur cinq ans, en faveur de la production d’énergie renouvelable. Première illustration, décrit Vincent Fristot : « L’inauguration à Susville d’une centrale photovoltaïque de 5 mégawatts. Soit des centaines de mètres carrés de panneaux photovoltaïques installés sur l’ancien site charbonnier. »
De quoi alimenter la Tour Eiffel, dont GEG a décroché en 2014 le marché de fourniture d’énergie, en plus d’autres marchés publics sur le Grand Lyon ou dans le département de la Loire. Et si, en matière de fourniture d’énergie aux particuliers, GEG ne s’adresse qu’aux Grenoblois, Vincent Fristot se prend à imaginer une évolution à l’échelle de la Métro, le jour où des dispositions légales le permettront.