REPORTAGE PHOTO – Le Théâtre de verdure a accueilli pour la première fois son public dans le parc Bachelard, ce dimanche 9 avril. Ce projet ambitieux est issu du budget participatif 2015, initié par la ville de Grenoble. A terme, il vise à devenir une pierre de l’édifice du Parc des arts et d’un festival des arts de rue à l’échelle de l’agglomération. Retour sur cette journée d’inauguration au rythme de la batucada et dans une ambiance de contes « magiques et mystérieux ».
Inauguration du Théâtre de verdure, parc Bachelard. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
« Je trouve ça sympa, que ce parc soit investi », lance une passante, tout en se dirigeant vers les gradins de l’amphithéâtre en plein air rempli à craquer.
Le Théâtre de verdure était inauguré ce dimanche 9 avril au parc Bachelard. Pas moins de 200 personnes sont venues pour saluer cette nouvelle initiative culturelle ambitieuse et ouverte à tous.
Chacun pouvait en effet y présenter son projet en s’inscrivant dans le planning géré par l’équipe du Prunier sauvage. Ce jour-là, les rythmes de samba et les sonorités des percussions ont attiré un public de curieux. Certains ont même abandonné promenades dominicales et pique-niques sous le soleil pour rejoindre ceux venus à ce rassemblement bien en avance afin de s’assurer d’avoir leur place sur les gradins.
L’occasion de se rendre compte que l’amphithéâtre en plein air, prévu pour 100 personnes, est trop petit par rapport à la demande du public. Un problème toutefois résolu rapidement, les spectateurs ayant pris place tout autour pour profiter des animations artistiques.
La Maison de l’enfance Bachelard proposait au public une découverte de ses jeux. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
Au programme, la performance rythmée de la Batucada par BandaTujumi Batucada Geracao Capoeira, puis les contes « magiques et mystérieux » d’Un Mystérieux voyage en forêt, spectacle présenté par La Fabrique des petites utopies. De quoi permettre aux petits et aux grands de s’évader dans cet univers imaginaire et de former une chorale improvisée à la demande des comédiens.
Une ambiance sous le signe de la proximité et de la spontanéité qui a été propice à la culture au sens large.
« C’est le projet culturel le plus enthousiasmant de ces derniers années »
Le Théâtre de Verdure est l’un des neuf projets gagnants de la première édition du budget participatif en 2015. Il s’inscrit dans un projet plus global – le Parc des arts, mené par le Prunier sauvage et soutenu par un comité de pilotage composé de 25 acteurs d’horizons très diverses : habitants du quartier Mistral et de toute l’agglomération grenobloise, artistes, techniciens, architectes, urbanistes… Quelques partenaires institutionnels comme la Maison de la culture ou encore le Centre chorégraphique national de Grenoble s’associent déjà au projet. Sans compter des acteurs du quartier : des écoles, la maison de l’enfance et la maison des habitants.
Brahim Rajab. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
« Ce projet est en co-construction avec la ville et la métropole », complète Brahim Rajab, directeur du Prunier sauvage. Et d’ajouter qu’il espère également avoir le soutien de l’État par le biais du ministère de la Culture. « À mon sens, c’est le projet culturel le plus enthousiasmant de ces derniers années », estime-t-il avec un sourire.
« Ce projet ne naît pas de nulle part. Il s’appuie sur quelque chose d’existant qui a pris le temps de maturer et de grandir », explique Brahim Rajab. « Au Prunier sauvage, nous avons cette expertise de la question de la démocratie culturelle. C’est un travail qui a commencé il y a plus de vingt ans. » Stephane Bœuf, musicien habitué du Prunier sauvage depuis une quinzaine d’années, mais surtout initiateur et porteur du projet lors du budget participatif 2015, précise qu’il voulait « avant tout créer un lieu de culture dans un quartier où il n’y en a pas beaucoup. Et que ce lieu soit accessible immédiatement, sans murs et portes, sans barrières, où nous ne sommes pas obligés de bien s’habiller pour y aller. »
Théâtre de verdure : en passant par le Parc des arts vers un festival des arts de rue
© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
Un projet social de plus dans un quartier sensible ou un entre-soi d’amateurs grenoblois de culture ? Brahim Rajab insiste sur la valeur culturelle et non pas sociale du Théâtre de verdure.
« On essaie toujours de créer de la mixité, le dialogue entre tous les gens qui viennent ici. Il faut éviter de faire des choses juste pour les habitants, parce qu’on les enferme dans leur condition sociale. Il faut arrêter de réfléchir juste à travers un prisme social. Il faut regarder les gens comme des sujets, des acteurs et des porteurs de richesse culturelle. »
Son ambition est de créer un lieu « expérimental qui n’existe nulle part ailleurs dans les départements », en mettant en place les espaces d’expression libre à tous et en diversifiant les pratiques artistiques présentées. « L’idée est de réfléchir sur la place de la culture sur ce territoire-là et sur la place de l’art dans l’espace public. »
Les ambitions de ce projet s’étendent bien au-delà des limites géographiques du parc Bachelard : à terme, le comité du pilotage vise à créer un festival des arts de rue à grande échelle. Avec le Parc des arts comme lieu central et point de départ d’un événement qui circulera dans les espaces publics à travers de l’agglomération.
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Yuliya Ruzhechka