FOCUS – Pour la quatrième fois en quelques mois, la permanence des Républicains à Grenoble a été la cible de dégradations. Si, à droite comme à gauche, tous ou presque condamnent ces actes de violences sur fond de campagne électorale, la fédération des Républicains de l’Isère en profite pour rebondir sur des thèmes qui lui sont chers : l’insécurité et la violence « qui sont entrées partout », taclant au passage l’une des premières mesures du maire de Grenoble : le retrait des caméras de vidéo-surveillance.
Pour la quatrième fois en quelques mois, le local grenoblois de la permanence Les Républicains a été la cible de dégradations. Mais cette fois, les dégâts ne se cantonnent pas seulement à l’extérieur.
Après avoir forcé le rideau en fer, le ou les individus entrés par effraction dans le local dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 mars ont brisé des vitres et cassé du mobilier ainsi que du matériel informatique. Ils ont également aspergé les murs et le plafond de peinture rouge et vraisemblablement d’ammoniac, rendant le local complètement inutilisable et les tracts bons à jeter à la poubelle.
« L’insécurité et la violence sont entrées partout »
En novembre, puis en décembre 2016, d’autres dégradations s’étaient soldées par de « simples » tags sur la façade extérieure. Cette fois, c’est allé plus loin. Dans la permanence du local donnant sur la place Paul Vallier, les drapeaux mais aussi les affiches ont été copieusement arrosés de peinture rouge. Dont celles estampillées « Wanted » qui, en août 2016, n’avaient guère contribué à détendre l’atmosphère, la majorité municipale nommément visée par ces tracts ayant considéré qu’une ligne rouge avait été franchie… L’affiche en question a‑t-elle ouvert la porte ?
« C’est une affiche politique et une bonne affiche, elle fait parler d’elle », se défend Alexandre Roux. Pour le secrétaire départemental Les Républicains, la cause est entendue : « Il règne un climat délétère au niveau national qui se répercute au local. Et, à Grenoble, il y a un climat favorable à la politique radicale. Ce sont des anarchistes. Et ces personnes ne partagent pas nos valeurs de liberté d’expression. »
Dans un communiqué, le président de la fédération de l’Isère Thierry Kovacs va plus loin. Et en profite pour rebondir sur des thèmes chers aux valeurs de la droite, dénonçant « l’insécurité et la violence qui s’expriment de plus en plus violemment dans notre pays » et qui « sont entrées partout : dans les écoles, les collèges et les lycées, à l’hôpital, dans les églises, au domicile des fonctionnaires de police, dans les stades, les salles de concerts, dans les permanences des élus et des partis… »
Le président de la fédération départementale LR tacle au passage le maire de Grenoble, dénonçant le retrait des caméras de vidéo-surveillance, une des premières mesures d’Eric Piolle. Les échéances municipales ne sont pas bien loin…
Les permanences des partis LR et PS visées à Grenoble
Comme les fois précédentes, la fédération départementale a porté plainte. Soutenue d’une certaine manière par d’autres formations politiques. Car elle n’est pas la seule à être visée, la palme revenant au parti socialiste qui, à Grenoble, a été la cible de nombreuses et violentes dégradations.
« La violence envers les partis politiques et nos institutions sont inacceptables dans notre démocratie, a d’ailleurs rapidement condamné Christophe Bouvier, le premier secrétaire de la fédération de l’Isère du PS dans un communiqué. Ces attaques, antidémocratiques, comme les quatorze précédentes contre le parti socialiste à Grenoble, sont injustifiables. »
Les dégradations au siège grenoblois des Républicains ont été commises quelques minutes après le premier « grand » débat télévisé organisé autour de quelques-uns des candidats à la présidentielle.
Pour Nicolas Ponchut, secrétaire départemental adjoint, et Philippe Puget, bénévole qui, mardi matin, mesuraient l’étendue des dégâts dans le local, « l’action a clairement été préparée et préméditée », même s’il faudra attendre les conclusions de l’enquête de police pour, peut-être, y voir plus clair.
« La violence, quelle qu’elle soit, n’a pas sa place dans la vie publique, a de son côté dénoncé le maire de Grenoble Eric Piolle dans un communiqué. Ainsi, j’en appelle à une campagne propre, digne, qui tourne enfin le dos aux dérives et à la démagogie pour répondre aux aspirations des Françaises et des Français. »
Patricia Cerinsek