« C’est avec surprise et consternation que nous avons constaté le saccage de ce site exceptionnel ». Les associations Nature Vivante, Gentiana et la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature) n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer les travaux réalisés sur les coteaux de Seyssuel par des viticulteurs locaux.
Les coteaux de ce village isérois situé près de Vienne abritent en effet, affirment les associations, « les 19 seules stations de gagées des rochers de l’Isère ». Plantes à fleurs jaunes de la famille des liliacées, les gagées figurent dans la liste des espèces végétales protégées sur l’ensemble du territoire.
30 % de la population de gagées détruites
« Pour installer un futur vignoble, les travaux d’affouillement, d’exhaussement, de débroussaillement et de défrichement – actuellement toujours en cours ! – ont détruit 6 des 19 stations de gagées des rochers », écrivent les associations dans un communiqué commun. Ce serait 30 % de la population de gagées des rochers qui aurait été détruite.
L’attitude de la préfecture est particulièrement dénoncée par les signataires du communiqué.
Ceux-ci relatent comment le préfet de l’Isère a refusé en 2016 de signer un nouvel arrêté de protection de biotope sur les coteaux de Seyssuel. Un premier arrêté avait été annulé pour vice de forme, après un recours déposé par des viticulteurs et des trialistes.
« Le préfet a estimé que “la prise de conscience des acteurs locaux de la singularité de ce site naturel ayant largement évolué” et qu’eux-mêmes ayant souhaité l’inscrire dans “une charte environnementale et paysagère” (charte de bonne conduite), ce nouvel état d’esprit pouvait donc à lui-seul se substituer à une réelle politique publique de protection de ce bien collectif qu’est la biodiversité », expliquent encore les défenseurs de la nature. Une « prise de conscience » qui n’a cependant pas freiné la marche des tractopelles.
La Frapna porte plainte et appelle la préfecture à prendre ses responsabilités
Précisant que les travaux réalisés sont à leurs yeux illégaux, en raison du plan d’occupation des sols ou de certaines autorisations non obtenues, la Frapna annonce son intention de « porter plainte et d’engager toutes les démarches nécessaires pour obtenir l’arrêt des travaux dans les meilleurs délais et la remise en état du site ».
« Nature Vivante, Gentiana et la Frapna Isère appellent solennellement le préfet à prendre rapidement ses responsabilités. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que seule la prise d’un arrêté préfectoral de protection de biotope sur les coteaux de Seyssuel sera en mesure de préserver cet espace riche et fragile, qui recèle encore quelques trésors de notre biodiversité. Mais jusqu’à quand ? », s’inquiètent en conclusion les associations.