FOCUS – Après les Folles Nuit Mozart en 2015 et Schubert en 2016, c’est sur deux jours que se déroule cette année, du 10 au 12 février, La Folle Nuit Beethoven organisée par l’association Musée en musique au musée de Grenoble. L’occasion pour le public de venir à la rencontre du célèbre compositeur de l’Hymne à la joie et de la 5e Symphonie à travers les huit concerts programmés dans l’auditorium et les salles du musée de Grenoble.
Qui n’a pas eu en tête les majestueuses mesures de la 5e Symphonie de Beethoven ou n’a fredonné la finale du dernier mouvement de la 9e Symphonie de Beethoven, plus connue sous le nom d’Hymne à la joie, devenu depuis l’hymne officiel de l’Union européenne ?
Pour autant, avec sa jauge de 275 places et une scène de dimensions modestes, l’auditorium du musée de Grenoble ne permet pas d’accueillir un orchestre symphonique. Ce sont donc des œuvres de musique de chambre et pianistiques du célèbre génie que l’association Musée en musique propose au public grenoblois à l’occasion de cette 3e édition de La Folle Nuit qui lui est consacrée.
Une proposition élargie après le succès des Folles Nuits Mozart et Schubert
Une Folle Nuit élargie cette année qui, succès des Folles Nuit Mozart et Schubert oblige, s’étend désormais sur tout un week-end. L’événement débute en effet le vendredi 10 février dans le patio du musée, avec l’emblématique Hymne à la joie interprété par le Chœur de la Folle Nuit pour s’achever, le dimanche 12 février, par une master class – un cours de maître – prodigué par le célèbre pianiste Abdel Rahman el Bacha.
Dans l’intervalle, ce ne sont pas moins de huit concerts, essentiellement des sonates, qui sont programmées dans l’auditorium toute la journée du 11 février, entrecoupées d’interludes musicaux dans les salles d’exposition du musée avec le Conservatoire de Grenoble.
« Bouleverser le rituel du concert traditionnel en permettant à un large public d’aller à la rencontre d’un compositeur célèbre ou d’un courant majeur de l’histoire de la musique ». Tel est l’un des objectifs poursuivis pour cette nouvelle Folle Nuit qui s’inspire largement de La Folle Journée de Nantes, créée par René Martin en 1995, par ailleurs également directeur artistique de l’événement aux côtés de Musée en musique .
« Il s’agit de proposer, dans un même lieu, des concerts courts à des tarifs extrêmement attractifs et de faire en sorte que puissent se rencontrer des musiciens à l’aube de leur carrière qui ont besoin d’aller à la rencontre du public mais également des artistes confirmés », explique Pascale Galliard, présidente et directrice artistique de Musée en musique.
L’œuvre de Beethoven a traversé les siècles
Pourquoi avoir choisi Beethoven pour cette nouvelle édition ? « Parce que Beethoven dépasse largement le cadre de la culture savante. Sa musique symphonique est populaire. Tout le monde connaît Ludwig Van Beethoven, c’est une référence incontournable, un passeur de musique et une personnalité extraordinaire et incontestable de son époque », s’enthousiasme Pascale Galliard.
« Sa musique a traversé les siècles avec des relectures permanentes, ne serait-ce que par l’usage qu’en a fait le cinéma », complète Guy Tossato, directeur du musée de Grenoble et hôte de l’événement. Qui évoque en l’occurrence Orange mécanique, l’œuvre magistrale du réalisateur Stanley Kubrick, dont la bande originale fait appel à de larges extraits de la 9e Symphonie de Beethoven et se termine par l’Ode à la joie.
« Il faut savoir que la surdité l’a frappé à 27 ans et qu’il est mort à 57 ans. Quand on sait tout ce qu’il a pu écrire dans cette période où la surdité à été quelque chose de dramatique pour lui, cela dénote vraiment d’une personnalité tout à fait exceptionnelle », ajoute, quant à elle, Marie-Hélène Trembleau, membre du bureau de l’association.
Rassembler les meilleurs jeunes musiciens autour de Beethoven
« Rassembler les meilleurs jeunes musiciens de cette nouvelle génération très talentueuse autour d’un compositeur : Beethoven ». C’est ainsi que René Martin, le codirecteur artistique de la Folle Nuit Beethoven résume la programmation de l’événement musical. Dire qu’il y aura du beau monde serait un doux euphémisme, la consultation du programme est édifiante.
C’est le pianiste Rémi Giniet, « un musicien d’exception, dont on n’a pas fini d’entendre parler », selon Diapason Magazine, qui ouvre le ban des concerts à l’auditorium, ce vendredi 10 février. Lui succèderont sur la scène les vétérans du Quatuor Pražák, une formation pragoise internationalement reconnue par la critique spécialisée pour ses Quatuors de Beethoven.
Tout au long de la journée du samedi 11 février, vont s’enchaîner les sonates avec le jeune Trio Chausson dont, selon Musée en musique, « l’élan des phrasés et la vigueur des contrastes » n’ont rien à envier à ceux de leurs illustres aînés du Quatuor Pražák.
Puis ce sera au tour de Nathanaël Goin, l’une des jeunes pousses les plus prometteuses du piano français, de prendre le relais. La cerise sur le gâteau ? Un grand maître, le pianiste Abdel Rahman el Bacha, connu pour son intégrale des 32 sonates de Beethoven, sur lequel la journaliste de France Inter Kathleen Evin ne tarit pas d’éloges. « Se fondre en Beethoven, se laisser hanter par lui, c’est bien ce que le pianiste Abdel Rahman el Bacha a également expérimenté », dit-elle de lui, visiblement séduite, dans son émission L’humeur vagabonde.
Des concerts gratuits, des animations et une conférence
Pour autant tous les concerts ne seront pas payants et, pendant ces trois jours, les salles d’exposition et le patio du musée de Grenoble « résonneront au son d’une folle musique », promet l’association Musée en musique.
Le public est en effet invité, entre chaque concert, à découvrir ou redécouvrir quelques pages majeures du répertoire de Beethoven.
L’heureux résultat d’un partenariat entre Musée en musique et le Conservatoire de musique de Grenoble, né du désir d’animer le musée en proposant de la musique « à toute heure, dans tous les recoins, dans l’esprit de la Folle journée de Nantes ! » C’est ainsi qu’au cours de nombreux interludes, les élèves des classes de chant et d’accompagnement de piano proposeront au public des scènes d’opéra et des œuvres vocales.
De la musique, mais pas seulement puisque, dans la bibliothèque du musée, pour percer le secret de ce génial compositeur, aura lieu le samedi 12 février une conférence intitulée « De l’intime au sublime », animée par la musicologue Bernadette Lespinard.
Enfin, la musique ouvrant l’appétit, sachez que, pour l’occasion, le restaurant du musée Le 5 proposera une assiette « Ludwig », le samedi 12 durant toute la journée.
Joël Kermabon