EN BREF – L’automobiliste est-il un piètre consommateur ? Pour appuyer cette affirmation, et étayer le projet Cœurs de ville, cœurs de métropole, qui prévoit la fermeture d’axes aux voitures, la Métro et la ville de Grenoble se sont inspirées d’une étude. Mais, réalisée en 2003 par la fédération des usagers de la bicyclette, cette étude ne dit pas tout à fait la même chose…
Le projet Cœurs de ville, cœurs de métropole est-il bon pour le commerce ? En fermant certains axes, dont les boulevards Sembat-Rey à la circulation automobile, la Métro et la ville de Grenoble sont formelles : plus de piétons, plus de cyclistes et moins d’automobilistes vont booster l’activité commerciale.
Eric Piolle l’a répété le 3 octobre dans les colonnes du Dauphiné Libéré : « les piétons sont les premiers acheteurs, les usagers des transports en commun et les cyclistes ensuite, les automobilistes très loin derrière ». La Métro l’a, chiffres à l’appui, écrit noir sur blanc dans son dossier de concertation.
Sur quoi se basent de telles affirmations ? Le collectif Grenoble à cœur, opposé au projet de la Métro et de la ville de Grenoble, a remonté le fil. A l’origine, il y a une étude. Du solide a priori. En passant sur le fait qu’elle a été réalisée en… 2003, on y apprend que, bien que financée par l’Ademe, elle a été réalisée par la fédération des usagers de la… bicyclette.
Erreur ? Mauvaise retranscription ?
L’association qui dit agir pour « promouvoir l’usage du vélo comme mode de déplacement quotidien » et qui milite notamment pour « réduire la vitesse des véhicules motorisés en ville grâce aux zones 30 et zones de rencontre », est-elle la mieux placée pour conduire une telle enquête ?
Toujours est-il que les usagers de la bicyclette ont, en 2003, enquêté dans six agglomérations, dont Grenoble. Pour en tirer des conclusions chiffrées. Dont celle, dont se sont inspirés Eric Piolle et les rédacteurs du dossier de concertation, qui mesure les dépenses des clients dans les magasins à l’aune des modes de déplacement.
Ainsi, apprend-on qu’un piéton dépense chaque semaine 40,4 euros, un cycliste 24,4 euros, un usager des transports en commun 22,4 euros et un automobiliste 21,7 euros. Et non 12 euros, comme rapporté par les promoteurs de CVCM et repris depuis dans les discours.
Contactés, les services de la Métro plaident l’erreur. Quant au maire de Grenoble, ses services n’ont pas donné suite à notre demande de réaction. On voudrait réhabiliter la voiture, on ne s’y prendrait pas mieux…
Patricia Cerinsek