FOCUS – Salaires impayés, travail dissimulé, pressions ou encore des cas de discrimination… La CGT Haute-Savoie lance sa nouvelle campagne d’information à destination des saisonniers. Les représentants syndicaux se rendent ces 23 et 24 janvier à Chamonix et Morzine afin de les renseigner sur leurs droits.
Après un début de saison mitigé, la neige est enfin tombée sur les massifs alpins et les réservations reprennent dans les stations de ski. Une bonne nouvelle pour l’Observatoire national des stations de montagne, qui constate une hausse de 9 à 11% de fréquentation pour les vacances d’hiver.
L’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) prévoit ainsi un taux de remplissage de près de 70 % dans le secteur locatif (agence immobilières et résidences de tourisme) du 11 au 24 février 2017. Cette annonce a de quoi réjouir les saisonniers qui peuvent enfin reprendre le chemin des pistes après un début de saison mitigé.
Le manque de neige, un problème récurrent
« Ce problème est réglé en partie car la saison a débuté mais il devient récurrent. Aujourd’hui, même si les saisonniers sont protégés – car ils ont des possibilités de recours en amont de la saison en cas de manque de neige –, ce n’est pas suffisant », estime Pierre Solvas, secrétaire général CGT Haute-Savoie.
« Nous avons la volonté d’anticiper plus largement ce problème à chaque début de saison en proposant une économie touristique tournée vers d’autres activités et en restant attentifs afin que le ski ne devienne pas un sport d’élite, poursuit le syndicaliste. Il y a un besoin de penser les choses autrement pour les activités de tourisme. »
Informer les saisonniers sur leurs droits
Afin d’informer les saisonniers sur leurs droits, des représentants syndicaux iront à leur rencontre, le lundi 23 janvier à Chamonix et le mardi 24 janvier à Morzine. L’objectif : distribuer aux salariés concernés un guide des droits. Actualisé chaque année, ce dépliant d’une soixantaine de pages explique en détail le contrat de travail, le bulletin de paie, la convention collective ou encore la syndicalisation. « L’idée est de les rencontrer le plus tôt possible dans la saison pour qu’ils soient informés de leurs droits », explique Pierre Solvas.
Cette démarche est une réelle nécessité pour le représentant syndical qui voit défiler chaque année, en fin de saison, dans les locaux de la CGT Haute-Savoie, de nombreux salariés en litige avec leur employeur. En cause, des salaires impayés, du travail dissimulé, des pressions ou encore des cas de discrimination. « Leur permettre d’anticiper par la connaissance de leur droit est un bon moyen de le faire respecter », explique le syndicat dans un communiqué.
« On estime à au moins une centaine le nombre dossiers instruits par la CGT sur l’ensemble du département en fin de saison. Ce chiffre pourrait sans doute augmenter si tous les saisonniers lésés se déclaraient », ajoute le Secrétaire général CGT Haute-Savoie.
Améliorer leurs conditions de vie… et éviter les drames
Au-delà de leurs droits, les conditions de logement des saisonniers restent l’une des préoccupations principales du syndicat et fait, cette année, l’objet de toute son attention. « Les saisonniers sont logés de manière assez spartiate. On souhaite faire évoluer cette question pour éviter les drames comme il y a eu l’année dernière à Argentières et il y a quatre-cinq ans à la Clusaz », explique Pierre Solvas.
Deux saisonniers avaient en effet été retrouvés morts à Argentière sur la commune de Chamonix, en janvier 2016, intoxiqués au monoxyde de carbone, suite à un dysfonctionnement du système de chauffage dans le camion où ils dormaient. Et en janvier 2013, deux jeunes saisonniers haut-savoyards avaient trouvé la mort dans l’incendie de leur camion, à La Clusaz.
En Haute-Savoie, les loyers sont chers, surtout en station avec l’activité touristique. Ils y seraient ainsi 20 % plus élevés que dans les autres stations de Rhône-Alpes, selon la CGT. « Dans l’avenir, on souhaite permettre aux saisonniers d’avoir des conditions de logement acceptables et faire avancer les conditions de travail », ajoute-t-il.
Maïlys Medjadj