Alors que la Métropole de Grenoble, qui s’est dotée de la compétence culturelle depuis le 3 novembre dernier, s’apprête à hériter de la MC2, la chambre régionale des comptes épingle dans un rapport la gestion de l’une des plus grandes scènes nationales de France.
De 2004 à 2014, les magistrats financiers ont passé en revue dix années de fonctionnement de la MC2 et pointent notamment « une gestion administrative peu rigoureuse en matière de ressources humaines et de commande publique ».
Gérée par une association jusqu’en 2003, la MC2 a, d’après le rapport, manifestement mal digéré la transition depuis sa transformation en établissement public de coopération culturelle regroupant la ville de Grenoble, le département de l’Isère, la région et l’État.
« Le passage du statut associatif à celui d’établissement public n’a pas produit tous les effets attendus en matière de gouvernance et de gestion administrative et financière », notent les magistrats. Ceux-ci pointent notamment des dérapages début 2014 lors de la fusion du centre dramatique national des Alpes avec la MC2 « dans des conditions critiquables, notamment en ce qui concerne les avantages financiers consentis à l’ancien directeur et à sa compagnie ».
Des conclusions sévères
Les conclusions des magistrats, qui dressent plusieurs recommandations – parmi lesquelles mettre en place des objectifs et des indicateurs d’évaluation, atteindre l’autonomie financière ou pour le conseil d’administration exercer « pleinement » ses compétences –, sont sévères.
« En l’absence d’objectifs et d’indicateurs de résultat dans les projets élaborés par les directeurs successifs, de conventions d’objectifs pluriannuelles telles que prévues par le cahier des charges des scènes nationales et d’étude approfondie sur le public, il n’est pas possible de s’assurer que la MC2 remplit complètement les missions dévolues à un établissement de cette nature. »
Une situation financière fragile
D’autant plus que la situation financière de l’établissement est fragile. Avec un budget de 13 millions d’euros en 2014, 250 représentations par saison et une moyenne de 110 000 spectateurs par an, la MC2 peine à joindre les deux bouts. Car l’établissement ne dispose pas suffisamment de fonds propres (passés de 1 370 675 euros en 2009 à 27 052 euros en 2014). Et il a, sur la période, mal estimé ses frais de fonctionnement. Côté recettes, ce n’est guère florissant, notent les magistrats.
Instabilité des subventions (qui représentent les deux tiers des rentrées), stagnation des recettes de la billetterie… « Le modèle économique actuel n’étant pas soutenable, la MC2, dont la Métropole de Grenoble va devenir membre, doit s’attacher en priorité à la résorption du déficit », conclut le rapport.
PC