EN BREF – Des potimarrons contre la baisse de subventions. C’est le moyen qu’a choisi le service d’accompagnement social Le Salto pour protester, ce jeudi 8 décembre. L’association organisait ainsi une « soupe solidaire et citoyenne » devant le Conseil départemental pour dénoncer la diminution de moitié de sa subvention pour 2017. Un rassemblement très suivi, qui n’a pas été du goût de l’équipe départementale.
« Barbier ou le département barbare », « La misère en Isère », « Les précaires sur le carreau »… Si les salariés du Salto savent cultiver le calembour, leur colère et leur inquiétude n’en sont pas moins réelles. En cause : une réduction drastique de leur subvention départementale à l’horizon 2017.
Ils avaient ainsi donné rendez-vous à tous ceux désirant les soutenir devant le siège du Conseil départemental à Grenoble, jeudi 8 décembre de 12 heures à 14 heures. Un rassemblement autour d’une « soupe solidaire et citoyenne » aux légumes de saison, avec pour parrain – clin d’œil à Gotlib – un Superdupont battant pavillon Salto.
Vingt ans de Salto
Créé en 1996 au sein de l’association giéroise l’Oiseau bleu, le Salto est un service d’accompagnement s’adressant aux personnes sans logement. « Nous faisons un accompagnement social global », explique Sophia Dlimi, assistante sociale, décrivant un mode de suivi individualisé.
« Nous travaillons avec les personnes autour de leurs besoins, en fonction de chaque situation. Cela peut être la question de l’accès aux droits, la mise en place d’un accompagnement médical, la mise en place de la scolarité pour les enfants, la recherche d’un logement… Et les rassurer quand la situation est compliquée, les entendre et passer du temps avec elles pour comprendre leur détresse. »
Le Salto compte actuellement neuf salariés. Avec des subventions départementales réduites de 30 000 euros en 2016 et qui passent en-dessous de 100 000 euros en 2017, ce sont trois postes qui pourraient in fine être supprimés. Pour une charge de travail qui, elle, ne diminue pas, bien au contraire, assure Sophia. « Le Département nous enlève des sous, mais nous envoie de plus en plus de personnes à accompagner… »
« Une méthode contestable » pour le Département
C’est peu dire que le Conseil départemental n’a pas apprécié la manifestation. Dans un communiqué envoyé dans l’après-midi, il juge la « méthode contestable ». « Un véritable dialogue a été engagé depuis des mois avec le Salto : les élus en charge au Département avaient reçu ses dirigeants à plusieurs reprises et se sont également déplacés sur le terrain. »
« Ce revirement brutal de posture interroge sur les méthodes d’échange employées, cantonnant le dialogue social à une simple requête de subventions sans ajustement possible », juge encore le Département, qui justifie la diminution des sommes allouées par un souci d’équité entre les travailleurs sociaux.
« Aujourd’hui, un équivalent temps plein dans l’association s’occupe de 25 foyers alors qu’un équivalent temps plein au Département s’occupe de 123 foyers. Une telle différence n’est pas juste ! Nous ajustons notre subvention pour plus d’équité entre les différents employés et associations », écrit ainsi Sandrine Martin-Grand, vice-présidente en charge de la solidarité et de l’insertion. Sans oublier de faire la leçon aux manifestants : « Les privilèges du passé, c’est fini. On doit tous faire un effort pour l’insertion des plus démunis. »
Un rassemblement très suivi
Le rassemblement avait d’autant plus de quoi agacer le Département qu’il comptait nombre de soutiens extérieurs au Salto. Des salariés d’autres structures sociales telles que l’Arepi, des représentants de l’Assemblée des mal-logés, des militants infatigables parmi lesquels naturellement Jo Briant, ou encore le président de la délégation Rhône-Alpes de la Fnars Francis Silvente.
Une manifestation qui n’est pas la première devant le Conseil départemental depuis que la nouvelle majorité a pris ses fonctions. Et ne sera probablement pas la dernière, tant les choix stratégiques du Département en matière de politique sociale sont contestés dans le milieu associatifs. Et ce dans un climat particulièrement tendu sur fond de crise et de tendance générale aux restrictions budgétaires.
FM