REPORTAGE – Dans le cadre de la Semaine européenne de la réduction des déchets qui s’est déroulée du 18 au 27 novembre, Grenoble-Alpes Métropole et l’association Trièves Compostage et Environnement ont organisé trois ateliers de découverte du lombricompostage. L’objectif ? Initier les habitants de la Métropole à cette technique et leur donner des bases pour démarrer leurs propres projets. Découvrez avec eux les b.a.-ba du lombricompostage.
« Je ne veux absolument pas l’avoir chez moi », avoue une institutrice en jetant un regard méfiant sur un lombricomposteur. Pour elle, lorsqu’on a un lombricomposteur chez soi, « ça grouille la pourriture à côté ». Elle envisage pourtant d’installer un lombricomposteur dans son école pour familiariser ses élèves avec ce processus qui permet d’éviter le gaspillage alimentaire et de réduire les déchets.
Ce soir du 24 novembre, l’animatrice d’atelier Mathilde Pierre Dit Mery va apprendre le b.a.-ba du lombricompostage à une quinzaine d’habitants de la Métropole : le démarrage et les astuces pour une gestion quotidienne du processus de décomposition.
Une solution citoyenne et écologique pour réduire les déchets
L’atelier de découverte du lombricompostage est l’un des évènements organisés par Grenoble-Alpes Métropole et ses partenaires dans le cadre de la Semaine européenne de la réduction des déchets. « La question est très actuelle pour la métropole grenobloise qui produit 8 kg de déchets à la seconde », explique François Laboissière, messagère du tri de la direction de la collecte et du traitement des déchets de Grenoble-Alpes Métropole.
Alors qu’un tiers de déchets organiques se retrouve dans les poubelles des déchets ménagers, une solution alternative existe : le lombricompostage.
La métropole a fait le choix de favoriser cette démarche écologique et citoyenne en offrant à ses habitants une assistance : des formations d’initiation au lombricompostage animées par l’association Trièves compostage et environnement et « le prix métro » pour des lombricomposteurs.
En effet, la métropole prend en charge environ deux tiers du prix de lombricomposteur pour ceux qui ont assisté aux ateliers d’initiation. Ainsi, les habitants de la métropole peuvent-ils acquérir un lombricomposteur pour une trentaine d’euros. La raison de cette “sélection” ? Éviter les gaspillage et s’assurer que les personnes sont motivées et ont les compétences nécessaires pour démarrer et réussir leur projet de lombricompostage.
Ces ateliers se tiennent en moyenne deux fois par mois et rencontrent un grand succès, depuis leur démarrage il y a deux ans : alors qu’une quinzaine de personnes y participe à la fois, la liste d’attente pour bénéficier de cette formation de deux heures compte à ce jour 70 personnes.
Lombricompostage : craintes et idées reçues
Le soir de 24 novembre, seize personnes se sont rassemblées pour apprendre les bases du lombricompostage. Une partie d’entre elles a déjà quelques expériences dans le domaine. Comme Jean-Louis et sa femme, qui font du lombricompostage depuis un an dans leur jardin.
En plus de la réduction de déchets, une agréable surprise les a convaincus de continuer la pratique : alors qu’ils ont mis du compost de leur lombricomposteur sur une partie de leur potager, les salades ont doublé de volume ! Mais, hélas, partis plus d’un mois en vacances, ils ont retrouvé les vers de leur lombricomposteur morts à leur retour.
Est-il possible de l’éviter à l’avenir ? Que faire des lombrics lorsqu’on part en vacances ? Les questions sont nombreuses ce soir, ainsi que les craintes. « J’ai entendu tout et n’importe quoi sur les odeurs », lance un trentenaire, prêt à répartir avec un lombricomposteur malgré ces questionnements.
Pour les rassurer, l’animatrice de l’atelier Mathilde Pierre Dit Mery commence la soirée par un jeu : les participants d’atelier doivent répondre « vrai » ou « faux » sur les idées reçues sur lombricompostage. L’objectif ? Comprendre les bases de ce processus à la fois ludique et engageant à la portée de tout le monde.
Mathilde Pierre Dit Mery fait du lombricompostage depuis sept ans, dont quatre de manière professionnelle, en animant les ateliers au sein de l’association Trièves compostage et environnement. Sourire aux lèvres, elle répond aux craintes du public, faisant ainsi disparaître les hésitations : ni installation en route, ni lombricompost récupéré n’ont d’odeurs, si l’on respecte les règles de base.
Comment fonctionne l’écosystème d’un lombricomposteur ?
L’avantage du lombricompostage ? Le système est facile à installer chez soi, même dans le petit espace d’un appartement de ville. L’important sera de maintenir la température nécessaire pour l’écosystème de son lombricomposteur – entre 5 °C et 25 °C – et un certain taux d’humidité, afin d’éviter un climat trop sec ou trop humide.
Par ailleurs, la capacité de maintenir ces conditions est une clé de réussite du lombricompostage mais aussi une garantie d’esprit tranquille lorsque l’on part en vacances pendant plusieurs semaines en laissant son installation à la maison.
Peut-on introduire tous les types de vers de terre dans un lombricomposteur ? « Pour le lombricomposteur, on va utiliser les vers de fumier, ce sont des vers décomposeurs, explique Mathilde. Les vers qu’on trouve dans les jardins sont des vers laboureurs qui vont plutôt intégrer le compost à la terre. Leur régime alimentaire n’est donc pas du tout la matière en décomposition. »
La démarche citoyenne du lombricompostage intervient dès le début : les premiers 250 grammes de vers nécessaires pour le démarrage sont faciles à acquérir… via un réseaux de personnes pratiquantes le lombricompostage. La carte de donneurs de vers de l’Isère est mise en place par le Département, en partenariat avec l’association Brin d’Grelinette.
« Les vers mangent les mêmes produits jusqu’à 7 fois, ce qui fait murir le lombricompost et le rend consommable par des plantes », explique Mathilde en ajoutant qu’on récupère le lombricompost une fois par an et du lombrithé – matière liquide de lombricompost très appréciée des plantes – une fois par semaine.
Cependant, avant de se lancer dans le lombricompostage, il faut se poser quelques questions. Selon Mathilde, « il faut pouvoir accepter d’avoir les vers chez soi, même si c’est dans une boîte. Et la deuxième question est : « Est-ce que je vais m’en occuper ? » Car c’est comme un animal de compagnie : il ne faut pas l’oublier dans un coin. »
Yuliya Ruzhechka
LOMBRICOMPOSTAGE MODE D’EMPLOI
La population de vers s’adapte à la production de déchets et peut doubler en deux mois. Cependant, au démarrage d’un lombricomposteur, il faut « habituer » les vers à cette activité : pendant les trois premières semaines, on fait seulement un apport (de 200 grammes de déchets environ) par semaine. Puis pendant les trois semaines suivantes, deux apports et ainsi de suite. Ce nombre croît progressivement, afin d’arriver au sixième mois à une population de vers habituée et prête à décomposer les déchets de manière régulière.
Bien que les vers puissent décomposer les sachets de thé, le marc de café et les restes alimentaires, quelques aliments sont à proscrire : l’oignon, l’ail, les poireaux, l’échalote et les agrumes. Pour 60 – 70 % de déchets alimentaires, il faudra en outre ajouter 30 – 40 % de matière sèche : papier ou carton découpés en petits morceaux. En effet, découper les aliments et la matière sèche est nécessaire pour réussir son lombricompostage.
Prochain atelier d’initiation
Le prochain atelier d’initiation au lombricompostage aura lieu à la Maison des habitants du Bois d’Artas à Grenoble, le 13 décembre 2016. Les inscriptions sont obligatoires auprès de Trièves compostage et environnement : 04 76 34 74 85. trieves-compostage@hotmail.com