FOCUS - Treizième et dernier projet retenu dans le cadre du budget participatif, l'amélioration de l'accessibilité de la rue Gabriel-Péri relève autant de l'ultra-local que de l'exemplaire. Et pose en filigrane la question de comment des citoyens peuvent s'emparer de la question urbaine. Quitte à se substituer aux missions de la municipalité ?
« L'idée d'avoir une ville plus accessible au plus grand nombre, c'est finalement quelque chose qui parle à pas mal de gens. » Delphine Débarre le constate, avec surprise, tant elle ne s'attendait pas à ce que son projet porté à l'attention des votants citoyens soit retenu dans le cadre du budget participatif.
L'initiative, elle le reconnaît elle-même, est en effet ultra-locale : améliorer l'accessibilité de la rue Gabriel-Péri, près du quartier Saint-Bruno. Et plus précisément encore : le tronçon de la rue qui fait la jonction entre le cours Berriat et le marché de l'Estacade.
Une rue mal adaptée
Une préoccupation de riveraine ? Delphine Débarre n'habite pourtant pas la rue, pas plus probablement que la majorité des 1 185 personnes ayant voté pour son projet. « C'est une rue que beaucoup de gens empruntent souvent, en tout cas les jours de marché, et qui n'est vraiment pas aménagée pour les piétons », constate-t-elle simplement.
Quiconque réside rue Gabriel-Péri ne pourra qu'aller dans son sens : dotée de trottoirs étroits, la rue est fréquemment obstruée par les poubelles des immeubles ou autres encombrants qui contraignent le piéton à marcher sur la route. Une situation d'autant plus pénible pour les personnes à mobilité réduite, âgées ou en situation de handicap.
« Les franchissements de trottoirs sont vraiment compliqués. Passer du trottoir à la route pour revenir est à certains endroits très difficiles, et même passer les passages cloutés est difficile », note ainsi Delphine Débarre. Mis en cause également, le manque d'arceaux à vélo amène bien parfois les cyclistes à se garer n'importe où.
Dès lors, ce sont bel et bien des emplacements réservés aux voitures qui devront être “sacrifiés” au profit d'aménagements de trottoirs mieux adaptés. Delphine table ainsi sur la suppression de cinq à sept places de parking. « L'idée ce n'est pas d'être clivant entre les différents modes de circulation, mais de trouver un compromis. Tout le monde peut avoir besoin d'une voiture, on ne va pas tout supprimer en disant que c'est mal, mais sur des petites rues comme celles-ci, le déséquilibre est trop grand. »
Le vilain petit canard ?
Les commerces ne devraient, a priori, pas trop souffrir de ces nouveaux aménagements : ils sont quasiment inexistants sur ce tronçon de rue, bien moins vivante de ce point de vue que son tronçon reliant l'avenue Alsace-Lorraine au cours Berriat. Delphine note d'ailleurs que les commerçants du cours Jean-Jaurès, parallèle à la rue Gabriel-Péri, ont accueilli le projet de manière très favorable.
Alors, Gabriel-Péri, vilain petit canard oublié du centre-ville ? « Cela ne faisait pas du tout partie des rues identifiées par la mairie ou la Métro nécessitant un travail, fait remarquer Delphine Débarre, et c'est aussi pour cela que nous avons déposé ce projet : nous nous sommes dit que même si ça ne passait pas, cela alerterait sur la nécessité de faire quelque chose. »
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