FOCUS – L’écho du scrutin américain résonne jusqu’à l’Isère. L’élection du Républicain Donald Trump, ce mercredi 9 novembre, secoue les politiques français en amont des présidentielles de 2017. Signe d’espoir pour les uns, « accident de l’histoire » pour les autres. Comment les politiques isérois réagissent-ils aux résultats des votes américains ? Réactions spontanées des « pro » et des « anti » Trump en Isère.
« Elle [la victoire de Donald Trump, ndlr] n’est une surprise que pour celles et ceux qui, malgré les alarmes, se laissent convaincre par les sondages à courte vue et le refus de regarder les fractures et le délitement intérieur de nos sociétés. Si l’aveuglement perdure, demain chaque pays, chaque ville, chaque village, aura son Donald Trump. »
Dans son communiqué daté du 10 novembre, Eric Piolle, le maire de Grenoble, exprime ainsi son émotion face à la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.
Pour Eric Piolle, ce résultat électoral est un « choix incompréhensible ». Visiblement surpris par l’issue du scrutin américain, le maire écologiste propose dans son communiqué « de relever deux urgences » :
« La première est une urgence de lucidité : combien de Trump faudra-t-il pour, enfin, écouter les signaux faibles émis par cette partie (potentiellement majoritaire) de la population ? » La deuxième « urgence » relève, pour Eric Piolle, de l’action publique : « À l’heure où, partout sur le territoire, les grandes villes s’organisent en un vaste club de métropoles connectées les unes aux autres, il faut éviter que celles-ci ne deviennent des nouvelles citadelles. […] Pour vivre et se développer sans craindre d’être assiégées, les métropoles doivent accompagner, libérer les initiatives et les solidarités locales, et non aspirer les richesses des territoires avant de leur recracher leurs déchets. »
Donald Trump nous lance un défi : face aux fractures, avons-nous encore quelque chose de grand à faire ensemble ? Oui. https://t.co/oNo0QinJmP
— Eric Piolle (@EricPiolle) November 11, 2016
Pour Eric Piolle, la victoire de Trump relève de la même logique que l’arrivée au second tour du Front national, en avril 2002, ou, plus récemment de la survenue du Brexit. Avec toujours en cause les votes « périphériques » : « à chaque fois l’expression politique des personnes qui se vivent éloignées et abandonnées des centres des grandes villes, en dehors des métropoles et des circuits de la mondialisation, est vécue comme une surprise, un choc, un accident de l’histoire. »
Quel est donc, selon Eric Piolle, ce défi lancé par Donald Trump et en quoi concerne-t-il la France ? Il semblerait que la surprise du vote populaire aux États-Unis incite à « ré-apprendre à connaître notre société, à connaître ce que nous sommes en train de devenir », en gardant en tête que « la France a un problème avec les Français, dans leur diversité. Il faut ré- apprendre à connaître notre société, à connaître ce que nous sommes en train de devenir ».
Michel Destot : « Contre les tentations populistes, il nous faut répondre à ces colères »
Si les personnalités iséroises sont divisées selon les lignes directrices de leurs partis, elle rebondissent pour la plupart sur les présidentielles françaises de 2017.
L’inquiétude règne dans le camp des opposants français à Donald Trump. Pour Yann Mongaburu, président écologiste de SMTC et conseiller municipal délégué Intercommunalité, l’élection de Trump est « le début d’une tragédie tellement prévisible ».
#Trump. Le début d’une tragédie tellement prévisible. Que les « responsables » arrêtent de faire l’autruche et de jouer avec le clair obscur.
— Yann Mongaburu (@YMongaburu) November 9, 2016
Michel Destot, ancien maire de Grenoble et député de la 3e circonscription de l’Isère, exprime de son côté sa « grande inquiétude […] suite à l’élection de D. Trump ».
Il qualifie certaines propositions de Donald Trump (comme la construction du mur à la frontière avec la Mexique) de « lourdes de menaces » : « Les déclarations de ce nouveau président entachées de dérapages insensés à propos des femmes, des minorités ou des plus faibles ne peuvent nous laisser insensibles. »
Pour l’ancien maire de Grenoble – qui partage le même avis que son successeur –, l’élection de Trump résonne avec le Brexit et « marque une étape supplémentaire dans l’avancée des populismes, des nationalismes et des replis identitaires ».
Selon Michel Destot, « plus que jamais, il nous faut prendre conscience des inquiétudes manifestées à ces occasions : celles de l’échec des politiques mises en œuvre au plan national comme international dans la mondialisation, celles de la montée insupportable des inégalités. Avant qu’il ne soit trop tard, et que l’exemple américain ne conduise à libérer un peu plus encore dans notre propre pays les tentations populistes, il nous faut répondre à ces colères, en comprenant les attentes qu’elles traduisent. »
Fabien Malbet : « Ce n’est pas en appelant à voter contre qu’on mobilise les électeurs »
Quelles sont donc les leçons que les politiques français tirent du scrutin américain ?
Fabien Malbet, l’adjoint à l’école et au patrimoine scolaire à Grenoble, tacle à demi-mots le Parti socialiste en faisant une analogie avec l’absence de vision et de valeurs de Hillary Clinton qui lui a probablement coûté le poste de présidente des États-Unis.
.@jccambadelis Ce n’est pas en appelant à voter CONTRE qu’on mobilise les électeurs. Sans vision ni valeurs, Clinton a échoué à mobiliser.
— Fabien Malbet (@FabienMalbet) November 9, 2016
Le conseiller régional d’opposition Stéphane Gemmani joue, lui, la carte de l’humour avec un dessin acide, sur le thème « Vous n’avez peut-être pas encore tout vu… »
Processus en cours… ? #Election2016 #ElectionNight #MajoritéSilencieuse pic.twitter.com/5RRKd2yhN5
— Stéphane Gemmani ॐ (@stephanegemmani) 9 novembre 2016
Humour toujours pour Enzo Lesourt, conseiller spécial du maire de Grenoble, qui en profite pour promouvoir sur son compte Facebook la plateforme migrants de la Ville de Grenoble.
Mireille d’Ornano : « Face au système, le peuple relève la tête ! »
Cause de grande déception et sonnette d’alarme pour les uns, l’élection de Donald Trump aux États-Unis en réjouit d’autres. Parmi eux, Mireille d’Ornano, conseillère municipale FN de Grenoble et députée française au Parlement européen, pour qui la victoire de Donald Trump montre « le peuple qui relève la tête ».
Face au système, le peuple relève la tête ! #DonaldTrump
— Mireille d’Ornano (@MireilledOrnano) November 9, 2016
Alain Breuil, le second conseiller municipal FN de Grenoble, va plus loin et cite Charles Maurras, journaliste-écrivain royaliste et antisémite notoire, condamné en 1945 pour intelligence avec l’ennemi suite à son soutien au régime de Vichy.
» Tout désespoir en politique est une sottise absolue » – Charles Maurras
Les patriotes défaitistes n’ont plus d’excuses ! #Trump#FN— Alain Breuil (@AlainBreuilFN) November 9, 2016
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne Rhône-Alpes, après avoir félicité Donald Trump et le parti Républicain, fait remarquer que « lorsque le peuple se sent ignoré et méprisé, il trouve un moyen de se faire entendre ». Pour lui, « ce vote est notamment la conséquence d’une révolte des classes moyennes contre une élite dirigeante qui veut imposer ce qu’elles doivent penser ». Et d’ajouter qu’en France des mécontentements face à la politique actuelle ne sont pas moindres.
Dans notre pays également, une majorité silencieuse grandissante se sent toujours plus éloignée des orientations données à notre pays… 1/2
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) November 9, 2016
…Il y a urgence à redonner un cap à la France. 2/2 #USElection2016
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) November 9, 2016
Enfin, la victoire de Trump semble redonner de l’espoir à Vincent Barbier, conseiller municipal Les Républicains à Grenoble, qui accorde visiblement peu de crédit aux sondages donnant Alain Juppé vainqueur de la primaire de la droite…
#Trump La seule bonne nouvelle : les sondages sont à la masse complet, donc ils se trompent aussi pour la primaire de la droite !
— Vincent BARBIER (@vincentbarbier_) November 9, 2016
Yuliya Ruzhechka
Regain d’intérêt pour les listes électorales à Grenoble après les élections américaines…
La Ville de Grenoble constate, depuis le matin du 9 novembre, « une forte hausse de visites sur les pages du site, en lien avec l’inscription sur les listes électorales ».
Et d’ajouter : « Voyons du positif dans cet élan citoyen et n’oubliez pas, c’est jusqu’au 31 décembre dernier délai. »La plateforme téléphonique de la ville est également très sollicitée à ce propos… Hasard ou coïncidence ? 🙂 #onditçaonditrien
— Ville de Grenoble (@VilledeGrenoble) November 9, 2016