FOCUS – Entre théâtre classique et humour, jazz et mélodies d’ailleurs, cabaret et spectacles jeune public, La Faïencerie offre chaque année une programmation riche et éclectique. Depuis 2002, cette petite salle de La Tronche occupe une place toujours plus grande dans le paysage culturel de l’agglomération. Son credo ? Favoriser la proximité et la convivialité entre artistes et public. Un principe auquel elle ne déroge pas pour la saison 2016/2017.
Théâtre classique ou décalé, soirées cabaret, concerts jazz ou spectacles pour enfants… La saison 2016/2017 de La Faïencerie ne dérogera pas au principe du mélange des genres qui guide les programmations dans le domaine du spectacle vivant. Avec un certain succès : depuis sa rénovation en 2002, la Faïencerie, financée par la municipalité de La Tronche, a en effet acquis une place reconnue dans le panorama culturel de l’agglomération.
Cette saison – la dernière conçue et présentée par Élisabeth Mathieu – débute mardi 8 novembre avec la lecture du récit d’Édouard Louis En finir avec Eddy Bellegueule (cf. encadré), pour se clore le 20 mai avec Tout c’qui tombe, une pièce de théâtre pour jeune public (cf. encadré).
Quand la contrainte devient atout
Côté théâtre, de grands metteurs en scène français et internationaux seront à l’affiche dont Jean-Vincent Brisa et son Tartuffe, l’Italien Fabio Marra qui présentera Ensemble, ou encore le Québécois Christian Bordeleau avec À toi pour toujours, ta Marie-Lou.
Côté musique, ce sera jazz avec Vincent Peirani Quintet, ou jazz et beatbox avec le trio Asa, dirigé par Alfio Origlio… Côté cabaret, le cœur balancera entre humour, avec Les Tartignolles, amour avec le “Duo d’imbéciles heureux”, ou encore poésie avec les Sonneurs de sonnets, qui fera revivre les sonnets de Shakespeare.
« Avec notre scène aux dimensions restreintes et une salle à l’esprit cosy, les artistes et les spectateurs se retrouvent très proches les uns des autres pour partager une même passion : le théâtre. » C’est ainsi qu’Élisabeth Mathieu, directrice de La Faïencerie, décrit cette petite salle de spectacles (240 places) au caractère intimiste et à l’ambiance chaleureuse. Et de préciser : « La Faïencerie ne peut accueillir que des petites formes de théâtre, dont des spectacles très originaux qui doivent s’adapter à la configuration toute particulière de la scène. Ce qui pourrait sembler une contrainte devient au contraire un atout. »
Des programmations aux « coups de cœur »
Entre comédies et tragédies, productions contemporaines et chefs d’œuvre du passé, mélodies européennes ou d’ailleurs, la programmation peut sembler hétéroclite, mais elle n’est jamais incohérente, se défend Élisabeth Mathieu : « Quand on me demande si mes saisons suivent un fil conducteur, je réponds qu’il n’y en a pas au départ. » Elle avoue faire ses programmations sur des coups de cœur, à l’instinct, car elle sait d’emblée si un spectacle est fait pour La Faïencerie. « C’est seulement une fois mon travail achevé que, finalement, j’en découvre le fil rouge. Mais il n’est jamais établi d’avance. »
Exemples ? Cette thématique des difficultés familiales et sociétales que l’on retrouve dans En finir avec Eddy Bellegueule, Ensemble et À toi pour toujours, ta Marie-Lou. Ou encore les références à Shakespeare et Molière, dont les œuvres visionnaires évoquent des sujets toujours d’actualité. Notamment, comme le précise le metteur en scène Jean-Vincent Brisa : « Tartuffe de Molière aborde la thématique de l’intégrisme religieux, que j’ai revisité à l’image du terrorisme moderne. »
Giovanna Crippa
“En finir avec Eddy Bellegueule” à l’affiche ce mardi 8 novembre
Après le succès de l’Intranquille, la saison dernière, Benoît Olivier ouvre la saison de la Faïencerie avec En finir avec Eddy Bellegueule, le premier roman d’Édouard Louis que le comédien a choisi de lire sur scène. Il s’agit là du troisième volet du cycle de lecture Ma parole est donnée pour ce “Passeur vocal”, comme aime se définir Benoît Olivier.
Salué par la critique, traduit en vingt langues et honoré du prix Pierre Guénin contre l’homophobie et pour l’égalité des droits, l’ouvrage raconte la jeunesse de son auteur, attiré par les garçons dans un milieu social où les homosexuels sont rejetés. Aux violences et autres humiliations, le jeune Eddy préférera la fuite, condition de son épanouissement. Un de ces destins singuliers chers à Benoît Olivier.
« En vérité, l’insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n’a été que seconde. Car avant de m’insurger contre le monde de mon enfance, c’est le monde de mon enfance qui s’est insurgé contre moi. Je n’ai pas eu d’autres choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre », explique Édouard Louis.
Pour cette lecture, Benoît Olivier a fait des choix de coupes dans le texte original avec l’accord d’Édouard Louis, qui ont notamment porté sur les aspects sociétaux et les descriptions de la vie familiale. L’interprète peut ainsi se focaliser sur l’histoire d’Eddy, garçon rejeté pour sa différence, mais aussi sur celle de son parcours vers l’émancipation.
Infos pratiques
En finir avec Eddy Bellegueule
Mardi 8 novembre 2016 à 19 h 30
Durée : 1 h 30
La Faïencerie, 74 Grande Rue, 38 700 La Tronche
Tarif unique : 8 euros
Réservations : www.la-faiencerie.fr
Tél. : 04 76 63 77 49
Des séances spéciales pour les scolaires
Autre particularité de cette nouvelle saison : un grand nombre de spectacles destinés aux scolaires de maternelle et de primaire des écoles de La Tronche. Une spécificité dont s’enorgueillit la directrice de La Faïencerie : « À l’exception de l’Espace 600, les grandes salles de l’agglomération n’accordent pas autant d’importance à l’organisation de séances pour les scolaires. » En outre, depuis deux ans, la programmation privilégie les spectacles qui peuvent rassembler toute la famille.