EN BREF – L’association Solexine, installée dans la pépinière Cemoi du quartier Bouchayer-Viallet, entre dans une zone de turbulences. La structure qui prône l’accès de la pratique culturelle pour tous, à prix symbolique, se voit dans l’obligation de distinguer ses publics. Sinon ? Le Conseil départemental de l’Isère ne lui accordera plus sa subvention. La goutte d’eau qui fait déborder le vase après plusieurs baisses de subventions…
L’association Solexine a mis un coup d’arrêt à son activité depuis septembre. Un arrêt provisoire ? Difficile de répondre… Toujours est-il que l’association – dont la vocation est d’aider toute personne sans distinction, à reprendre confiance en elle, grâce à des ateliers de pratiques artistiques à prix modique – ne peut plus payer ses intervenants. Motif de l’interruption des programmes ? De sérieuses coupes dans les subventions accordées pour 2016.
L’association Solexine organise la cérémonie des Solex d’Or depuis trois ans. Qu’en sera-t-il en 2017 ?
Mais le problème n’est pas que financier… Le Conseil départemental de l’Isère demande à Solexine de modifier son mode de fonctionnement. Le Département souhaiterait que, désormais, l’association privilégie les publics prescrits par un travailleur social. C’est à cette condition qu’il maintiendra sa subvention… qui passera quoi qu’il en soit, de 40 000 à 30 000 euros en 2016.
En outre, les personnes “prescrites” et “envoyées” à Solexine devront s’engager pour une durée précise. Autre changement : un bilan sera effectué à l’issue de leur passage par l’association. « Pour l’heure, nous avons un peu de mal à mesurer les impacts de cette décision », reconnaît Pierre Roy, l’un des deux salariés de Solexine. Mais celui-ci y voit néanmoins un coup porté à l’essence même de l’association, attachée aux principes de libre-circulation des personnes et d’adhésion sans discrimination sociale.
« Ce que nous proposons n’a pas d’équivalent en Isère »
« Tous les jours, des adhérents viennent nous voir… Certains sont désespérés. Ils ont besoin de cette respiration pour reprendre pied, pour se reconstruire. Ce que nous proposons n’a pas d’équivalent en Isère », affirme Pierre Roy.
Depuis bientôt vingt ans, Solexine propose des ateliers artistiques, à prix modiques (1,50 euro), accessibles à tous. Une centaine d’adhérents, de tous âges, fréquentent chaque année la structure installée à Cémoi.
Les profils des personnes sont variés : retraités, étudiants, travailleurs à temps partiel, précaires, personnes souffrant de maladies psychiques… Cette mixité profite à tous. « Nous ne demandons ni les revenus des gens qui viennent vers nous, ni leur statut social ».
« Changer notre projet ou arrêter »
Le Conseil départemental de l’Isère, pour des raisons d’efficacité budgétaire, ne veut plus subventionner Solexine, les yeux fermés. Et veut savoir précisément où part son argent, et s’il est profitable aux bénéficiaires. D’où les nouvelles règles imposées à l’association.
Fini donc « cette liberté d’aller et venir, de cesser puis de reprendre les ateliers, à son rythme, selon son activité, etc., chère à Pierre Roy. Cette décision nous conduit à devoir changer notre projet, ou à arrêter Solexine. » Décision qui ne peut être prise à la légère. Aussi, avant de se prononcer, le conseil d’administration va s’atteler à consulter largement son réseau de partenaires.
Séverine Cattiaux
Baisses de subventions mais locaux à disposition
Depuis septembre, l’association Solexine a préféré cesser son activité plutôt que de ne plus être en mesure de rémunérer sa dizaine d’intervenants et d’artistes. Si le coup de grâce a été porté par le conseil départemental de l’Isère, la Région Auvergne-Rhône Alpes et la Métro avaient déjà décidé de baisser leurs subventions. Déjà en 2015, la Région avait réduit son aide de 45 %. Quant à la Métropole grenobloise, elle a réduit sa subvention de 50 % en trois ans.
Néanmoins, la Métro – qui a récupéré la compétence Économie de la Ville de Grenoble et par conséquent la gestion du bâtiment Cémoi – a décidé de maintenir la gratuité des locaux pour Solexine. La Ville de Grenoble et le CCAS accordent, par ailleurs, une subvention à Solexine.