FOCUS – Grenoble-Alpes Métropole et Gaz réseau distribution France (GRDF), organisaient une rencontre de sensibilisation et d’échanges sur le gaz naturel pour véhicules (GNV), ce mercredi 5 octobre à Alpexpo. L’objectif ? Faire le point sur le développement de ce carburant alternatif alors même qu’une station d’avitaillement au GNV à destination des poids lourds est en projet sur le territoire métropolitain. L’occasion pour la Métropole et le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de faire part de leurs retours d’expérience et de leurs projets.
Présentation de la filière gaz naturel pour véhicules (GNV) par Pierre Larrive, chef de projet GNV à ERDF. © Joël Kermabon – Place Gre’net
C’était un peu la grande messe du gaz naturel pour véhicules (GNV), ce mercredi 5 octobre à Alpexpo, où était organisée une demi-journée thématique sur ce carburant alternatif, à l’initiative de Grenoble-Alpes Métropole et de Gaz réseau distribution France (GRDF).
Parmi les partenaires présents : le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC), la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) et Transport et logistique de France (TLF). Mais aussi des constructeurs qui ont présenté leurs offres de véhicules GNV et leurs avantages. L’occasion pour le SMTC et la Métropole qui ont expérimenté ou utilisent déjà ce carburant non polluant, de faire part de leur retours d’expériences… et de leurs projets.
Les GNV, une panacée en matière de transports non polluants ?
« L’objectif de GRDF et de Grenoble-Alpes Métropole avec cet événement était de faire un pas supplémentaire dans la dynamique qui est en œuvre actuellement sur le GNV. Un carburant alternatif plus propre qui va permettre des solutions de transport et de logistiques non polluantes sur le bassin grenoblois », expose Marion Carroz, la directrice territoriale de GRDF en Isère. « GRDF est, au titre d’une délégation de service public, le distributeur de gaz naturel sur toutes les communes de la Métropole, sauf Grenoble. Nous travaillons de concert avec les services métropolitains sur plusieurs actions qui ont pour but la transition énergétique. Le développement d’un carburant alternatif propre est l’une de ces actions », complète la directrice.
Le GNV serait-il une panacée en matière de transports non polluants ? Marion Carroz en est persuadée. « En terme de gaz à effet de serre, les GNV c’est jusqu’à 80 % de CO2 en moins si on utilise du biogaz et beaucoup moins de rejets de particules fines, celles que nous respirons tous les jours dans l’agglomération. Enfin, cerise sur le gâteau, c’est moins de bruits puisque les véhicules roulant au gaz naturel vont faire deux fois moins de bruit que ceux qui roulent au diésel », affirme-t-elle. Avec un coût – grosso modo – inférieur de 30 % à celui du gazole, ce sont des avantages certains à l’heure où beaucoup d’agglomérations prennent des arrêtés restreignant la circulation.
À ces indéniables atouts se rajoute, très appréciable en milieu urbain, l’absence d’odeurs et de fumées. Restent deux écueils cependant, les véhicules fonctionnant aux GNV coûtent plus chers à l’acquisition et ont des coûts de maintenance un peu plus élevés que ceux d’une motorisation diésel.
Un enjeu de taille : les stations d’avitaillement
Ceci étant, et c’est l’un des enjeux de la rencontre, les stations de recharge ne sont pas encore très nombreuses et elles coûtent cher – entre 1 et 1,2 million d’euros. Les investisseurs doivent pouvoir compter sur un minimum de consommation au départ, de l’ordre de 15 à 20 camions garantis dès la première année. Selon Pierre Larrive, chef de projet GNV à ERDF, c’est l’un des challenges que doit relever la Métropole dans son projet de transition énergétique en osmose avec d’autres acteurs de l’économie grenobloise, notamment les transporteurs.
L’équipe du service collecte et tri des déchets de la Métropole pose avec Marion Carroz devant une benne de ramassage fonctionnant au GNV. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« À Grenoble, il y a une volonté de plusieurs acteurs publics et économiques de construire une station, notamment pour l’avitaillement des bennes à ordures. C’est un premier pas qui devra être accompagné par des véhicules, notamment des véhicules de transport de marchandise », explique l’expert.
De fait, le projet de construire une station sur le territoire de La Tronche, pas très loin du site d’Athanor, le centre de tri des déchets, est désormais dans les cartons de la Métropole. Une implantation idéale pour les bennes de ramassage dont compte s’équiper le service de collecte et de tri des déchets de la Métropole et pour lesquelles Athanor sera un passage obligé.
Georges Oudjaoudi, vice-président chargé des déchets à Grenoble-Alpes Métropole, revient sur cette décision d’acquisition de bennes roulant au GNV. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au départ ce n’était pas vraiment gagné !
Les constructeurs doivent jouer le jeu
Autre acteur d’importance sur la métropole grenobloise, le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC), a pour sa part fait état d’un retour d’expérience s’appuyant sur une vingtaine d’année d’exploitation de bus fonctionnant au gaz naturel. L’occasion pour Yann Mongaburu, son président, d’annoncer l’acquisition de 54 bus supplémentaires fonctionnant au GNV. Une mesure d’importance participant de la stratégie de sortie des bus au diésel d’ici 2020. Avant le pas suivant, l’utilisation des biogaz.
Pour autant, les constructeurs doivent jouer le jeu. La France ayant maintenu pendant des années un avantage au diésel, il faut renverser la vapeur.
C’est du moins l’avis de Yann Mongaburu par ailleurs vice-président du groupe de travail national sur la transition énergétique.
« Nous travaillons de concert avec le groupement des autorités de transport pour bousculer un petit peu les constructeurs, de manière à pouvoir accélérer la transition énergétique des motorisations, que ce soit sur les bus, les poids lourds, les véhicules utilitaires légers ou encore les véhicules de particuliers », explique le président du SMTC.
Pour ce dernier, il faut encore franchir un pas. « Nous avons acquis une maturité industrielle, il faut désormais passer à la commercialisation de ces nouveaux véhicules qui permettra d’améliorer la responsabilité environnementale des véhicules dont nous avons besoin », conclut Yann Mongaburu.
Joël Kermabon