DÉCRYPTAGE – Avec des blessures en cascade, une défense perméable, trop d’indiscipline, une conquête encore à stabiliser et des débuts de deuxième période manqués, le FC Grenoble rugby est en grande difficulté en Top 14, dernier après sept journées. Lors de la réception de Bayonne samedi 8 octobre (18 h 30), le FCG n’a pas d’autre solution que de l’emporter, sous peine d’hypothéquer encore plus ses chances de maintien dans l’élite du rugby français.
Grenoble joue une partie de son avenir en Top 14 samedi 8 octobre face à Bayonne. Pour le FCG, lanterne rouge au classement avec six points, il faut absolument s’imposer face à l’Aviron bayonnais, relégable aussi et qui en compte huit. « On n’a absolument pas le droit à l’erreur », confirme Bernard Jackman, le manager de Grenoble. « Il faut faire un match énorme pour sortir de cette pression. C’est vraiment un match charnière. On en est conscient. On va tout faire pour mettre en place notre meilleur jeu. »
Comment expliquer que Grenoble, défait six fois lors de ses sept premiers matches, se trouve aujourd’hui sous la menace d’une relégation en fin de saison ? Voici des éléments de réponse.
Les absences sur blessure de joueurs majeurs
Grenoble a compté jusqu’à 19 blessés dans son effectif avant son déplacement à Castres le 18 septembre (46−9). Cette semaine encore, une quinzaine d’éléments sont forfait sur blessure pour le match crucial contre Bayonne. Parmi lesquels des joueurs cadres : Arnaud Héguy au talonnage, Hendrik Roodt en deuxième ligne, Rory Grice en troisième ligne centre. Ils manquent cruellement au pack du FCG. C’est vrai aussi du demi de mêlée Charl McLeod et de l’arrière virevoltant Gio Aplon.
La malchance s’abat sur le club isérois. De retour il y a deux semaines d’une blessure aux ischio-jambiers, le troisième ligne Mahamadou Diaby, aux portes de l’équipe de France cet été, a été touché au pectoral gauche mardi 4 octobre à l’entraînement. « On n’a pas beaucoup de chance et on a un groupe assez âgé ; le risque de blessure est plus important », explique Bernard Jackman. « Si tu ne fais rien, tu ne vas jamais te blesser, mais tu vas être nul aussi. On a essayé d’améliorer la capacité physique du groupe pour être capable de finir fort la saison. Actuellement, on a beaucoup de blessés mais ils vont revenir. La majorité jouera 18 matches cette saison. Ils vont être frais. Ça va nous aider en fin de saison. »
L’Irlandais espère que le FCG franchira l’obstacle bayonnais avec succès pour profiter ensuite des deux semaines européennes pour commencer à récupérer des forces vives.
De gros soucis en défense
Grenoble encaisse trop de points. Ce n’est pas quelque chose de nouveau mais les solutions tardent à être trouvées. En 26 matches de championnat la saison dernière, le FCG a terminé 12e défense sur 14, concédant 779 points. Lors des sept premières journées de cette édition 2016 – 2017 du Top 14, il en est déjà à 228 points encaissés, soit plus de 32 de moyenne par rencontre. Grenoble est lanterne rouge écarlate dans cette catégorie statistique.
Avant le déplacement à Toulouse (31−3) le 1er octobre, les Isérois ont entrepris un gros travail dans ce secteur qui s’est poursuivi cette semaine. Si quelques signaux positifs ont été enregistrés dans la Ville rose, avec aucun point toulousain inscrit dans les trente dernières minutes, ils demandent à être amplifiés contre Bayonne.
Trop de cartons concédés
Grenoble se retrouve régulièrement en infériorité numérique. En sept matches, le FCG a déjà reçu huit cartons jaunes plus deux rouges. À ce classement, il est avant-dernier. Si face à Brive (36−23), il a su se montrer courageux et solidaire pour l’emporter malgré les expulsions d’Alisona Taumalolo et de Nigel Hunt, autres fois. La discipline est à surveiller de près côté grenoblois. Déjà en grande difficulté, le FCG n’a vraiment pas besoin de se mettre de bâtons dans les roues en ce moment.
Une conquête inconstante
Si face à La Rochelle (19−22) et Pau (38−39), malgré les défaites et contre Brive lors de la première période, la mêlée grenobloise s’est bien comportée, elle s’est retrouvée en énorme souffrance à l’extérieur. À Lyon (32−13) et à Castres notamment (46−9). En touche aussi, parfois, la machine s’est déréglée. Les absences de Héguy, Roodt et Grice affectent le rendement de la conquête grenobloise.
Des entames de deuxième mi-temps ratées
Trop souvent, Grenoble n’est pas prêt au retour des vestiaires. Lors de son premier match au stade des Alpes face à La Rochelle, le FCG était en tête, 13 – 12, à la mi-temps. Avant d’encaisser un essai transformé (50e) pour se retrouver mené 13 – 19. Les Rochelais ne se feront plus dépasser par la suite.
À Lyon et Castres, dominé, Grenoble a concédé à chaque fois un essai dans les premières minutes de la seconde période. Mais l’exemple le plus frappant reste le match contre Pau. Le FCG semblait avoir les cartes en main avec 13 points d’avance à la pause mais il a encaissé dix points en dix minutes dans l’entame de deuxième mi-temps. Il s’inclinera au final.
Enfin à Toulouse, mené 17 – 3 au repos, le club isérois a aussi concédé 14 points en douze minutes. Contre Bayonne, il ne devra pas s’endormir au vestiaire sous peine d’une énorme désillusion.
Laurent Genin