Jean-Jacques André, propriétaire de la galerie Origin. © Alexandra Moullec

Origin : une gale­rie fon­tai­noise conçue par un artiste pour des artistes

Origin : une gale­rie fon­tai­noise conçue par un artiste pour des artistes

FOCUS – Designer de métier, Jean-Jacques André a créé la gale­rie d’art Origin en 2014. Ayant eu du mal à se faire connaître en tant qu’ar­tiste plas­ti­cien, ce der­nier a voulu entiè­re­ment dédier cet espace aux artistes mécon­nus et aux expo­si­tions col­lec­tives. Cette gale­rie « popu­laire » accueille notam­ment l’exposition col­lec­tive « Cadavres exquis » jus­qu’au 24 juillet 2016. Petit tour d’horizon d’un lieu décalé et de son pro­prié­taire qui l’est tout autant.

Jean-Jacques André, propriétaire de la galerie Origin. © Alexandra Moullec

Jean-Jacques André, pro­prié­taire de la gale­rie Origin. © Alexandra Moullec

En tant que desi­gner et artiste-plas­ti­cien, Jean-Jacques André a connu des “galères” pour expo­ser. « Bien sou­vent, dans ce milieu, se faire connaître reste une his­toire de réseaux, de connais­sances », explique-t-il. Il a ainsi décidé d’ouvrir sa gale­rie d’art, Origin, « à des artistes mécon­nus » pour « leur per­mettre de faire leurs pre­miers pas », « les mettre en contact, faci­li­ter les réseaux »… Mais aussi « valo­ri­ser les œuvres avec une qua­lité de design spa­tial et d’éclairage ».

C’est à Fontaine que Jean-Jacques André a ins­tallé sa gale­rie d’art en 2014. Un hasard ? Pas vrai­ment. Le lieu lui était comme pré­des­tiné. La ville est deve­nue le nou­veau repère des artistes, à en croire l’intéressé, les bas loyers et la muni­ci­pa­lité com­mu­niste y étant sûre­ment pour quelque chose. Partout dans la ville, l’art est dans l’air.

Sans oublier la proxi­mité de la gale­rie avec deux centres d’art contem­po­rains. Et pas des moindres : le Vog (centre muni­ci­pal d’art contem­po­rain), à Fontaine, et le Magasin (centre natio­nal d’art contem­po­rain), à Grenoble. Pour autant, le gale­riste n’y voit aucune concur­rence pré­ju­di­ciable. Au contraire, Jean-Jacques André admet bien volon­tiers que les acti­vi­tés de ces dif­fé­rents lieux d’ex­po­si­tion sont com­plé­men­taires. D’autant qu’ils n’ont pas la même voca­tion. Bien qu’étant une gale­rie pri­vée, Origin reste en effet un lieu un peu particulier.

« Aller à l’essentiel »

La gale­rie Origin a une his­toire artis­tique aty­pique, un peu à l’image de son pro­prié­taire. C’était, il y a encore quelques années, un res­tau­rant-gale­rie nommé Au gra­tin dau­phi­nois. Certains artistes y ayant exposé ont remis le cou­vert avec la gale­rie Origin. Une « sorte de conti­nuité » dont s’amuse Jean-Jacques André et qui se retrouve éga­le­ment dans le nom du lieu.

Exposition Origin, galerie Origin. © Alexandra Moullec

Exposition Origin, gale­rie Origin. © Alexandra Moullec

L’artiste-plasticien l’a bap­tisé comme sa pre­mière expo­si­tion : « Origin ». Une col­lec­tion de meubles en car­ton à la forme cir­cu­laire, réa­li­sée dans le cadre de l’atelier Esprit car­ton dont il était res­pon­sable, cours Berriat à l’époque. Cette col­lec­tion trône aujourd’hui en bonne place dans la gale­rie. « Le nom Origin, c’est pour aller à l’essentiel, ça parle de nos ori­gines à tous […] La forme cir­cu­laire est une sym­bo­lique de l’œuf, l’idée de retour­ner à l’origine et, en même temps, ce qui va naître de cette forme essen­tielle. »

Une sym­bo­lique cyclique intrin­sèque à l’artiste et à sa per­cep­tion de l’art où rien ne se perd et tout se trans­forme… ou se trans­met : « Esprit car­ton c’est du recy­clage artis­tique », sou­ligne l’intéressé. Des meubles en car­ton qu’il a créés et qu’une ving­taine d’artistes a accepté de peindre. Une sorte de pas­sage de témoin qui a été l’oc­ca­sion d’un déclic : « Cette expo­si­tion m’a remis dans un pro­ces­sus de créa­tion pure […] C’est là que j’ai vu que j’adorais orga­ni­ser une expo­si­tion et que j’avais un bon contact avec les artistes. »

Un gale­riste « à la traditionnelle »

D’ailleurs, se consi­dé­rant « gale­riste à la tra­di­tion­nelle » plus que gale­riste com­mer­çant, Jean-Jacques André n’hésite pas à « aller au contact » d’ar­tistes qu’il appré­cie, par­fois peu connus. Ses choix sont tou­jours des coups de cœur pour les six « grandes » expo­si­tions qu’il orga­nise chaque année : « J’ai besoin de voir les artistes dans leur ate­lier, de sen­tir l’énergie. »

Oeuvres de Christine Chevrier. © Galerie Origin

Œuvres de Christine Chevrier. © Galerie Origin

A l’instar de l’artiste Christine Chevrier pour laquelle le gale­riste a fait le dépla­ce­ment jusqu’en Suisse, après l’avoir décou­verte sur les réseaux sociaux : « Les artistes se démarquent par leur per­son­na­lité », explique-t-il.

Pratiquant la médi­ta­tion zen et le tai chi chuan (art mar­tial chi­nois com­por­tant une dimen­sion spi­ri­tuelle), Jean-Jacques André est à la recherche d’« affi­ni­tés spi­ri­tuelles » avec les artistes, en plus d’une sym­biose professionnelle.

Un véri­table échange doit se créer. Les artistes qu’il expose sont ainsi sou­vent « dans la spi­ri­tua­lité ». « Tout se tient. Inconsciemment, je pense que les artistes qui viennent vers moi et les gens vers qui je vais ont cette quête de spi­ri­tua­lité, cette quête d’eux-mêmes. »

A la recherche de syner­gies locales

La sen­si­bi­li­sa­tion du public est au cœur de sa démarche : « Je suis col­lec­tion­neur et je vois l’intérêt d’acheter. C’est tel­le­ment riche une œuvre d’art ! Je com­mu­nique beau­coup avec les gens qui viennent ache­ter une œuvre d’art. Acheter c’est un échange, un acte mili­tant. C’est don­ner la pos­si­bi­lité à l’artiste de conti­nuer à créer. »

Meuble en carton et collages, galerie Origin. © Alexandra Moullec

Meuble en car­ton et col­lages, gale­rie Origin. © Alexandra Moullec

Le gale­riste accom­pagne par ailleurs les expo­sants. Quelles œuvres choi­sir ? Quelle thé­ma­tique ? Quelle cohé­rence ? Comment com­mu­ni­quer ?… Autant de ques­tions aux­quelles Jean-Jacques André peut répondre grâce aux com­pé­tences qu’il a acquises il y a quelques années au sein de l’association Entr’arts.

Il aime jouer col­lec­tif et fait par­tie, à ce titre, de la Scop 3 bis (société coopé­ra­tive d’activités et d’entrepreneurs sala­riés). Bien qu’entrepreneur indi­vi­duel, il a été séduit par la dimen­sion soli­daire de la Scop : « Je vou­lais déve­lop­per mes acti­vi­tés sous une autre forme, avec une autre vision, plus dans le col­lec­tif. »

Le gale­riste recherche d’ailleurs des syner­gies locales : « Je cherche des com­pli­ci­tés, com­ment faire un tra­vail de qua­lité avec les gens d’ici. » A l’image du stage vacances Esprit car­ton, qu’il orga­nise en par­te­na­riat avec le gîte éco­lo­gique du Néron, situé à deux pas de la galerie.

Affiche exposition Cadavres exquis. © Galerie Origin

Affiche expo­si­tion Cadavres exquis. © Galerie Origin

Plusieurs for­mules d’expositions per­mettent de valo­ri­ser l’échange. Lors des expos « duo », deux artistes mécon­nus pré­sentent leur tra­vail ensemble. Des per­ma­nences d’artistes faci­litent éga­le­ment le contact avec le public. Enfin, Jean-Jacques André orga­nise fré­quem­ment des expo­si­tions col­lec­tives. Comme « Cadavres exquis », ins­pi­rée du jeu poé­tique sur­réa­liste et pré­sen­tée jus­qu’au 24 juillet 2016.

Pour la petite anec­dote, les joueurs doivent écrire, à tour de rôle, une par­tie de phrase en sui­vant l’ordre sujet, verbe, com­plé­ment, tout en igno­rant ce que le pré­cé­dent par­ti­ci­pant a écrit. La pre­mière phrase qui a résulté de ce jeu était « Le cadavre exquis boira le vin nou­veau. » Quinze artistes réunis en trio ont accepté de jouer le jeu en l’adaptant à l’œuvre plas­tique. Chaque trio a carte blanche pour créer trois œuvres de for­mats dif­fé­rents. « Collectif, tra­vail sur l’ego et sur­prise » devraient être au ren­dez-vous. Des mots qui collent très bien à la per­son­na­lité de Jean-Jacques André.

Alexandra Moullec

AM

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Les opposants au métrocâble interpellent les candidats aux législatives et organisent une réunion publique le 9 juin
Métrocâble : la com­mis­sion d’en­quête rend un avis défa­vo­rable sur la liai­son entre Fontaine et Saint-Martin-le-Vinoux

DÉCRYPTAGE - C'est un vrai coup dur pour le Métrocâble. Dans son rapport rendu mardi 26 mars 2024, la commission d'enquête publique a émis un Lire plus

Signature du Contrat de ville 2024-2030, pour définir les orientations de la Politique de la ville en métropole grenobloise
Nouveau contrat de ville fixant les orien­ta­tions dans la métro­pole grenobloise

FOCUS - Les Villes de Grenoble, Fontaine, Échirolles, Pont-de-Claix et Saint-Martin-d'Hères ont signé le contrat de ville 2024-2030 avec la Métropole de Grenoble et la Lire plus

Les travaux de rajeunissement des terrasses du Musée dauphinois. © Joël Kermabon - Place Gre'net
Cure de jou­vence pour les ter­rasses et jar­dins du Musée dauphinois

REPORTAGE VIDÉO - Le Département de l'Isère a investi 1,2 million d'euros dans la cure de rajeunissement de l'aménagement des terrasses et jardins du Musée Lire plus

Une deuxième édition pour le Noy’art Festival qui aura lieu du vendredi 22 au dimanche 24 mars 2024 ! Organisé par les associations CultivArts et Interlude et Cie, ce festival d’arts vivants se tiendra à la salle Poly’Sons de Noyarey. ©Programmation - Noy'art Festival
Spectacles vivants : le Noy’art Festival est de retour à Noyarey pour un week-end entier

ÉVÉNEMENT - Le Noy’art Festival revient pour une deuxième édition du vendredi 22 au dimanche 24 mars 2024. Organisé par les associations CultivArts et Interlude Lire plus

Les 21 salariés en poste à la SPL Vercors Restauration feront l'objet d'un licenciement économique à la suite de la cessation d'activité. © Vercors Restauration - Capture d'écran
Vercors Restauration va fer­mer en juillet 2024, avec 21 licen­cie­ments éco­no­miques à la clé

FLASH INFO - La nouvelle n'a rien d'une surprise: la SPL (société publique locale) Vercors Restauration, qui livre notamment des repas à des écoles, crèches Lire plus

Une réouverture de La Source sous le signe du renouveau ! Après 9 mois de fermeture, le centre culturel de Fontaine réouvre les portes de sa grande salle avec un concert entièrement féminin, jeudi 21 mars 2024. ©Anouk Dimitriou
Fontaine : La Source fait son grand retour jeudi 21 mars, après neuf mois de fermeture

EN BREF - La réouverture de La Source se fait sous le signe du renouveau. Après les neuf mois de fermeture ayant suivi l'incendie de Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !