FOCUS – La place Saint-André était noire de monde pour la clôture de la 39e édition du Festival du film court en plein air, samedi 9 juillet 2016. Une dernière journée placée sous le signe de l’échange et de la nostalgie avec un hommage à Michel Warren et l’annonce du départ de Guillaume Poulet, actuel directeur de la Cinémathèque de Grenoble. Et, bien sûr, le dévoilement du palmarès tant attendu.
Le 39e Festival du film court en plein air s’est achevé samedi 9 juillet 2016, tard dans la nuit. « Des histoires courtes mais des grandes histoires », a résumé Anne Luthaud, déléguée générale du Grec. Entendez le Groupe de recherches et d’essais cinématographiques. Cameroun, Burkina Faso, Israël… Le festival accueillait cette année 34 films étrangers, dont pour la première fois, des films africains.
Parmi les nombreux ateliers et temps d’échanges organisés lors de la journée de clôture, la table Mashup (cf. encadré), un atelier de réalisation pour enfants, des débats, des projections…
Zanyar Azizi, invité d’honneur du Festival 2016
Autre temps fort de cette journée : la séance buissonnière, organisée au cinéma Juliet Berto en l’honneur du réalisateur iranien Zanyar Azizi. Son court-métrage Steel nameplate, sélectionné lors du Festival 2015, avait rendu un véritable hommage aux Kurdes victimes du génocide ordonné par le régime de Saddam Hussein à la fin des années 1980 dans le cadre de la guerre Iran-Irak.
Invité à le présenter au festival, il avait sollicité une aide des autorités iraniennes qui lui avait été refusée. Il fut par contre accusé d’avoir financé son film avec l’argent du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), arrêté et torturé.
Sorti de prison, il a ensuite réalisé un second film I went France, Cannes, retraçant son calvaire. Au cours de cette séance buissonnière, les deux films ont été diffusés, suivis d’un échange avec le public.
Visiblement très ému à l’évocation de son chemin de croix, Zanyar Azizi a été applaudi à plusieurs reprises par l’auditoire, sensible à son courage. L’intéressé a par ailleurs été distingué en tant que membre d’honneur de la Cinémathèque de Grenoble lors de la cérémonie de clôture.
L’occasion aussi de rendre hommage à Michel Warren, fondateur de la Cinémathèque de Grenoble, décédé en 2015. « C’est le premier festival sans lui », a rappelé Guillaume Poulet, alors qu’un court-métrage lui était consacré. Et d’ajouter que cet hommage était « important, évident […] largement mérité, vu tout ce qu’il a fait pendant tant d’années ici ».
Guillaume Poulet en a également profité pour présenter au public sa remplaçante Peggy Zejgman-Lecarme : « Le festival, la Cinémathèque sont en de bonnes mains, sur des bons rails », a‑t-il assuré.
Et ce dernier d’évoquer, avec un brin de nostalgie, cette édition 2016 : « Je suis ravi des rencontres qu’il y a pu avoir, des invités qui sont venus […] et très heureux d’avoir pu faire en sorte que Zanyar Azizi […] puisse venir cette année […] et puis d’avoir accueilli Yael Perlov et Ahmad Bargouthi, elle israélienne, lui palestinien qui travaillent ensemble […] C’était une belle année. »
Alexandra Moullec
À LA DÉCOUVERTE DE LA TABLE MASHUP
La table Mashup (« faire de la purée » en anglais), kézaco ? C’est sans doute Peggy Zejgman-Lecarme, nouvelle directrice de la Cinémathèque de Grenoble, qui parle le mieux de ce dispositif d’éducation à l’image développé par le réalisateur français Romuald Beugnon.
« Il s’agit d’une table vitrée où une caméra infrarouge lit des cartes sur laquelle il y a des flashcodes [codes-barres 2D destinés à être lus par l’appareil photo d’un terminal mobile capable d’interpréter les données ou de donner accès par Internet à une source d’information, ndlr]. La table est reliée à un ordinateur qui a deux logiciels […] un pour reconnaître les flashcodes et un autre vraiment développé pour la table Mashup, qui lit les données de ces cartes et correspond à des extraits. »
Le principe : « l’expérimentation ». L’objectif : « Avoir une rencontre presque corporelle avec l’image et le principe de montage » et « voir comment les images fonctionnent entre elles ». « C’est vraiment l’application de l’effet Koulechov [propension d’un plan à influer sur le sens du plan qui lui succède dans le montage, ndlr] dans toute sa splendeur. Avec ça, on peut aussi travailler sur le son avec des cartes sonores, des bruitages d’ambiance. »
Face au succès de la table Mashup de l’atelier pour enfants, littéralement prise d’assaut par les bénévoles du festival, Peggy Zejgman-Lecarme songe à proposer une table aux plus grands : « Je me dis que je vais peut-être la louer plusieurs fois dans l’année […] C’est très très ludique […] On pourrait s’y perdre des heures et, en même temps, on peut y passer aussi dix minutes et comprendre plein de choses. »
Prochains rendez-vous pour découvrir ou redécouvrir le palmarès du festival 2016
Mardi 12 juillet à 21 h 30 à Saint-Geoire-en-Valdaine
Vendredi 15 juillet à 21 h 30 à Charavines
Jeudi 4 août à 21 h 30 au parc Paul Mistral de Grenoble
Mardi 23 août à 20 heures au cinéma Le Club à Grenoble