EN BREF – La 16e édition du Festival international du film gay et lesbien Vues d’en face se déroule jusqu’au 10 avril 2016 au cinéma le Club. Une rencontre avec des œuvres différentes, légères ou engagées, où les sensibilités du monde entier s’expriment sans volonté de se complaire dans un repli identitaire excluant.
« Le mot d’ordre, c’est l’ouverture », expliquent les organisateurs du Festival international Vues d’en face, consacré au cinéma gay et lesbien. L’ouverture vers différents domaines et différentes thématiques, mais aussi l’ouverture vers d’autres lieux, pour faire vivre le festival en dehors des salles du cinéma Le Club, partenaire historique et fidèle de l’événement.
Des rencontres ou des débats auront lieu dans les bibliothèques Kateb Yacine et Hauquelin, des expositions se tiendront à la Galerie Xavier Jouvin et à l’Atelier du 8, qui accueillera également un atelier « Drag King ». Le festival s’autorise aussi quelques « croisements », avec le Printemps du livre à l’occasion de lectures, ou les Détours de Babel pour le spectacle « docu-fiction » Farinelli XXIe Sexe.
Des sélections plus fines
Le cœur du festival demeure cependant la projection de films, tous autour du même thème de l’homosexualité – ou, plus précisément, de l’identité LGBT – mais autour d’angles différents, sinon opposés. « Une programmation d’une extrême à l’autre », se targue à juste titre le festival. Pour Philippe Vic, membre du comité d’organisation, c’est l’évolution des mentalités qui permet aujourd’hui cette approche.
« Il y a beaucoup plus de films à présent qui traitent de ces questions, et cela nous permet des sélections un peu plus fines, d’aller sur des thématiques qui nous intéressent plus, ou qui sont plus en lien avec l’actualité. Ou encore, des films dont nous savons qu’ils ne passeront pas dans le circuit de la grande distribution. »
Ainsi, parmi des comédies loufoques telles que le film suédois Dyke Hard ou l’israélien Cupcakes, le spectateur aura l’occasion de découvrir une œuvre brésilienne, Beira-Mar – l’un des grands coups de cœur des organisateurs – ou le film français expérimental Fort Buchanan, qui flirte avec la Nouvelle Vague en construisant ses dialogues autour de répliques issues de soaps américains.
« C’est aussi un peu le principe du festival, note Philippe Vic. Aller découvrir des films un peu partout et montrer des ovnis, des films dont on est sûr qu’on ne les verra pas ailleurs ! »
Le combat pour être soi
Restent, naturellement, des réalisations plus poignantes, plus “identitaires”, mettant en scène le « combat pour être soi », avec cette année une attention toute particulière portée sur la question de la transsexualité. Le documentaire canadien XYZ, portraits d’une transformation, propose ainsi de suivre le parcours du changement de sexe d’Alexandre, né Audrey.
Mais Vues d’en face n’oublie pas de proposer des films en avant-première (l’américain Nasty Baby par exemple, en séance d’ouverture), des courts-métrages, des films engagés – on notera tout particulièrement La Sociologue et l’ourson, documentaire atypique sur la lutte pour le mariage pour tous – ainsi que deux hommages : l’un rendu à la réalisatrice belge Chantal Ackerman, qui s’est donné la mort le 5 octobre 2015, l’autre à David Bowie, à travers le film très glam Velvet Goldmine.
Une programmation riche et éclectique qui souhaite plus que jamais s’adresser à tous, pour un festival unique en son genre, sans mauvais jeu de mots. Et qui présente une autre particularité… celle de ne pas être déficitaire !
En espérant que les baisses de subventions du Conseil régional observées cette année ne viennent pas nuire à ce précieux équilibre budgétaire. Des baisses jugées hautement politiques par les organisateurs, le nouveau président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes n’ayant jamais caché son aversion pour le mariage pour tous, quitte quelquefois à frôler le dérapage homophobe.