REPORTAGE VIDÉO – Bien que révisé par le gouvernement, le texte du projet de loi El Khomri n’a pas convaincu une partie de la jeunesse qui le rejette en bloc. Organisations syndicales, étudiantes et lycéennes restent sur le pont avant sa présentation devant le Conseil des ministres, le 24 mars prochain. Elles mobilisaient une nouvelle fois leur troupes, ce jeudi 17 mars, pour en demander le retrait total.
« La rue maintenant pour ne pas y être dans trente ans ! », « El connerie, t’es foutue, la jeunesse est dans la rue ! » ou encore, plus provocant « On est nombreux, on fait ce qu’on veut ! »… Voici quelques-uns des messages que l’on pouvait lire sur les pancartes brandies avec fougue par les jeunes manifestants, ce jeudi 17 mars, lors de la seconde mobilisation grenobloise contre la loi El Khomri. La jeunesse, c’est bien ce qui caractérisait ce nouveau rassemblement qui, s’il a rassemblé moins de personnes que le précédent, n’en a pas moins gagné en dynamisme et fraîcheur revendicative.
Retour en images sur ce deuxième rassemblement.
Reportage Joël Kermabon
Des lycées et des bâtiments universitaires bloqués
« Aujourd’hui, ce n’est pas une énorme participation mais c’est une promesse de mobilisation pour la journée de grève du 31 mars, dans la continuité du succès du rassemblement du 9 mars », s’enflamme Hugo Prévost de l’Union nationale lycéenne (UNL) de l’Isère. Les lycéens, tout comme les étudiants, sont arrivés place de Verdun, lieu du rassemblement, en cortèges séparés. En cause, le blocage, dans la matinée, de lycées et de bâtiments universitaires.
« Les lycées Stendhal, Argouges, Mounier et Marie Curie se sont mobilisés et ont été bloqués », explique le jeune responsable syndical. « Sinon, là où il n’y a pas eu de blocage comme au lycée Champollion, il y a eu des assemblées générales et des réunions d’information.
Nous constatons une forte mobilisation de la jeunesse aujourd’hui ! », se félicite Hugo Prévost.
Les étudiants du campus de Saint-Martin-d’Hères n’étaient pas en reste. Ils avaient ainsi bloqué le bâtiment des Arts et sciences humaines et celui des Sciences humaines et mathématiques. « Ces blocages ont aussi une vocation pédagogique », explique Léna Alexandre, secrétaire générale iséroise de l’Union nationale des étudiants de France (Unef). Cette dernière en est convaincue, c’est l’un des vecteurs de la mobilisation. « Cela nous a permis de mobiliser tous les étudiants et lycéens qui ne connaissaient pas encore la loi travail de El Khomri », précise-t-elle.
Le corps enseignant solidaire
Quid du corps enseignant ? « Les enseignants sont avec nous. La FSU, la Fnes… Ils nous appuient dans notre combat », affirme Hugo Prévost. Des propos confirmés par Françoise Papa, membre du Snesup-FSU. « Il est important pour nous de soutenir ces jeunes. La réponse ce n’est pas de précariser un peu plus la jeunesse », explique l’enseignante. Selon cette dernière, la loi portée par Myriam El Khomri met à bas les principes qui ont présidé à l’élaboration de garanties collectives pour l’ensemble des salariés.
« En tant qu’éducateurs, nous sommes soucieux de l’avenir des jeunes qui viennent à l’université. De ce point de vue-là, cette loi nous paraît être un recul par rapport aux conditions dans lesquelles ils seront amenés, demain, à exercer professionnellement », déclare Françoise Papa.
Quelles seront les suites de cette nouvelle mobilisation ? Deux dates importantes. Une manifestation est programmée le 24 mars, précisément le jour où le projet de loi sera présenté au Conseil des ministres. Autre jalon : la journée nationale de grève prévue pour le 31 mars à l’appel de nombreux syndicats. Une grève à laquelle les organisations étudiantes et lycéennes comptent bien se joindre, remontées comme des coucous et décidées « à ne surtout rien lâcher ».
Joël Kermabon
Les syndicats toujours sur la brèche !
Depuis la manifestation du 9 mars dernier, la force du mouvement de protestation contre la loi El Khomri ne faiblit pas. En témoigne la convergence affirmée des différents syndicats qui avaient également appelé à ce nouveau rassemblement lancé par l’Union nationale des étudiants de France (Unef). Composaient notamment cette intersyndicale : la CGT, Sud, FSU et FO, l’UET, le NPA, les Jeunes Communistes, l’UEC, Révolution, Solidaires étudiant.e.s. Mais pas seulement, des représentants de STMicroelectronics et des cheminots en lutte ont également pris la parole avant que ne s’ébranle le cortège.