FOCUS - Après l’hommage national rendu aux victimes des attentats de Paris aux Invalides, vient le temps de la réflexion. Nombre de questions se bousculent, notamment celle de l'embrigadement de jeunes gens prêts à prendre les armes pour tuer des innocents, ou celle de la prévention de la radicalisation. Docteur en médecine et psychanalyste grenoblois, Thierry Vincent nous livre son éclairage.
Psychiatre et psychanalyste grenoblois, Thierry Vincent est l’auteur d’un ouvrage à paraître en janvier 2016 aux presses universitaires de Grenoble, « Dieu sans religion : Foi et démocratie ».
Bien que la France ait entériné la séparation de l’Église et de l’État depuis la loi du 9 décembre 1905, la position du confessionnel dans la société française est toujours discutée par une fraction de la population. À l'acmé, les attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre 2015 à Paris nous le rappellent cruellement.
Reposer la question religieuse dans notre société est devenue crucial selon Thierry Vincent. Distinguant d'un côté, les concepts de la foi, du sacré, du divin et de l'autre, les doctrines religieuses, questionnant athéisme et laïcité, l’auteur propose dans son livre, de brosser les contours d’un chemin possible vers une relation à Dieu, libérée de tout poids dogmatique.
Que soutient le psychiatre et le penseur de la question religieuse sur ces jeunes Européens qui se radicalisent et se laissent utiliser par Daech comme terroriste et chair à canon ?
« Jamais elle n’a prié. Elle ne connaît pas un verset du Coran », témoignait sur France 3, le 21 novembre dernier, un ancien voisin de la jeune terroriste Hasna Aït Boulahcen, tuée à Saint-Denis lors de l'assaut du Raid.
Un ami molenbeekois de Salah Abdeslam, devenu l’ennemi public numéro un depuis le 13 novembre, a quant à lui déclaré au quotidien belge La Dernière Heure-Les Sports : « Cela fait cinq ou six ans que je le fréquente presque tous les week-ends […] Nous, on voulait vivre notre vie sans s'imposer des trucs de religion. »
Des témoignages qui interrogent sur les liens complexes entre les actes terroristes et la religion au nom de laquelle ils sont commis. Pour le psychanalyste, la chose est entendue : « Il faut séparer l’engagement de ces jeunes terroristes de la question religieuse ». Alors, pourquoi ces jeunes hommes et femmes se radicalisent-ils ?
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