FOCUS – Dès cet automne, les automobilistes grenoblois, du Grésivaudan et du Voironnais devront justifier d’une pastille « véhicule propre » pour circuler et stationner librement dans Grenoble. Après Paris, la capitale des Alpes entend bannir les véhicules les plus polluants du centre-ville.
La ville de Grenoble expérimente cet automne les certificats de la qualité de l’air. Des pastilles de différentes couleurs qui, apposées sur le pare-brise des véhicules, permettront de les classer selon leurs niveaux d’émissions polluantes.
Un sésame pour accéder et stationner en ville, les jours de pollution notamment. Les éco-pastilles seront déclinées en sept couleurs et autant de catégories, allant du bleu pour les véhicules électriques, les plus propres, au gris pour les voitures essence comme diesel immatriculées avant 1997, les plus polluantes en somme.
Ce sont elles qui, les premières, feront les frais des mesures à venir de restriction de circulation et de stationnement. A Grenoble, ces véhicules « gris » représenteraient 8 % du parc mais 15 % des émissions de polluants.
Les vieux diesel dans le collimateur
Objectif pour le gouvernement qui espère rallier les métropoles de l’Hexagone à son initiative ? « Faire disparaître tous les diesels datant d’avant 2005 non équipés de filtres à particules », selon la ministre de l’Écologie Ségolène Royal. Et derrière, réduire pollution de l’air et bouchons.
Reste à connaître le détail des mesures qui seront prises à Grenoble. Le protocole d’accord devrait être signé à la fin de l’été. Mais, dans les grandes lignes, ce sont des mesures de modération de vitesse, des restrictions de circulation et de stationnement qui devraient être mises en œuvre.
97 % du trafic de l’agglomération concerné par le dispositif
Qui est concerné ? L’automobiliste grenoblois mais aussi du Grésivaudan et du Voironnais. Et les autres qui n’auront pas leur vignette climato-compatible ? Quid de l’automobiliste lyonnais, si tant est que Lyon ne se prête pas à l’expérimentation en septembre ?
« 97 % du trafic de l’agglomération est couvert par le dispositif », répond Yann Mongaburu, président du syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise (SMTC). Un automobiliste lyonnais devrait donc pouvoir circuler à sa guise, qu’il pollue un peu ou beaucoup, le temps que le dispositif soit généralisé à toute la France, au 1er janvier 2016
Pour obtenir ces pastilles, il faudra en faire la demande par Internet auprès du système d’immatriculation des véhicules. Des pastilles gratuites… dans un premier temps. Passé six mois, elles devraient être facturées 5 euros. A Grenoble, où l’on prône la gratuité, cette décision fait grincer des dents. Après l’abandon de l’écotaxe poids lourds, ce nouveau prélèvement fiscal va-t-il, lui aussi, finir sur une voie de garage ?
Gratuite ou pas, certains vont faire plus que d’autres les frais de cette mesure anti-pollution. Les foyers les plus modestes, équipés de voitures souvent anciennes, risquent d’être les premiers punis. Alors, discrimination sociale ? Ce n’est pas le super bonus – jusqu’à 10.000 euros pour acheter un véhicule électrique d’au moins 20.000 euros –, qui rééquilibrera les inégalités… même s’il fera assurément les affaires des constructeurs automobiles.
Alors, écologie punitive ? Le maire écolo de Grenoble Eric Piolle préférait sur RTL parler de « nouvelle contrainte ». Et tabler sur les tarifications solidaires des transports en commun * pour faire changer les comportements. Promesse de campagne, la gratuité pour les 18 – 25 ans est passée à l’as, après le désengagement du conseil général du financement des transports en commun. A la place ? Un abonnement mensuel ramené à 20 € (au lieu de 27,10 €) au 1er septembre 2015. La gratuité, elle, sera pour les sorties scolaires…
* Un abonnement libre circulation à 36 € est également créé pour les plus de 75 ans.