ENTRETIEN - La rentrée 2015 approche. Déjà plus d'un an qu'Élisa Martin, première adjointe au maire de Grenoble déléguée à la tranquillité publique, est aussi en charge du parcours éducatif. Ses objectifs : renforcer et optimiser. Bilan d'étape.
Manque de places en crèche, de classes passerelles, déficit d'information des familles, ou encore réforme imparfaite des rythmes scolaires… Les chantiers ne manquent pas selon la première adjointe. Et l'amélioration du parcours éducatif n'est exempt ni de freins, ni d'obstacles.
Clairement engagée aux côtés des acteurs de terrain, où l'élue en est-elle aujourd'hui, à deux mois de la rentrée 2015 ? Coulisses d'un travail de fond en trois actes : petite enfance, réforme des rythmes scolaires et jeunes.
L'objectif 27 du programme de la liste “Grenoble une ville pour tous” choisi par les électeurs en mars 2014, prévoyait la création de 200 places publiques d'accueil petite enfance. Combien de places supplémentaires en crèche avez-vous prévues pour la rentrée 2015 ?
Nous allons ouvrir une crèche dans le secteur Vigny-Musset - Villeneuve, fin juillet. L'établissement, structure multi-accueil, proposera à la fois de l’accueil familial et collectif. Concernant les places familiales, il accueillera en priorité celles de l’établissement La Bruyère, qui a brûlé en juillet 2012. En complément, la nouvelle crèche offrira douze places collectives, dont six sont des créations nettes, étant entendu qu'une place permet d'accueillir entre deux et trois enfants en moyenne en fonction des équipements. Ces places seront ouvertes pour de l’accueil régulier comme occasionnel. Et certaines permettront, d’ailleurs, l’accueil des enfants de la halte-garderie des Alpins ayant fermé ses portes fin juin.
Six créations nettes, c'est peu…
Non mais dites, ça prend du temps d'implanter des places de crèche ! Pourquoi ? D'abord parce qu'il ne faut pas les implanter n'importe où dans la ville et n'importe comment. Il s'agit aussi de bien choisir la nature de l'accueil : familial ou collectif.
Et puis, il y a des secteurs de la ville où il y a une forte tension sur le foncier, donc il n'est pas toujours facile de trouver des locaux disponibles. C'est le cas dans les secteurs 1 et 2 qui sont les plus urbanisés.
Cependant, notre programme s'étale jusqu'à la fin du mandat et, d'ici là, du foncier va être rendu disponible. On travaille donc en continu à l'adaptation de ce plan d'implantation.
Vous souhaitez aussi créer les conditions pour une meilleure préparation à l'entrée à l'école maternelle, avec la socialisation et l'apprentissage de la séparation. Et ce, pas seulement pour les tout petits qui fréquentent les crèches…
On est surtout préoccupé par ceux qui ne fréquentent pas nos structures collectives.
Il est question de mettre en place des classes passerelles. Quelles sont leurs spécificités ?
Il en existe une à Jouhaux. C'est un dispositif formidable partagé avec l'Éducation nationale. Dans ces espaces passerelles, travaillent en synergie une institutrice ou un instituteur, une éducatrice ou un éducateur de jeunes enfants, et une ou un agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem).
Ils y accueillent les parents et l'enfant pour une séparation progressive, dans les deux sens : enfant - parents et parents - enfant. Et l'apprentissage du collectif se fait aussi de façon progressive.
Pour l'instant, cela se joue sur une année scolaire. Cette durée n'est pas forcément dans l'intérêt de l'enfant. Ce que l'on voudrait, c'est que ces enfants qui font par exemple un trimestre dans la classe passerelle puissent ensuite rejoindre l'école maternelle de leur secteur. Cela suppose que l'Éducation nationale soit d'accord. Elle ne l'est pas, bien sûr !
Pourquoi donc ?
Parce que je crois que c'est une vieille dame qu'il ne faut pas trop bousculer. Je ne remets pas en cause les enseignants. C'est l'institution, l'organisation et les orientations décidées en haut-lieu que je critique.
Ce serait évidemment formidable de pouvoir aussi multiplier les classes passerelles. Et on pourrait notamment avoir des opportunités simples et évidentes sur la Villeneuve. Mais l'Éducation nationale, encore une fois, ne veut pas ! Elle nous répond que ce n'est pas une priorité et qu'ils n'ont pas de postes. Le problème est que ça ne peut fonctionner que si on a les deux entités, la Ville et l'Éducation nationale…
Quelles sont les autres mesures phares du parcours éducatif en direction des tout petits ?
Le parcours éducatif comprend pour nous deux aspects. Pour commencer, la mise en cohérence des interventions publiques ou parapubliques de type associatif autour des petits enfants, des enfants, adolescents et jeunes. Et le deuxième aspect, plus fondamental, c'est qu'on a l'ambition de déclencher des droits. Par exemple, le droit à la socialisation pour les tout petits. Et il faut faire feu de tout bois car, finalement, relativement peu de jeunes enfants sont accueillis dans les structures collectives de la Ville.
Maintenant, nos actions : il y a tout ce qu'on peut faire à partir des temps collectifs des relais d'assistantes maternelles (Ram), des lieux d'accueil parents-enfants, des permanences des protections maternelles et infantiles (PMI). Soit dit au passage, pour ce qu'il en reste ! Parce que les PMI n'ont pas l'air de beaucoup intéresser le conseil régional…
Il s'agit de créer, dans ces lieux, les conditions pour qu'on puisse approcher les familles et les enfants afin de les emmener vers l'école, que ce soit sous la forme d'une visite simple ou par un échange avec les enseignants.
On va aussi mettre en place, par secteur, des réunions d'information sur l'arrivée de l'enfant. Actuellement, les informations qu'on délivre aux familles, c'est plutôt pendant le temps de grossesse. Or, ce n'est pas le meilleur moment parce que l'enfant n'est pas encore là, si l'on peut dire. Surtout quand c'est le premier. Il y a des tas de questions qui n'existent pas encore pour les parents. L'idée est donc de représenter un peu toutes les ressources qui existent et toutes les possibilités qui s'offrent aux familles, une fois que l'enfant est là.
Plus largement, sur la réforme des rythmes scolaires, vous avez déclaré dans le Recap Info de TéléGrenoble, en février dernier, que des premiers bougés ont déjà été réalisés à la rentrée 2014 et vont se poursuivre en 2015. Quels sont ces changements ?
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