FOCUS – C’est une première à Grenoble et en France ! La Semitag innove dans le champ de la concertation sur les transports urbains en utilisant une application de réalité augmentée. Depuis fin avril, une escouade de médiateurs-enquêteurs, équipés de tablettes numériques, part à la rencontre des habitants du quartier Bouchayer-Viallet. L’objectif de cette enquête ? Donner la parole aux usagers qui, en quelques clics, peuvent simuler le futur environnement de la ligne Chrono C5 desservant leur quartier.
C’est la fournaise à Grenoble où sévit la canicule. Lilian Roux et son acolyte Natacha, étudiants à Grenoble école de management (Gem), nous ont donné rendez-vous près de l’arrêt Berriat-Le magasin, situé sur la ligne de bus Chrono C5.
Tous deux font partie de l’équipe des onze médiateurs employés par l’opérateur de mobilité Transdev pour réaliser, dans la rue ou dans les bus, une « enquête d’imagination publique » commandée par la Semitag.
Grâce à l’application virtuelle « Ville sans limite-Chrono », le gestionnaire de réseau souhaite stimuler l’imagination des habitants en leur offrant la possibilité de donner leur avis sur les aménagements futurs de la ligne C5 et, partant, de leur quartier.
Cet après-midi-là, nos deux enquêteurs avaient choisi d’aller directement dans le bus, Ipads sous le bras, à la rencontre des usagers de la ligne C5. Une consultation 2.0 en mode embarqué !
Nous les avons suivis, le temps d’un aller-retour au cours duquel Lilian Roux nous a expliqué les grandes lignes de cette démarche originale de concertation.
Réalisation Joël Kermabon
Une première en matière de transports urbains
L’idée de la consultation est née d’un constat de la Semitag : les lignes Chrono – riches aujourd’hui de six lignes (C1 à C6) – souffrent d’un certain manque de visibilité, en dépit d’un haut niveau de service, notamment des itinéraires directs et rapides.
D’où la volonté de replacer le concept dans un environnement urbain favorisant son attractivité et son rôle social dans la ville. En d’autres termes, « penser la mobilité simultanément au projet urbain et non pas après-coup ».
Certains des critères modifiables par les usagers ou les habitants jouent justement sur ces ressorts. Ainsi peuvent-ils agir sur l’installation de services innovants aux abords des arrêts ou bien encore sur les parcours d’approche. Jeux d’enfants, relais colis, kiosques, bancs, chaises et bibliothèques sont autant de vecteurs favorisant l’attractivité.
Transdev, partenaire industriel et actionnaire de la Sémitag, est l’initiateur de cette idée qui vise à (re)donner la parole aux usagers, via des techniques de réalité augmentée.
L’application participative « Ville sans limite – Chrono » a été développée sur mesure, pour les besoins de cette enquête, par l’agence d’urbanisme Urban Fabric Organisation (Ufo), spécialisée dans les outils et méthodes d’intelligence collective pour la co-conception. Une application dérivée d’une version nommée « Ville sans limite », plus spécifiquement dédiée aux grands projets d’urbanisme et utilisée avec succès à Montpellier ou Évreux.
C’est la toute première fois qu’une déclinaison de la version originale s’applique à une thématique de transports urbains. Pour cela, l’équipe a dû l’adapter et détourner certains de ses critères.
« Les gens étaient vraiment intéressés par ce type d’enquête »
Toutes les vues utilisées sur les tablettes pendant l’enquête ont été proposées lors de conseils de quartier et de concertations réalisées en amont. « C’est une démarche complètement démocratique et participative qui a été mise en place par la Semitag pour changer la vie dans ce quartier », explique Lilian Roux. Les vues, certes, mais pas seulement. La conception-même des variations des photos proposées par l’application résulte d’une expérience de coproduction impliquant plus d’une vingtaine de personnes.
C’est ainsi qu’au cours d’ateliers ont été mis à contribution des clients du réseau TAG, des conducteurs de bus, des personnels de Transdev et de la Semitag.
Et sur le terrain, comment la population a‑t-elle perçu la démarche ? « Nous avons eu un très bon accueil de la part des gens que nous avons abordés, que ce soit dans les bus ou dans la rue. Mais les meilleurs résultats ont été obtenus en s’intéressant aux clients des terrasses des bars », se félicite le médiateur.
« Les gens étaient vraiment très intéressés pour répondre à ce type d’enquête et très impliqués dans leurs commentaires. Pour preuve, moins de 10 % des contacts n’ont pas donné de suite ! ».
Des résultats concrets à très court terme
L’équipe de médiateurs itinérants n’a pas chômé ! Pensez, près de 250 heures de récupération d’informations ont déjà été cumulées depuis le début de l’enquête, en avril dernier. Et plus de 1.000 “mix” – images réalisées par les personnes contactées – ont été recueillis.
Une fois traitée, cette matière va pouvoir constituer un réel outil de décision pour les transports de l’agglomération grenobloise. Du moins est-ce le souhait de l’exploitant du réseau.
En attendant, la consultation dans la rue s’achèvera le 15 juillet et une première restitution des réponses aura lieu en octobre 2015.
Une équipe constituée des représentants des différents acteurs impliqués (Semitag, Transdev, Ufo, SMTC et Ville de Grenoble) prendra la suite et s’emparera du projet.
Selon les réponses recueillies, ces derniers échangeront sur les aménagements à mettre en œuvre. Avec, au final, une phase de conception des équipements d’ores et déjà prévue au printemps 2016.
Joël Kermabon