ENTRETIEN – Comment se positionne la ville de Grenoble à propos du projet de monnaie locale complémentaire (MLC) mené par un groupe de citoyens militants et de chercheurs de l’Université Pierre Mendès-France ? Éléments de réponse avec Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale.
Un projet citoyen de monnaie locale est en construction à Grenoble. Pouvez-vous nous donner le positionnement de la Ville sur ce sujet ?
La monnaie locale fait partie intégrante de nos engagements. Nous y travaillons en tenant compte de l’expérience passée du sol alpin (première tentative de monnaie locale complémentaire ayant circulé à Grenoble de 2007 à 2012, ndlr).
Il faut, d’une part, simplifier son utilisation. Le sol alpin était trop compliqué. D’autre part, élargir son assiette, tant sur le plan géographique que sur celui du réseau d’acteurs économiques et institutionnels. Sortir du premier cercle de militants est une nécessité.
Nous allons lancer une étude sur le fonctionnement des monnaies locales complémentaires (MLC) en France. Elle sera menée soit par la Ville, soit par la Métro, dans le cadre du plan de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Car on ne fait pas de la monnaie locale juste pour faire joli. Nos objectifs politiques sont très précis. La monnaie aura la double vocation de privilégier les circuits courts et de maintenir l’emploi local. Ce deuxième critère n’est pas forcément au cœur des autres MLC. Je vais même aller plus loin : nous sommes en train de réfléchir à un indicateur économique pour connaître la corrélation entre la monnaie locale et la création d’emplois au niveau local.
Par exemple, pour tant d’euros achetés en monnaie locale, nous serons capables de calculer combien d’heures d’emploi local nous générerons. Nous voulons faire travailler les universitaires de l’UPMF sur ce point. Avoir des indicateurs précis donne du sens à la dépense. Sinon, tout cela reste très abstrait.
Il semble que chacun travaille de son côté et que les citoyens ne disposent pas, à l’heure actuelle, du soutien concret de la Ville. Qu’en est-il réellement ?
La Ville a mis à disposition les locaux pour le colloque du mois de mars mais actuellement il n’y a pas de soutien direct à cette initiative pour deux raisons.
La première c’est que nous observons ce qui se passe afin de voir si nous pouvons nous appuyer sur un mouvement citoyen solide. Nous appelons de tous nos vœux un mouvement citoyen qui porte l’affaire. Sinon nous risquons de nous retrouver très vite en culotte courte.
Deuxièmement, nous souhaitons que l’initiative soit portée au niveau de la Métro. Or depuis le mois de mars, il y a un remaniement en son sein, notamment au niveau des services de l’économie sociale et solidaire.
Un problème organisationnel qui n’explique pas tout mais une bonne partie du ralentissement des démarches. Les choses vont se décanter à la rentrée et nous pourrons en dire plus.
A terme, à quels niveaux la Ville apportera-t-elle son soutien ?
Une des missions de la Ville consistera en une impulsion politique au niveau de la Métro. Ensuite, elle se situera au niveau logistique. Cela concerne l’aide et l’assistance dans tout le circuit nécessaire pour battre monnaie, par exemple. La Ville peut aussi intervenir sur le versant communicationnel et contribuer à associer un maximum d’acteurs économiques, notamment dans le secteur de l’ESS. Enfin, le soutien consiste à amorcer le système en injectant des flux financiers. Il peut s’agir de subventions en monnaie locale, par exemple. On peut même imaginer des bons cadeaux sur la même base ou le versement de salaires tout ou en partie en monnaie locale.
Propos recueillis par Delphine Chappaz
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