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Marche contre Monsanto à Grenoble le 24 mai 2015. © Delphine Chappaz - placegrenet.fr

Marche contre Monsanto : “OGM, j’en veux pas !”

Marche contre Monsanto : “OGM, j’en veux pas !”

REPORTAGE – Ce samedi 23 mai, dans le monde entier, des voix se sont éle­vées durant la Marche mon­diale contre Monsanto. Grenoble n’a pas été en reste puisque quelque 800 per­sonnes ont répondu à l’ap­pel de deux maraî­chères en agri­cul­ture bio­lo­gique. Plus lar­ge­ment, les slo­gans expri­maient une remise en ques­tion de l’hé­gé­mo­nie des mul­ti­na­tio­nales du sec­teur, la défense des pro­duc­teurs locaux et de la santé de tous. Retour sur une marche vou­lue fes­tive et éducative.

MacheContre MOnsantoDelphine Chappaz

Batuka VI sonne le ras­sem­ble­ment sur la place de la gare de Grenoble pour la marche contre Monsanto. © Delphine Chappaz

14 heures. Pas encore arri­vées sur la place de la gare de Grenoble, les per­sonnes venues par­ti­ci­per à la Marche mon­diale contre Monsanto entendent réson­ner au loin le son des tam­bours de la troupe Batuka VI. Pas de doute, c’est là-bas que ça se passe.

Le ren­dez-vous a été relayé essen­tiel­le­ment via les réseaux sociaux et les contacts pro­fes­sion­nels des orga­ni­sa­trices : deux maraî­chères en agri­cul­ture biologique.

Déjà, des familles avec leurs enfants, des jeunes et des moins jeunes sont prêts à suivre le trac­teur qui ouvre la marche. Celui-ci bran­dit une ban­nière sans équi­voque com­por­tant dif­fé­rents mes­sages : « Pour une agri­cul­ture pay­sanne » « Non aux OGM » et « Marche contre Monsanto ». Le ton est donné.

au départ de la marche contre Monsanto sur la place de la gare - crédit Delphine Chappaz

Au départ de la marche contre Monsanto sur la place de la gare. © Delphine Chappaz

Parmi les mani­fes­tants, Jean-Yves Peillard, ancien tech­ni­cien de main­te­nance dans les infra­struc­tures du bâti­ment. Son béret affiche « fau­cheurs volon­taires d’OGM ». Il confie que son père, agri­cul­teur qui uti­li­sait beau­coup de pro­duits phy­to­sa­ni­taires, est décédé à 55 ans d’un can­cer de l’intestin.

Jean -Yves Peillard - credit Delphine Chappaz

Jean-Yves Peillard. © Delphine Chappaz

Lucide, il sait tou­te­fois qu’il est très dif­fi­cile de prou­ver le lien entre sa mala­die et cette expo­si­tion chro­nique à des pro­duits chi­miques dans un cadre professionnel.

Investi dans plu­sieurs asso­cia­tions, il vitu­père contre la Commission euro­péenne, pla­cée, selon lui, sous le joug des indus­tries et des banques. A la ques­tion “que faire en dehors de cette marche ?”, il répond tout de go : « Le boy­cott ! Boycotter les entre­prises qui vendent des OGM et qui sont pour le bre­ve­tage du vivant ».

Légèrement sar­cas­tique, Jean-Yves Peillard oppose la “théo­rie de la cré­ti­ni­sa­tion” à celle de la “prise de conscience” et assure : « Tant qu’il y aura des hommes, des femmes et des abeilles, on conti­nuera la résistance ».

« Non à la dic­ta­ture des mul­ti­na­tio­nales ! »

En avant ! 800 per­sonnes se mettent en marche der­rière le trac­teur, l’é­ten­dard au bout de son bras méca­nique levé. Le cor­tège remonte dans la bonne humeur l’a­ve­nue Félix Viallet pour rejoindre le bou­le­vard Gambetta.

« Stop au Tafta ! », « Non à la dic­ta­ture des mul­ti­na­tio­nales ! », « OGM j’en veux pas ! », « Stop aux can­cers dans les assiettes ! ». L’étendue des reven­di­ca­tions se lit sur les slo­gans, qui vont bien au-delà du mot d’ordre prin­ci­pal du col­lec­tif mon­dial : « Marcher ensemble contre le pro­jet d’a­gri­cul­ture inten­sive géné­ti­que­ment modi­fiée et dépen­dante des pes­ti­cides que sym­bo­lise Monsanto ».
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Certains bran­dissent des affiches aux mes­sages plus pro­vo­ca­teurs, comme Simon Bureau, artiste peintre venu de Lyon pour le fes­ti­val Magic Bus : « BIO = OGM… Mon cul ! ». Au moins, c’est clair. Ce que signi­fie pour lui le fait de venir mar­cher ? « Cela montre que les gens s’en­gagent à avoir une vie plus saine et meilleure. »

Simon Bureau animateur et artiste peintre à Lyon - Crédit Delphine Chappaz

Simon Bureau, ani­ma­teur et artiste peintre à Lyon. © Delphine Chappaz

Et de rele­ver, à son tour, l’im­por­tance d’être tous les jours atten­tif à sa consom­ma­tion. Pour lui, la marche de samedi est un appel aux citoyens. « J’espère qu’un jour on sera assez pour ren­ver­ser les choses et qu’elles puissent vrai­ment chan­ger ».

Après avoir tra­versé suc­ces­si­ve­ment la place Victor Hugo et la place Félix Poulat, le cor­tège se dirige vers la place Verdun. Toujours au son des tam­bours qui ne baissent pas en énergie.

Des semences ren­dues stériles

Au cœur de la mani­fes­ta­tion, beau­coup d’en­fants. Des tout-petits, dans des lan­daus ou sur les épaules de leurs parents, aux plus grands avec des idées bien affir­mées. C’est le cas de Lucien, 11 ans. Ses parents gèrent depuis dix ans la bou­tique pour enfants 100 % bio Mon petit Oko. Ils militent depuis long­temps contre les OGM et pour la pro­tec­tion de la santé des pay­sans « qui prennent des pes­ti­cides dans la figure au tout début de la chaîne », pré­cise la maman de Lucien. « Il est à bonne école », s’amuse-t-elle.

Alexandra Wendel et son fils Lucien

Alexandra Wendel et son fils Lucien. © Delphine Chappaz

Lucien incarne la théo­rie de la prise de conscience de Jean-Yves : « J’ai regardé un repor­tage sur une femme indienne [Vandana Shiva, ndlr]. Là-bas, la plu­part des fer­miers sont assez pauvres. Monsanto leur a vendu des graines en leur fai­sant croire qu’ils auront plus de ren­de­ment dans la culture de coton. Sauf que c’est une vraie arnaque et beau­coup d’Indiens se sont sui­ci­dés depuis ça. »

En effet, entrer dans le sys­tème Monsanto signi­fie devoir rache­ter, chaque année, des semences deve­nues sté­riles car géné­ti­que­ment modi­fiées. Un sys­tème per­vers qui rend les agri­cul­teurs dépen­dants de la firme nord-amé­ri­caine. En venant mar­cher auprès de sa mère, Lucien a un espoir : « que Monsanto arrête de vendre ses graines OGM hybrides »… Voilà en tout cas une graine bien fer­tile de mili­tant en herbe.

Vous êtes consom­ma­teurs, vous avez du pouvoir !

Après deux heures de marche, voilà les mani­fes­tants arri­vés au pied de la tour Perret, mar­quant la fin de la mani­fes­ta­tion. Avant que les par­ti­ci­pants ne se dis­persent, Nadège Azarias, co-orga­ni­sa­trice de l’é­vè­ne­ment et maraî­chère en agri­cul­ture bio­lo­gique à Montbonnot-Saint-Martin, prend la parole.

Nadège Azarias productrice maraîchère en agriculture biologique à Montbonnot St M%artin et co-organisatrice de la marche - crédit Delphine Chappaz

Nadège Azarias, co-orga­ni­sa­trice de la marche. © Delphine Chappaz

Elle tient notam­ment à rap­pe­ler que la marche était tota­le­ment apo­li­tique. Précision néces­saire puisque plu­sieurs par­tis poli­tiques se sont joints osten­si­ble­ment à l’é­vé­ne­ment. Elle encou­rage éga­le­ment tout le monde à faire jouer son pou­voir de consommateur.

« Nous sommes vrai­ment contents de la mobi­li­sa­tion des gens aujourd’­hui mais nous espé­rons aussi que ceux qui nous ont vu pas­ser ont com­pris pour­quoi nous mani­fes­tions », confiera-t-elle plus tard en aparté. « Parce que l’ob­jec­tif était aussi de sen­si­bi­li­ser ce public qui n’est pas averti et lui faire com­prendre que Monsanto est dans sa vie de tous les jours. »

Et celle-ci de prendre pour exemple l’ab­sence d’é­ti­que­tage indi­quant l’o­ri­gine du soja qui nour­rit les ani­maux d’é­le­vage. Dans ces condi­tions, rien n’in­dique qu’il s’a­git de soja sud-amé­ri­cain OGM.

crédit Delphine Chappaz

© Delphine Chappaz

« Au niveau poli­tique, c’est com­pli­qué. Il y a les lob­bies, les pres­sions, les quo­tas etc. Donc, c’est nous, les consom­ma­teurs, en choi­sis­sant notre mode de consom­ma­tion, qui pou­vons faire bou­ger les choses », assure Nadège Azarias. Car il ne suf­fit pas de marcher…

Delphine Chappaz

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DC

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