REPORTAGE VIDÉO – Pour les 25 ans du Samu social et ses maraudes, l’association Vinci-Codex organisait, ce jeudi 21 mai, « La nuit de l’engagement » sur le site de la Bastille à Grenoble. Une soirée festive et conviviale qui poursuivait le double objectif de réunir anciens et futurs bénévoles et d’échanger sur la cruciale nécessité de l’engagement.
Environ 300 personnes ont bravé une météo vraiment pas engageante pour se rendre à la soirée qui se déroulait salle Lesdiguières. Pour l’occasion, l’organisation, optimiste, avait pourtant réservé quatre cents allers-retours gratuits en téléphériques.
Dans l’assistance, éparse au début, des bénévoles bien sûr, des personnes aidées, mais aussi des citoyens venus en soutien ou désireux de s’engager dans les actions de l’association.
Au programme : un grand concert gratuit avec, en toile de fond, le besoin pressant de nouvelles bonnes volontés pour que l’association puisse répondre efficacement à la demande de très nombreux sans-abris.
Un appel à contribution infructueux
L’association Vinci-Codex avait lancé, fin 2014, un appel à contribution sur la plateforme Ulule afin de financer la soirée. Mais sur les 3.500 euros nécessaires, seuls 270 euros ont été collectés.
Pour autant, ce n’est pas vraiment une déception pour Stéphane Gemmani, président-fondateur du Samu social. « C’est peut-être parce qu’on s’y est très mal pris. Je connais très mal le financement participatif », se justifie le président. « Malgré tout, nous avons trouvé un contributeur qui nous a permis de couvrir tous les frais de cette soirée en la personne de Michel Destot – député de la 3e circonscription de l’Isère – qui a pris sur sa réserve parlementaire ». De fait, l’ancien maire de Grenoble était bien présent à cette nuit de l’engagement. A contrario, on a pu noter l’absence d’élus de la municipalité, à l’exception d’Alain Denoyelle, adjoint à l’action sociale, passé en début de soirée.
Quelques images de cette soirée de l’engagement, dont Stéphane Gemmani a rappelé les objectifs, tout en exposant plus largement les besoins de l’association.
Réalisation Joël Kermabon
Une belle aventure mais aussi une frustration
L’association fêtait également un anniversaire important. Imaginez ! vingt-cinq ans, ça fait un bail ! Avec le recul, Stéphane Gemmani avoue une certaine désillusion. « Tout d’abord, ça veut dire que j’ai vingt-cinq ans de plus ! Si j’avais à les résumer, c’est malgré tout une belle aventure humaine mais de façon purement pragmatique, c’est aussi une frustration », confesse le président.
Et d’enchaîner : « Lorsqu’on se retourne sur le passé, on se dit qu’il y a tellement de choses qui n’ont pas évolué qu’on ressent un peu d’amertume là-dessus ». Le fondateur de Vinci-Codex aurait aimé que les préconisations simples et de bon sens qui ont été formulées depuis toutes ces années aient été un peu plus prises en compte au niveau de l’agglomération, de certaines collectivités, « ce qui nous aurait permis de pouvoir générer des outils permettant vraiment à des personnes de s’en sortir vers le haut », regrette-t-il.
Des inégalités accrues
De plus en plus de pauvres, des riches toujours plus riches… Partant de ce constat, Stéphane Gemmani en est convaincu, les actions de terrain sont plus que jamais nécessaires. « C’est vrai qu’il y a une dichotomie à ce niveau-là. Quand on voit des personnes qui sont dans l’opulence et d’autres qui sont de plus en plus dans la détresse, on se dit qu’il y a quelque chose qui est inégal. » Et de poursuivre : « Cependant, le Samu social se situe à un niveau beaucoup plus factuel. Nous sommes dans le quotidien, dans l’action de terrain et nous avons fabriqué et budgétisé des outils, de manière à ce que les collectivités puissent s’en emparer pour les mettre en place ».
L’initiateur des maraudes est persuadé qu’une personne qui est dans la misère à tout d’abord besoin d’avoir un toit au-dessus de sa tête. « Il y a donc besoin de développer des hébergements à taille humaine. Le fait d’avoir un hébergement diffus sur tout un tas de communes ou d’agglomérations permettrait de mieux pouvoir gérer ces personnes de façon qualitative », plaide-t-il. Et d’assurer que, si on le développe à une échelle vraiment intercommunale, « la multiplication fera que l’on pourra également gérer le quantitatif ».
Mais l’homme de terrain qu’est Stéphane Gemmani reste très inquiet : « Dans les mois qui viennent, avec ce que l’on connaît, notamment la recrudescence de la demande d’asile et l’explosion de migrants, il va falloir vraiment que les collectivités se prennent en charge à ce niveau là et développent enfin des unités d’accueil à échelle humaine. ».
Joël Kermabon
N.B. : L’article a été modifié mardi 26 mai 2015, afin de signaler la présence d’Alain Denoyelle, adjoint à l’action sociale à la ville de Grenoble, involontairement omise dans la première version.