ÉVÉNEMENT – Geneviève Fioraso, la secrétaire d’État chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, devrait très prochainement quitter le gouvernement, à en croire lexpress.fr*. Une information qui pose questions sur les raisons de son départ, son état de santé et le nom de son éventuel remplaçant.
Geneviève Fioraso serait sur le départ. © Nils Louna – placegrenet.fr
L’information continue à circuler. Le départ du gouvernement de Geneviève Fioraso, la secrétaire d’État chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, serait imminent, du fait de problèmes de santé.
C’est le magazine l’Express qui l’a annoncé ce 3 mars 2015 sur son site internet. Celle-ci « ne peut plus, pour raisons de santé, assumer ses fonctions » affirme le journal. Une information qui jusqu’alors n’a pas été confirmée en haut lieu, que ce soit par communiqué ou par son cabinet, sollicité par nos soins.
Un état de santé préoccupant
Ses problèmes de santé ne sont pas une surprise. Geneviève Fioraso les avait déjà portés à la connaissance du public en début d’année. Au mois de février dernier, la secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et la Recherche annonçait ainsi, dans un communiqué de presse du ministère, vouloir « réduire ses activités pour des raisons de santé ». Une décision qui avait été prise d’un commun accord avec François Hollande, Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem, sa ministre de tutelle.
Jean-Jack Queyranne, Geneviève Fioraso et Jean Therme, lors de la visite d’une plateforme de nanosécurité.
Mais si l’ex-élue grenobloise et ancienne députée de l’Isère, âgée de 60 ans, a pu jusqu’alors continuer d’assumer ses fonctions, son état de fatigue, lié à « une grave maladie » selon France bleu, ne le lui permettrait plus. Aucune autre information n’a toutefois filtré.
Le président de la République risquant fort d’effectuer un (léger) remaniement juste après les élections départementales, ce sera sans doute le moment idéal pour que la secrétaire d’État tire sa révérence. Son siège serait alors pris en charge par sa ministre de tutelle, Najat Vallaud-Belkacem. Geneviève Fioraso pourrait également être remplacée par le député-maire de la première circonscription de la Vienne, Alain Claeys, déjà pressenti pour ce poste selon L’Express. L’option choisie devrait être confirmée à l’occasion des prochains conseils des ministres.
Le coup de grâce de Médiapart ?
Difficile également de ne pas rapprocher ce départ envisagé de Geneviève Fioraso de la récente affaire de « diplômes imaginaires » – récemment révélée par Médiapart –, qui a contribué à fragiliser la secrétaire d’État, ces derniers jours. Celle-ci aurait en effet laissé croire qu’elle était titulaire de deux maîtrises, une d’anglais et une d’économie, alors qu’elle n’en possédait qu’une d”« anglais option économie ».
© Véronique Serre
Bien que Geneviève Fioraso ait eu à s’expliquer sur la question dans la presse, elle s’est dite « scandalisée » par les accusations qui lui étaient faites. Et s’est montrée quelque peu affectée par les attaques qui s’en sont suivies. Notamment parmi les chercheurs et les universitaires.
Mise en cause quelques semaines plus tôt par les économistes atterrés – qui lui reprochaient son soutien aux économistes orthodoxes, pour s’être opposée à la création d’une section « Économie et société » aux côtés de l’actuelle section « Sciences économiques » représentée au Conseil national des universités – celle-ci aura peut-être, dans une période de fragilité, finalement préféré accélérer son départ.
Paul Turenne, avec Corinne Sambeligue
* N.B. : Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement a confirmé l’information ce mercredi 4 mars 2015, à la sortie du conseil des ministres.
SA BIO EN BREF
Jean-Marc Ayrault, Fleur Pellerin, Geneviève Fioraso et Arnaud Montebourg à STMicroelectronics pour le lancement de Nano 2017. © Muriel Beaudoing – placegrenet.fr
Professeur d’anglais à ses débuts, Geneviève Fioraso doit son entrée en politique à Hubert Dubedout, ancien maire de Grenoble. Chargée d’information et responsable de la documentation-presse au cabinet du maire, elle est en effet devenue son assistante parlementaire en 1983 et est entrée la même année au Parti socialiste.
Ayant fait partie, aux côtés de Michel Destot, de l’équipe de direction de la startup Corys, essaimée du CEA, celle-ci est naturellement devenue sa directrice de cabinet lorsqu’il a été élu maire de Grenoble en 1995.
Économie, enseignement, recherche
Après avoir été adjointe à l’économie, à l’innovation, au commerce et à l’artisanat de la ville de Grenoble, et 1ère vice-présidente de la Métro, chargée du développement économique, de l’industrie, de la recherche et de l’innovation de 2001 à 2012, Geneviève Fioraso a été adjointe chargée de l’université, de la recherche, de l’économie et des relations internationales, de 2008 à 2012.
Elle a également été, de 2003 à mai 2012, présidente-directrice générale de la Sem Minatec Entreprises, plateforme de valorisation industrielle consacrée aux micro et nanotechnologies.
Élue députée en 2007, face à Alain Carignon dans la Première circonscription de l’Isère, Geneviève Fioraso l’est restée jusqu’en 2012.
Nommée en mai 2012 ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, Geneviève Fioraso est à l’origine de la loi d’orientation pour l’Enseignement supérieur et la Recherche. Devenue, en 2014, secrétaire d’État chargée du même ministère, dans le cadre des gouvernement de Manuel Valls I puis Valls II, elle a notamment œuvré à l’amélioration des droits des stagiaires.