FOCUS – Après le drame de Charlie Hebdo et les interrogations qu’il a suscitées, voici venu le temps de l’action pour Go Citoyenneté… et de la communication. A l’orée des élections cantonales, le mouvement politique manifeste son souhait d’aller de l’avant en adoptant une nouvelle dynamique. L’occasion aussi de tirer un premier bilan, tout en demi-teinte, des neuf premiers mois de l’équipe de Éric Piolle.
« Un habitant sur quatre de Grenoble est descendu dans la rue le dimanche 11 janvier, c’est énorme ! »
Sylvie Barnezet, coprésidente de Go Citoyenneté, l’affirme haut et fort : « Face aux questions qui restent désormais posées, il ne peut y avoir que des réponses sécuritaires ou des réponses qui reposent sur la lutte contre les inégalités ». Pour Go citoyenneté, l’événement a révélé les tensions qui existent dans certains quartiers. D’où la nécessité de créer des espaces de débats et d’échanges.
Sortir de l’entre-soi
L’heure du renouveau a‑t-elle sonné ? Go citoyenneté, qui veut y croire, envisage plusieurs axes. Notamment, renouer le contact avec les collectifs d’habitants, les associations et les jeunes. Mais aussi recréer des liens avec les citoyens qui n’ont pas voix au chapitre et favoriser l’interculturalité. « Être dans la proximité au quotidien, c’est quelque chose que nous avons commencé à retravailler en favorisant l’accompagnement et le lien vers le politique » explique Sylvie Barnezet.
Go citoyenneté ne piétinerait-il pas les plates-bandes des conseils citoyens, si chers à l’actuelle majorité ? Paul Bron, conseiller municipal de l’opposition de gauche, s’en défend, avec un tacle au passage. « Nous pensons que les conseils citoyens sont plutôt une bonne chose mais nous ne sommes pas dans la logique de participer à des collectifs où l’on ne retrouverait que des militants ou des membres de réseaux ».
L’élu parle en connaissance de causes, puisqu’il fait partie de la commission extra-municipale mise en place courant décembre. « A partir de là, deux solutions sont possibles : le tirage au sort ou bien l’invention d’autres formes de communication – ce que la ville n’a pas fait – pour aller au contact de groupes ou d’associations qui ne pensent pas comme eux. » Bref, sortir de l’entre-soi, selon l’élu. « Nous voulons permettre à la population de pouvoir se mélanger et s’entendre, dans sa diversité, et multiplier les espaces de discussion, notamment à travers des collectifs interculturels » renchérit Bahija Ferhat.
Autre axe de travail : la mise en place d’une plateforme citoyenne de l’agglomération grenobloise, pour ne pas être « à l’étroit » à Grenoble. « Les enjeux politiques de la vie de tous les jours ne se situent pas uniquement sur l’échelle d’une commune. »
« Une majorité plus écolo que sociale »
Avant les choix budgétaires cornéliens qui devront être faits en février, Go citoyenneté dresse le bilan des neuf premiers mois de l’équipe Piolle. Des bons points, des couacs et des incertitudes. « Notre constat c’est qu’en fait nous avons une majorité bien plus écolo que sociale » commente Paul Bron.
Et d’enfoncer le clou : « l’accent est certes mis sur la démocratie locale mais cette majorité ne donne pas de signes spécifiques de la lutte contre l’inégalité sociale, économique et éducative. Ils n’ont pas de plus-value dans ce domaine-là. Dans le domaine social, nous sommes plus à gauche qu’eux ».
Si le mouvement de gauche a bien acté le maintien des subventions du CCAS, il déplore qu’elles n’aient pas été augmentées, ainsi que l’absence de nouvelles mesures sociales. Paul Bron pointe également le peu de soutien à l’activité économique et les manquements en matière éducative, tels l’échec scolaire de 2 500 élèves grenoblois. Des choix budgétaires pourraient-ils venir le contredire ? L’élu en doute au vu de la baisse annoncée des dotations de l’État.
Pour autant, pas question d’insulter l’avenir dans le contexte du nouveau découpage des cantons et la mise en place de la Métropole. Alors que les élections départementales de mars approchent à grand pas, Go citoyenneté vient de lancer un appel au rassemblement. Avec un objectif : dépasser « concrètement l’équilibrage politique traditionnel » pour constituer une liste de rassemblement des gauches de Grenoble.
Joël Kermabon
Opposition ? Non, minorité critique
Quid du positionnement actuel de Go citoyenneté sur l’échiquier politique grenoblois ? Sa défaite aux dernières élections municipales n’a pas laissé le mouvement indifférent. Ainsi, un nouveau conseil d’administration a‑t-il été élu et une coprésidence mise en place pour bien refléter son caractère collectif.
« Avec un seul élu, nous sommes plus la minorité critique que l’opposition au sein du conseil municipal » estime Bahija Ferhat, coprésidente du mouvement, dont elle réaffirme, au passage, la spécificité politique. Une posture qui s’avère plus confortable que lorsque Go citoyenneté faisait partie de la majorité socialiste. Du moins est-ce l’avis de Sylvie Barnezet : « quand on a des élus, on est tout de suite en frontal. Là, au moins, cela nous permet une plus grande liberté d’action, de prendre du recul ».