REPORTAGE - Chaque mois, une vingtaine de personnes se retrouvent autour d'un repas pour débattre de l'existence de la vie extraterrestre. Jeudi dernier, elles étaient fidèles au rendez-vous, fixé dans un hôtel restaurant de l’agglomération. Ce soir-là, le petit groupe était venu écouter Jean-Claude Sidoun, un spécialiste reconnu.
Au bar de l'hôtel restaurant, situé en périphérie de Grenoble, les ufologues amateurs affluent ce jeudi soir. Ufologues ? Le terme, qui vient de l'acronyme Ufo pour Unidentified Flying Object (objet volant non identifié en français), désigne les personnes qui étudient le phénomène des ovnis. Tous se saluent, sourires aux lèvres. Depuis quelques années, le petit groupe se retrouve ainsi tous les mois pour des “repas ufologiques”. Un chef d’entreprise, des professeurs… et deux RaéliensCe soir-là, ils sont venus, comme à l’accoutumée sur l’invitation de François Haÿs, initiateur de ces repas informels et coauteur du Guide des livres ufologiques francophones paru en 2005. Aucune structure, serait-ce associative, n'encadre l'activité du petit groupe. Celui-ci se contente d'une liste d'adresse mail et d'un site internet. Dans l’assemblée, beaucoup d’hommes, quelques femmes et une jeune fille. Parmi les participants, Ahmed, professeur d’anglais. Il jette un regard circulaire et analyse : « il y a quelques chômeurs, un chef d’entreprise, des professeurs, des étudiants… Il y a même deux Raéliens » note-t-il en riant. Lui vient pour une raison simple :
Un invité de marque
Ce jeudi, les participants sont venus écouter Jean-Claude Sidoun, un ufologue reconnu qui fut l'un des rares enquêteurs civils à avoir travaillé avec le Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés (Gepan devenu Geipan), un département du Centre national d'études spatiales.Ce passionné d'astronautique étudie attentivement toutes les informations liées aux ovnis, afin de discerner le vrai du faux. « J’ai presque cinquante ans d’ufologie derrière moi » aime à rappeler l'intéressé, comme une caution. Une véritable passion pour un phénomène aux facettes multiples. Pour lui, « oui, les ovnis existent, mais les théories abondent pour expliquer d’où ils viennent ». Il confie toutefois ne jamais avoir vu de tels objets. Peut-être une chance : « Moi, je recherche la vérité. Mais j’ai rencontré des gens emportés par leur imagination après avoir vu des choses… » reconnaît-il.
“J'ai vu une sphère”
Après un moment passé au bar, les participants se rendent à l'étage pour dîner. Ahmed prend place à côté de Fabienne. Ému, il montre le livre dédicacé qu’elle lui a offert : “1942-1954. La Genèse d’un secret d’État” de Jean Gabriel Greslé, un ancien pilote de chasse ufologue. « Il est passé le mois dernier à Grenoble. J’en ai profité » dit-elle en souriant. Fabienne vient ici depuis quelques mois. Ces repas lui permettent de partager ce qu’elle a vu. Une observation énigmatique d’après elle. Après ce contact avec un ovni, Fabienne n’est pas allée à la gendarmerie. « Mon mari est connu dans la commune et ne voulait pas que l’on se couvre de ridicule », explique-t-elle. Ahmed lui conseille alors de contacter le fameux Geipan (cf. encadré), afin de faire une déclaration. Impossible pour Fabienne. « Ils veulent connaître le profil psychologique du témoin. C’est trop intime », juge-t-elle. Durant ces repas ufologiques, elle peut justement partager ses convictions avec des personnes à l’écoute et qui croient à une vie extraterrestre intelligente. Comme François-Marie : Les participants forment ainsi un groupe social à part entière, avec ses normes et ses codes. Ses références aussi : noms de spécialistes, événements marquants… Les approches diffèrent toutefois. Il y a ceux attachés à l’enquête sur le terrain, comme Jean-Claude Sidoun. Et ceux qui se consacrent aux aspects plus spirituels ou à l’histoire du phénomène, comme François-Marie. Mais au final, une même quête les anime tous : la recherche de la vérité. Jean-Baptiste Auduc
Les ufologues officiels Créé en 1977, le Groupe d’études des phénomènes aérospatiaux non identifiés (Gepan) visait à réaliser des études sur le phénomène des ovnis et à coordonner les rapports de la gendarmerie nationale, de l’aviation civile, de l’armée de l’air et de Météo-France. Devenu depuis 2005 le Geipan, le “I” signifiant informations, cet organisme s'emploie à rassembler et à vérifier un maximum de témoignages et tente d’expliquer les phénomènes observés auprès du public.