ENQUÊTE – Dépôts de bilan, chutes de chiffres d’affaires, absence d’indemnisation… Alors que les essais de la ligne E de tramway viennent tout juste d’avoir lieu, la pilule a du mal à passer pour certains commerçants du cours Jean-Jaurès qui ont souffert des travaux. De son côté, le syndicat mixte de transport en commun (SMTC), responsable du chantier, explique ces difficultés par d’autres facteurs comme la crise économique. Tout en défendant la procédure d’indemnisation mise en place.
© Guillaume Rantet – placegrenet.fr
Fournir cinq années de chiffre d’affaires
Il y a quelque temps, elle est venue apporter un dossier d’indemnisation du SMTC à un autre commerçant. Le dossier traîne sur son bureau, sous un tas d’autres papiers. « Je ne me sens pas le courage de le remplir pour sûrement n’avoir rien au bout » raconte le gérant, tout en regardant le dossier d’un air désespéré. « Il faut fournir cinq années de chiffre d’affaires : durant les travaux et sur les trois années antérieures pour voir si c’est lié ».© Guillaume Rantet – placegrenet.fr
Sept commerces indemnisés… sur 110
De son côté, Alizé Bachimon, directeur de cabinet du président du SMTC, affirme que le guide pour riverains professionnels du syndicat mixte a été remis en main propre aux commerçants, au début des travaux. Pour lui, les éléments à fournir et les étapes à franchir sont justifiés. « On est obligé d’étudier l’impact des travaux sur le chiffre d’affaires. C’est tout de même de l’argent public qu’on gère ! ». Et celui-ci de reconnaître que, sur les 110 commerces du périmètre d’indemnisation, vingt seulement ont déposé un dossier, dont sept ont obtenu une indemnisation.© Guillaume Rantet – placegrenet.fr
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« Les travaux sur les portions des contre-allées ont duré moins de trois mois. Il y a une jurisprudence administrative où l’on estime qu’en-deçà de trois mois les commerçants n’ont pas subi un préjudice trop fort » relativise Alizé Bachimon. « Ils auraient dû diviser une enveloppe entre les différents commerçants » regrette une riveraine. Mais « certains n’ont pas été touchés par les travaux » rétorque de son côté le directeur de cabinet. Or pour obtenir des indemnités, il faut prouver l’impact des travaux sur l’activité commerciale. A l’heure des travaux, certains s’en sont mieux sortis que d’autres. « Le timing m’allait bien. Je suis dans une activité saisonnière. Du moment qu’ils ne font pas de travaux en décembre, ça me va », raconte ainsi le chocolatier La Caraque. Lui aussi redoutait une chute de son chiffre d’affaires. Mais aujourd’hui, il se dit satisfait de la manière dont se sont déroulés les travaux : « Les équipes en place étaient soucieuses de l’acheminement des clients. C’était des gens patients et présents. Et on n’a jamais eu, pendant un an, des travaux sur tout le boulevard. Cela n’a jamais été tout bloqué. J’ai aimé cette alternance ». Un avis partagé par le responsable de la droguerie, juste en face. « J’ai trouvé qu’ils faisaient tout ce qu’il fallait pour l’accès ».
« Plus de trottoir pendant six semaines »
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Difficultés de stationnement
Non seulement son magasin a été inaccessible durant deux mois du fait des travaux, mais Michel Anselme a, en plus, souffert pendant six mois de l’absence de places de parking. Et ce n’est pas un cas isolé. De nombreux commerçants se plaignent, comme lui, de la baisse drastique du nombre d’emplacements, le tram ayant en partie remplacé la voiture.Essai lors de l’inauguration de la ligne E du tramway, le 11 mars 2014
Essai lors de l’inauguration de la ligne E du tramway, le 11 mars 2014
La faute aux travaux ou à la crise ?
Un grand nombre de commerçants tiennent les travaux et la transformation du cours pour responsables des fermetures des commerces. Une vingtaine au total. « Il y a même une pharmacie qui a fermé ! » s’exclame le gérant d’intra-muros qui précise qu’elle a été rachetée aux enchères. « Ils veulent retrouver une grande balade sur le cours mais, avec la fermeture des commerces de proximité, les gens vont lécher les vitrines des assurances, des banques, des agents immobiliers… » prédit un autre commerçant énervé.© Guillaume Rantet – placegrenet.fr