REPORTAGE VIDÉO – La galerie Nunc ! présente un nouvel artiste, depuis le 30 janvier. Né à Grenoble, passé par l’école de Design de Lyon, puis par la Nouvelle-Calédonie, Alex Bardel est revenu à ses premières amours, après une phase d’art abstrait et de sculpture : la peinture et l’absurde.
Avec un léger retard, Alex Bardel arrive au vernissage donné en l’honneur de son exposition. Fine barbichette et foulard noué autour du cou, le look est travaillé. Né a Grenoble, celui-ci admet s’être « cassé le plus vite possible ». Une soif de voyage qui l’a mené de 1996 à 2006 en Nouvelle-Calédonie. Pour mieux revenir car, aujourd’hui, son atelier de peinture se trouve en plein cœur de la capitale des Alpes. Nunc ! expose les coups de cœur de Eugénie Fauny, la galeriste. Les lieux sont souvent envahis de tags ou de street-art. Ce soir, les peintures accrochées au mur sont toutes bleues. Un bleu de mer qui tient une grande place dans la vie de l’artiste. « Ce bleu-vert, c’est la Nouvelle-Calédonie. Après être resté un moment sur cette île, j’ai eu le besoin de partir, mais cette couleur reste ».Vivre de ses peintures
Artiste hétéroclite, Alex Bardel a pratiqué la sculpture, la peinture abstraite en grand format et exposé partout dans le monde. A 48 ans, de retour au bercail, il donne à sa carrière une tournure plus commerciale. Son objectif : vendre pour pouvoir vivre de son art. « Avant, je faisais des petits boulots pour subsister en parallèle de mes peintures. Maintenant, je veux vivre de ces peintures » assure l’artiste. D’où les petits formats de ses toiles. On est loin de ses œuvres en quatre mètres par trois d’antan, type décor de cinéma. Les œuvres aussi ont changé. L’univers de l’artiste est ainsi passé de l’abstrait total dans les années 90 à du figuratif plus accessible. « L’abstrait est passé de mode. J’ai décidé de me tourner vers mes premières amours » explique-t-il, rêveur, devant l’une de ses toiles.Effets de superposition
Sa peinture, il la rapproche de ses jeux d’enfance : « je faisais des collages en créant de fausses publicités. J’aime beaucoup cet effet de superposition. » Il cite alors Erró, artiste post-moderne islandais spécialisé dans ce genre. Mais pour Alex Bardel, cette technique crée des limites artistiques. « Lorsque le collage est fini, il n’y a pas de moyen de retoucher l’œuvre. Moi, j’ai envie de continuer de les travailler. Je crée un découpage » confie l’artiste. Sa peinture déjantée, teintée d’américanophilie, met en scène des hommes en costard-cravate près de personnages de comics. Le bleu de l’océan de Nouvelle-Calédonie devient ainsi le cadre à des scènes figuratives, mêlant excès de consommation et chute de l’Amérique idéalisée, renversée par le géant chinois. « Je n’ai jamais mis les pieds là-bas. Ce serait une grande découverte pour moi », reconnaît l’artiste. Une œuvre illustre à merveille ce changement géopolitique : « Casser ». Jean-Baptiste Auduc Réalisation Auduc JBExposition à la galerie Nunc ! jusqu’au 28 février 2014 7 rue Génissieu, 38000 Grenoble