ENQUÊTE – Les pompiers professionnels de l’Isère n’abandonnent pas leur combat. Depuis le 27 décembre dernier, ils restent mobilisés contre l’augmentation de leur temps de travail actée lors de la dernière réunion du conseil d’administration du Sdis 38. Dans les casernes, c’est un ras-le-bol général qui s’exprime contre la politique mise en place par la direction depuis quelques années.
Depuis quelques semaines, certaines organisations syndicales du Sdis 38 réclament la démission de leurs dirigeants.
La tension monte d’un cran
Manifestation de pompiers du Sdis 38 devant la préfecture de l’Isère, le 27 décembre dernier. DR
Quentin Charron, sur son lit d’hôpital. DR
Réalisation : JK Production.
L’effort de trop « Faire 67 heures de plus par an, ce n’est pas la fin du monde », reconnaît Manuel Coullet. « Le vrai problème, c’est que notre point d’indice de salaire n’a pas bougé depuis quatre ans. Notre projection de carrière non plus. Et maintenant on va nous demander de travailler encore un peu plus », dénonce-t-il. La décision de la direction du Sdis passe d’autant plus mal auprès des syndicats qu’elle remet en cause un protocole d’accord de l’aménagement du temps de travail. Négocié en 1999 avec les pompiers du Sdis 38, celui-ci leur permettait d’effectuer 1 540 heures au lieu de 1 607. « Il s’agissait de compenser les jours fériés travaillés sans rémunération supplémentaire », précise Thierry Granger pour l’intersyndicale CGT – Syndicat autonome (SA) des sapeurs-pompiers du Sdis 38.La décision de la direction du Sdis passe d’autant plus mal auprès des syndicats qu’elle remet en cause un protocole d’accord de l’aménagement du temps de travail.
Ras-le-bol dans les casernes
« Cela fait 23 ans que je suis sapeur-pompier professionnel et je n’ai jamais vu un tel malaise », lâche Thierry Granger, pour l’intersyndicale CGT – SA. Et de décrire des conditions de travail détériorées au quotidien dans les casernes, avec la disparition progressive des pompiers professionnels dans certaines d’entre elles.« Certaines casernes ne fonctionnent pratiquement plus qu’avec des pompiers volontaires », confie un pompier, lui-même volontaire depuis sept ans.
Les officiers prennent le pas
Du côté des cadres du Sdis, le mécontentement était, jusque-là, plutôt contenu. Mais, depuis quelques semaines, certains cadres sont, eux aussi, sortis de leur réserve. En atteste ce courrier que nous nous sommes procuré (ci-contre), signé de la main du président du Conseil d’administration du Sdis 38, Jean-François Gaujour, le 12 décembre dernier. Ce dernier s’offusque contre les « conclusions du compte-rendu de la rencontre avec les représentants d’Avenir Secours (ndlr : syndicat des cadres) qui reflètent de manière partiale la réalité des échanges qui ont eu lieu, s’agissant notamment de la façon dont est dirigé le service ». « Les cadres sont arrivés à un point tel qu’ils ont estimé qu’il était temps de s’exprimer sur l’ambiance qui règne actuellement dans les services à l’égard de la direction », confie un pompier professionnel cadre du Sdis 38. Un soutien confirmé par Manuel Coullet, représentant syndical Sud : « La nouveauté cette année, c’est qu’un certain nombre d’officiers se sont liés à nous pour nous soutenir ».Le dialogue toujours dans l’impasse
© Véronique Serre – placegrenet.fr
Xavier Bonnehorgne
* Les personnes citées ont préféré garder l’anonymat. A lire aussi sur Place Gre’net : Marche silencieuse en hommage à Quentin