ENTRETIEN – Premier candidat déclaré depuis avril dernier pour l’élection municipale de Grenoble en 2014, Gilles Dumolard et sa colistière Catherine Ostin plaident pour une industrialisation du bassin grenoblois et davantage d’intérêt pour les questions de sécurité. Si les thèmes de campagne sont semblables à ceux portés par les candidats de droite à la primaire, l’ancien président de la chambre de commerce et d’industrie de Grenoble a refusé d’y participer et s’amuse des complications qu’elle subit actuellement. Pour autant, il n’en oublie pas ses réels opposants politiques que sont les écologistes.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé, lundi, la participation de l’Etat à hauteur de 600 millions d’euros dans le projet Nano 2017 de STMicroelectronics. Cet investissement d’avenir, qui profitera à des entreprises iséroises, vous satisfait-il ? C’est le Premier ministre qui l’a annoncé, mais c’est en réalité Geneviève Fioraso, qui a permis cette enveloppe, que je félicite. C’est l’avantage d’avoir une ministre grenobloise au gouvernement. Mais ce que je souhaite, c’est que cela débouche sur de la création d’entreprises et d’emplois dans l’agglomération pour produire ici les brevets qui sont déposés. Brun, Lustucru, Cémoi… L’industrie grenobloise nécessitant divers niveaux de qualifications a disparu. Ce serait le moyen de la relancer. Mais cela pose la question de l’accessibilité à Grenoble, puisque les industriels refusent de s’installer dans une ville congestionnée. A ce propos, le prolongement de l’A51 a été enterré, fin juin, par la commission mobilité 21. De quelle marge de manœuvre disposeriez-vous pour faire avancer ce projet qui vous tient à cœur ? Lorsqu’on a une liberté politique et que l’on n’est pas soumis à l’autorité d’un parti, on peut faire changer les choses. Ce n’est pas le cas des élus actuels. Ce que je constate, c’est que rien n’a avancé depuis quinze ans et que la ville n’en est pas moins polluée. Tout cela à cause de quelques militants écologistes. La sécurité, le développement de l’industrie, l’accessibilité… Vos priorités recoupent celles des candidats de la primaire de la droite. Qu’est-ce qui vous démarque d’eux, finalement ? Nous avons été sollicités pour cette primaire « ouverte » de la droite, mais j’ai refusé d’y participer car c’est aux Grenoblois de porter leur confiance et non pas seulement à quelques militants. Je constate d’ailleurs que Jérôme Ripoll quitte la primaire et que Denis Bonzy prend ses distances. Tous les deux se réclament désormais de la société civile parce que les citoyens ne font plus confiance aux hommes politiques de carrière. Nous affichons le sérieux de notre candidature par notre linéarité. Nous n’avons jamais changé de positionnement. On me prête une volonté d’union avec Michel Destot un jour, puis le suivant avec Alain Carignon, mais je suis toujours dans la course et ce sera le cas jusqu’aux municipales. Plus que les socialistes, ce sont les Verts qui sont vos adversaires politiques, n’est-ce pas ? Les écologistes n’ont pas une position pragmatique mais idéologique. Dominique Voynet a bloqué, lors de son arrivée au ministère de l’Aménagement du territoire en 1997, les trois dossiers de l’A51, du canal Rhin-Rhône et de Superphénix. Ce sont près de 4 000 emplois qui ont été balayés en une matinée. Sans compter l’activité économique que cela aurait pu représenter. Tout le monde souhaite préserver les fleurs et les grenouilles, mais on ne se nourrit pas de fleurettes. Propos recueillis par Victor Guilbert L’entretien a été réalisé à Grenoble, le jeudi 25 juillet, dans le local de campagne de Gilles Dumolard. Il n’a pas été soumis à relecture. - Consultez ici les autres entretiens politiques du Dimanche de Place Gre’net.
Aujourd’hui âgé de 72 ans, Gilles Dumolard s’est lancé en politique après une carrière consacrée à l’entrepreneuriat et à l’activité économique. Dirigeant d’une entreprise spécialisée en chauffage et sanitaire entre 1973 et 2002, il a également été président de la fédération iséroise du BTP de 1998 à 2003.
Un temps engagé au Medef, puis juge au tribunal de commerce de Grenoble, ce passionné de rugby a ensuite été, de 2004 à 2010, président de la chambre de commerce et d’industrie de Grenoble. Encarté à l’UMP38 pendant six mois seulement en 2009, il a quitté ce parti « qui n’avait pas fait preuve de discrétion sur cette adhésion ».
Vous avez récemment adressé un tract à tous les Grenoblois. Aucune trace de programme, mais un appel à vous rejoindre lancé à « ceux qui en ont marre des discours politiciens ». Le rassemblement « transpartisan » est-il politiquement plus porteur que les propositions ?
Nous souhaitons que la mairie de Grenoble revienne à des Grenoblois. Notre deuxième volonté, c’est de l’écarter des partis politiques qui bloquent successivement la situation. Nous nous moquons des intérêts partisans. Le rassemblement est primordial car Grenoble est une ville très hétérogène, composée de chercheurs très qualifiés, d’un important milieu universitaire et d’une multitude de communautés étrangères. Nous ne portons aucun regard sur l’engagement politique des personnes qui souhaitent s’engager avec nous, mais nous souhaitons en revanche qu’elles soient actives à Grenoble et qu’elles s’intéressent à la ville. Les membres de notre liste devront s’engager à se consacrer uniquement au mandat municipal, si nous sommes élus. La remise en état de Grenoble nécessite beaucoup de travail. Il faudra donc être disponible.
Le mandat municipal est-il le plus adéquat pour sortir des lignes de partis ?
Evidemment. Nous représenterons l’ensemble de la ville sans nous arrêter à des intérêts politiques, économiques ou ethniques. Nous cohabitons tous et avons donc le droit d’être représentés. Par exemple, je ne suis pas un grand défenseur du « monde maghrébin », mais j’en aurai des représentants sur ma liste. Grenoble est une ville cosmopolite et de nombreuses communautés ont décidé de s’installer durablement ici. J’ai connu les différentes vagues d’immigration : italienne durant l’après-guerre, maghrébine dans les années 60… C’est aujourd’hui celle des chercheurs américains ou asiatiques. De la même manière, nous ne devons pas représenter seulement les professeurs et les fonctionnaires, mais aussi les chefs d’entreprises et les employés, car ce sont eux qui créent de l’activité économique et de l’emploi.
Du fait de votre parcours, vous avez cependant un positionnement politique marqué comme libéral. Êtes-vous donc le meilleur représentant de l’esprit « transpartisan » que vous revendiquez ?
Mon parcours est un atout. Quand j’étais président du BTP isérois, les chefs d’entreprises avaient des opinions politiques différentes, mais je suis parvenu à les unir pour développer le secteur et créer de l’emploi. J’ai commencé de travailler à Grenoble en 1965, à l’époque où la ville était en plein développement industriel et universitaire. C’était la grande époque du campus, du synchrotron, du CEA et des Jeux olympiques, qui ont été une formidable vitrine pour la ville. Le célèbre journaliste Raymond Marcillac, qui couvrait les JO, m’avait déclaré à l’époque qu’il n’avait jamais vu une ville qui se levait plus tôt et se couchait plus tard que Grenoble. Aujourd’hui, Grenoble n’est plus une ville dynamique.
D’autres constats d’échec vous poussent-ils à vous engager en politique ?
La sécurité est également une préoccupation majeure. Personne ne peut apprécier une ville dans laquelle on ne se sent pas en confiance. Il faut rassurer la population. Plusieurs pistes de travail sont possibles, comme l’armement des policiers municipaux ou la vidéosurveillance. Mais ces mesures ont un coût pour le contribuable qu’il faut chiffrer. La sécurité est aussi primordiale pour le maintien des commerces dans la ville. Les commerçants se sentent aujourd’hui menacés et rechignent à s’installer.Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé, lundi, la participation de l’Etat à hauteur de 600 millions d’euros dans le projet Nano 2017 de STMicroelectronics. Cet investissement d’avenir, qui profitera à des entreprises iséroises, vous satisfait-il ? C’est le Premier ministre qui l’a annoncé, mais c’est en réalité Geneviève Fioraso, qui a permis cette enveloppe, que je félicite. C’est l’avantage d’avoir une ministre grenobloise au gouvernement. Mais ce que je souhaite, c’est que cela débouche sur de la création d’entreprises et d’emplois dans l’agglomération pour produire ici les brevets qui sont déposés. Brun, Lustucru, Cémoi… L’industrie grenobloise nécessitant divers niveaux de qualifications a disparu. Ce serait le moyen de la relancer. Mais cela pose la question de l’accessibilité à Grenoble, puisque les industriels refusent de s’installer dans une ville congestionnée. A ce propos, le prolongement de l’A51 a été enterré, fin juin, par la commission mobilité 21. De quelle marge de manœuvre disposeriez-vous pour faire avancer ce projet qui vous tient à cœur ? Lorsqu’on a une liberté politique et que l’on n’est pas soumis à l’autorité d’un parti, on peut faire changer les choses. Ce n’est pas le cas des élus actuels. Ce que je constate, c’est que rien n’a avancé depuis quinze ans et que la ville n’en est pas moins polluée. Tout cela à cause de quelques militants écologistes. La sécurité, le développement de l’industrie, l’accessibilité… Vos priorités recoupent celles des candidats de la primaire de la droite. Qu’est-ce qui vous démarque d’eux, finalement ? Nous avons été sollicités pour cette primaire « ouverte » de la droite, mais j’ai refusé d’y participer car c’est aux Grenoblois de porter leur confiance et non pas seulement à quelques militants. Je constate d’ailleurs que Jérôme Ripoll quitte la primaire et que Denis Bonzy prend ses distances. Tous les deux se réclament désormais de la société civile parce que les citoyens ne font plus confiance aux hommes politiques de carrière. Nous affichons le sérieux de notre candidature par notre linéarité. Nous n’avons jamais changé de positionnement. On me prête une volonté d’union avec Michel Destot un jour, puis le suivant avec Alain Carignon, mais je suis toujours dans la course et ce sera le cas jusqu’aux municipales. Plus que les socialistes, ce sont les Verts qui sont vos adversaires politiques, n’est-ce pas ? Les écologistes n’ont pas une position pragmatique mais idéologique. Dominique Voynet a bloqué, lors de son arrivée au ministère de l’Aménagement du territoire en 1997, les trois dossiers de l’A51, du canal Rhin-Rhône et de Superphénix. Ce sont près de 4 000 emplois qui ont été balayés en une matinée. Sans compter l’activité économique que cela aurait pu représenter. Tout le monde souhaite préserver les fleurs et les grenouilles, mais on ne se nourrit pas de fleurettes. Propos recueillis par Victor Guilbert L’entretien a été réalisé à Grenoble, le jeudi 25 juillet, dans le local de campagne de Gilles Dumolard. Il n’a pas été soumis à relecture. - Consultez ici les autres entretiens politiques du Dimanche de Place Gre’net.