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« Je suis tou­jours dans la course »

« Je suis tou­jours dans la course »

ENTRETIEN – Premier can­di­dat déclaré depuis avril der­nier pour l’élection muni­ci­pale de Grenoble en 2014, Gilles Dumolard et sa colis­tière Catherine Ostin plaident pour une indus­tria­li­sa­tion du bas­sin gre­no­blois et davan­tage d’intérêt pour les ques­tions de sécu­rité. Si les thèmes de cam­pagne sont sem­blables à ceux por­tés par les can­di­dats de droite à la pri­maire, l’ancien pré­sident de la chambre de com­merce et d’industrie de Grenoble a refusé d’y par­ti­ci­per et s’amuse des com­pli­ca­tions qu’elle subit actuel­le­ment. Pour autant, il n’en oublie pas ses réels oppo­sants poli­tiques que sont les écologistes.
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Aujourd’hui âgé de 72 ans, Gilles Dumolard s’est lancé en poli­tique après une car­rière consa­crée à l’en­tre­pre­neu­riat et à l’activité éco­no­mique. Dirigeant d’une entre­prise spé­cia­li­sée en chauf­fage et sani­taire entre 1973 et 2002, il a éga­le­ment été pré­sident de la fédé­ra­tion isé­roise du BTP de 1998 à 2003.
Un temps engagé au Medef, puis juge au tri­bu­nal de com­merce de Grenoble, ce pas­sionné de rugby a ensuite été, de 2004 à 2010, pré­sident de la chambre de com­merce et d’industrie de Grenoble. Encarté à l’UMP38 pen­dant six mois seule­ment en 2009, il a quitté ce parti « qui n’avait pas fait preuve de dis­cré­tion sur cette adhésion ».

Vous avez récem­ment adressé un tract à tous les Grenoblois. Aucune trace de pro­gramme, mais un appel à vous rejoindre lancé à « ceux qui en ont marre des dis­cours poli­ti­ciens ». Le ras­sem­ble­ment « trans­par­ti­san » est-il poli­ti­que­ment plus por­teur que les propositions ?
Nous sou­hai­tons que la mai­rie de Grenoble revienne à des Grenoblois. Notre deuxième volonté, c’est de l’écarter des par­tis poli­tiques qui bloquent suc­ces­si­ve­ment la situa­tion. Nous nous moquons des inté­rêts par­ti­sans. Le ras­sem­ble­ment est pri­mor­dial car Grenoble est une ville très hété­ro­gène, com­po­sée de cher­cheurs très qua­li­fiés, d’un impor­tant milieu uni­ver­si­taire et d’une mul­ti­tude de com­mu­nau­tés étran­gères. Nous ne por­tons aucun regard sur l’engagement poli­tique des per­sonnes qui sou­haitent s’engager avec nous, mais nous sou­hai­tons en revanche qu’elles soient actives à Grenoble et qu’elles s’intéressent à la ville. Les membres de notre liste devront s’engager à se consa­crer uni­que­ment au man­dat muni­ci­pal, si nous sommes élus. La remise en état de Grenoble néces­site beau­coup de tra­vail. Il fau­dra donc être disponible.
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Le man­dat muni­ci­pal est-il le plus adé­quat pour sor­tir des lignes de partis ?
Evidemment. Nous repré­sen­te­rons l’ensemble de la ville sans nous arrê­ter à des inté­rêts poli­tiques, éco­no­miques ou eth­niques. Nous coha­bi­tons tous et avons donc le droit d’être repré­sen­tés. Par exemple, je ne suis pas un grand défen­seur du « monde magh­ré­bin », mais j’en aurai des repré­sen­tants sur ma liste. Grenoble est une ville cos­mo­po­lite et de nom­breuses com­mu­nau­tés ont décidé de s’installer dura­ble­ment ici. J’ai connu les dif­fé­rentes vagues d’immigration : ita­lienne durant l’après-guerre, magh­ré­bine dans les années 60… C’est aujourd’hui celle des cher­cheurs amé­ri­cains ou asia­tiques. De la même manière, nous ne devons pas repré­sen­ter seule­ment les pro­fes­seurs et les fonc­tion­naires, mais aussi les chefs d’entreprises et les employés, car ce sont eux qui créent de l’activité éco­no­mique et de l’emploi. 
Du fait de votre par­cours, vous avez cepen­dant un posi­tion­ne­ment poli­tique mar­qué comme libé­ral. Êtes-vous donc le meilleur repré­sen­tant de l’esprit « trans­par­ti­san » que vous revendiquez ?
Mon par­cours est un atout. Quand j’étais pré­sident du BTP isé­rois, les chefs d’entreprises avaient des opi­nions poli­tiques dif­fé­rentes, mais je suis par­venu à les unir pour déve­lop­per le sec­teur et créer de l’emploi. J’ai com­mencé de tra­vailler à Grenoble en 1965, à l’époque où la ville était en plein déve­lop­pe­ment indus­triel et uni­ver­si­taire. C’était la grande époque du cam­pus, du syn­chro­tron, du CEA et des Jeux olym­piques, qui ont été une for­mi­dable vitrine pour la ville. Le célèbre jour­na­liste Raymond Marcillac, qui cou­vrait les JO, m’avait déclaré à l’époque qu’il n’avait jamais vu une ville qui se levait plus tôt et se cou­chait plus tard que Grenoble. Aujourd’hui, Grenoble n’est plus une ville dynamique. 
D’autres constats d’échec vous poussent-ils à vous enga­ger en politique ?
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La sécu­rité est éga­le­ment une pré­oc­cu­pa­tion majeure. Personne ne peut appré­cier une ville dans laquelle on ne se sent pas en confiance. Il faut ras­su­rer la popu­la­tion. Plusieurs pistes de tra­vail sont pos­sibles, comme l’armement des poli­ciers muni­ci­paux ou la vidéo­sur­veillance. Mais ces mesures ont un coût pour le contri­buable qu’il faut chif­frer. La sécu­rité est aussi pri­mor­diale pour le main­tien des com­merces dans la ville. Les com­mer­çants se sentent aujourd’hui mena­cés et rechignent à s’installer.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé, lundi, la par­ti­ci­pa­tion de l’Etat à hau­teur de 600 mil­lions d’euros dans le pro­jet Nano 2017 de STMicroelectronics. Cet inves­tis­se­ment d’avenir, qui pro­fi­tera à des entre­prises isé­roises, vous satisfait-il ?
C’est le Premier ministre qui l’a annoncé, mais c’est en réa­lité Geneviève Fioraso, qui a per­mis cette enve­loppe, que je féli­cite. C’est l’avantage d’avoir une ministre gre­no­bloise au gou­ver­ne­ment. Mais ce que je sou­haite, c’est que cela débouche sur de la créa­tion d’entreprises et d’emplois dans l’agglomération pour pro­duire ici les bre­vets qui sont dépo­sés. Brun, Lustucru, Cémoi… L’industrie gre­no­bloise néces­si­tant divers niveaux de qua­li­fi­ca­tions a dis­paru. Ce serait le moyen de la relan­cer. Mais cela pose la ques­tion de l’accessibilité à Grenoble, puisque les
indus­triels refusent de s’installer dans une ville congestionnée. 
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A ce pro­pos, le pro­lon­ge­ment de l’A51 a été enterré, fin juin, par la com­mis­sion mobi­lité 21. De quelle marge de manœuvre dis­po­se­riez-vous pour faire avan­cer ce pro­jet qui vous tient à cœur ?
Lorsqu’on a une liberté poli­tique et que l’on n’est pas sou­mis à l’autorité d’un parti, on peut faire chan­ger les choses. Ce n’est pas le cas des élus actuels. Ce que je constate, c’est que rien n’a avancé depuis quinze ans et que la ville n’en est pas moins pol­luée. Tout cela à cause de quelques mili­tants écologistes. 
La sécu­rité, le déve­lop­pe­ment de l’industrie, l’acces­si­bi­lité… Vos prio­ri­tés recoupent celles des can­di­dats de la pri­maire de la droite. Qu’est-ce qui vous démarque d’eux, finalement ?
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Nous avons été sol­li­ci­tés pour cette pri­maire « ouverte » de la droite, mais j’ai refusé d’y par­ti­ci­per car c’est aux Grenoblois de por­ter leur confiance et non pas seule­ment à quelques mili­tants. Je constate d’ailleurs que Jérôme Ripoll quitte la pri­maire et que Denis Bonzy prend ses dis­tances. Tous les deux se réclament désor­mais de la société civile parce que les citoyens ne font plus confiance aux hommes poli­tiques de carrière.
Nous affi­chons le sérieux de notre can­di­da­ture par notre linéa­rité. Nous n’avons jamais changé de posi­tion­ne­ment. On me prête une volonté d’union avec Michel Destot un jour, puis le sui­vant avec Alain Carignon, mais je suis tou­jours dans la course et ce sera le cas jusqu’aux municipales.
Plus que les socia­listes, ce sont les Verts qui sont vos adver­saires poli­tiques, n’est-ce pas ?
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Les éco­lo­gistes n’ont pas une posi­tion prag­ma­tique mais idéo­lo­gique. Dominique Voynet a blo­qué, lors de son arri­vée au minis­tère de l’Aménagement du ter­ri­toire en 1997, les trois dos­siers de l’A51, du canal Rhin-Rhône et de Superphénix. Ce sont près de 4 000 emplois qui ont été balayés en une mati­née. Sans comp­ter l’activité éco­no­mique que cela aurait pu repré­sen­ter. Tout le monde sou­haite pré­ser­ver les fleurs et les gre­nouilles, mais on ne se nour­rit pas de fleurettes. 
Propos recueillis par Victor Guilbert 
L’entretien a été réa­lisé à Grenoble, le jeudi 25 juillet, dans le local de cam­pagne de Gilles Dumolard. Il n’a pas été sou­mis à relecture.
- Consultez ici les autres entre­tiens poli­tiques du Dimanche de Place Gre’net.  

VG

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