DECRYPTAGE – Le moustique tigre est bel et bien installé en Isère, notamment au sud de l’agglomération grenobloise. A tel point que le département a été classé cette année au niveau 1 du plan national anti-dissémination du chikungunya et de la dengue. Si aucun cas de contamination n’a jusque-là été signalé en Isère, la lutte anti-moustique s’organise…
Aedes albopictus, progresse. Du coup, pour traquer la bête, les pouvoirs publics multiplient les pièges pondoirs, comme sur le campus universitaire de Saint-Martin-d’Hères, où l’un d’eux a été installé le 19 juin dernier.
« Le moustique tigre ne pond pas sur l’eau, ni sur le sol », explique le docteur Gilles Besnard, entomologiste à l’Entente interdépartementale Rhône-Alpes de démoustication (EID), chargée par le Conseil général de la surveillance et de la lutte contre le moustique tigre. « Il pond sur des parois verticales au-dessus de la ligne d’eau. »
Prévenir plutôt que guérir
Les pièges à œufs sont au cœur du dispositif de lutte contre le risque de dissémination de la dengue et du chikungunya, mis en place depuis 2006 par le ministère de la Santé. Une quarantaine de pièges ont ainsi été disséminés sur l’agglomération grenobloise.
« Il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’épidémie de dengue ou de chikungunya », rappelle le sous-préfet David Ribeiro. « Il faut simplement se prémunir, d’autant plus qu’il n’existe pas de vaccination ». Pas de médicaments, pas de vaccins. Pas de risque, non plus, de contamination d’homme à homme, le moustique tigre étant le seul vecteur de ces deux virus.
Chaque année, une vingtaine de cas de dengue ou de chikungunya sont traités au CHU de Grenoble. A chaque fois, il s’agit de virus contractés dans des zones où le moustique tigre circule allègrement : à la Réunion, en Nouvelle-Calédonie… Pour l’heure, aucune personne n’a été piquée et contaminée en Isère, pas plus qu’en Rhône-Alpes. Sur toute la France, seuls quatre cas « autochtones », c’est-à-dire des contaminations sur le territoire-même, ont été signalés dans le sud de la France en 2010 et sans complications majeures.
Il n’empêche, le moustique tigre inquiète. Parce qu’il progresse chaque année un peu plus. Parce que les symptômes, semblables à ceux d’une fièvre aigüe, associés à des douleurs articulaires pour le chikungunya, peuvent parfois se doubler de complications hémorragiques fatales.
Eliminer les eaux stagnantes
Faut-il avoir peur des moustiques ? D’abord, il s’agit d’identifier la petite bête, ce à quoi s’emploie l’Agence régionale de santé (ARS). Petit donc, noir avec des rayures blanches sur l’abdomen et les pattes, il pique essentiellement le matin et le soir. « C’est celui qui vous embête au moment de l’apéro », résume Gilles Besnard. Sa vie nocturne, elle, semble moins trépidante…
Ensuite, pour pouvoir contaminer, le moustique tigre doit lui-même être infecté par le virus de la dengue ou le chikungunya. Et puis, tout le monde ne réagira pas de la même façon. Les signes cliniques apparaissent entre 7 et 15 jours après la piqûre et disparaissent dans la plupart des cas comme ils étaient venus. Sans complications donc… Dans le doute, toute piqûre suivie dans les deux semaines d’un épisode brutal de fièvre, doit amener à consulter.
Avant d’en arriver là, le mieux est donc de se prémunir. D’abord en ne tentant pas la bestiole. Car le moustique tigre a un point faible : comme tout bon moustique, il raffole des eaux stagnantes, lieux de ponte et de repos et donc de multiplication de l’espèce, à raison de 250 œufs tous les deux jours. Ce sont les petites quantités d’eau que le moustique tigre affectionne tout particulièrement : soucoupes remplies d’eau, vases, seaux des enfants dans le jardin, gouttières… Débroussailler, changer l’eau des bacs à fleurs et supprimer les eaux stagnantes sont donc autant de gestes simples à mettre en œuvre.
Toute l’agglomération concernée
A Saint-Martin-d’Hères, la municipalité a pris le problème à bras le corps, notamment en remplissant de sable les coupelles du cimetière pour que les larves ne puissent pas se développer. Il y a quatre ans, la ville consacrait 1 000 euros à la lutte contre le moustique tigre. Cette année, c’est 56 000 euros. « Mais toutes les communes sont concernées par ce dispositif de lutte préventive ! », s’emporte René Proby, maire de Saint-Martin d’Hères. Un combat visiblement isolé, « donc inefficace », pointe celui qui est aussi médecin.
Pour autant, le moustique tigre n’est pas un grand voyageur. « Importé » en Europe à la faveur des voies commerciales internationales, Aedes albopictus est un tantinet casanier, ne se déplaçant guère à plus de 25 à 50 mètres autour de son lieu de naissance. Et rien ne sert de brandir insecticides et autres répulsifs. Outre leurs effets sur la santé humaine, ils ne permettent pas d’éliminer durablement les moustiques. Et si l’on ne parvenait pas à régler le problème à la source ? Ultime conseil de Gilles Besnard : « le mieux est de porter des vêtements amples, longs et couvrants »… Bref, cet été, sortez couverts !
Patricia Cerinsek
S’il est deux fois plus petit que son cousin commun, sa piqûre, potentiel vecteur des virus de la dengue et du chikungunya, est redoutée. Il est né sous les Tropiques mais le climat tempéré de la France lui sied visiblement plutôt bien. Signalé en 2004 pour la première fois en France métropolitaine, dans les Alpes Maritimes, le moustique tigre, arrivé en Isère en 2011, poursuit son chemin dans le département.
A Saint-Martin-d’Hères, Poisat, Eybens, La Tronche ainsi qu’à Corenc pour le sud du département. Mais aussi au Nord, à Saint-Quentin-Fallavier, l’Isle d’Abeau, Romagnieu. Le moustique tigre, de son nom savant Les bons gestes édictés par l’ARS Pour éliminer les larves de moustiques :Pour éliminer les lieux de repos des moustiques adultes :
- Surveiller et éliminer les endroits où l’eau peut stagner : petits détritus, pneus usagés (à remplir de terre s’ils doivent être conservés), les encombrants, les déchets verts.
- Changer l’eau des plantes et des fleurs une fois par semaine ; supprimer les soucoupes des pots de fleurs et remplacer l’eau des vases par du sable humide.
- Vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées. Nettoyer régulièrement gouttières, regards, caniveaux et drainages.
- Recouvrir les réservoirs d’eau (bidons d’eau, citernes et bassins) d’un voile moustiquaire ou d’un simple tissu.
- Couvrir les piscines hors d’usage et évacuer l’eau des bâches ou traiter l’eau.
- Débroussailler et tailler les herbes hautes et les haies.
- Elaguer les arbres.
- Ramasser les fruits tombés et les débris végétaux.
- Réduire les sources d’humidité et notamment limiter l’arrosage.
Une réflexion sur « Haro sur le moustique tigre en Isère »
Comme on dit : vaut mieux prévenir que guérir. Il est très important de mettre en oeuvre rapidement des actions préventives afin d’éviter la prolifération du moustique tigre.