REPORTAGE VIDÉO – L’édition 2015 du festival de la cour du Vieux temple est sur le point de s’achever. À l’occasion de son quinzième anniversaire, plusieurs compagnies locales se sont regroupées pour créer la première adaptation au théâtre de la légende de Zorro. Ce mercredi 26 août, avait lieu la quatrième représentation en deuxième partie d’une soirée très… mexicaine.
La météo est au beau fixe, ce mercredi 26 août. 18 h 30, la cour de l’ancien couvent des Minimes s’emplit peu à peu. Il est encore trop tôt pour la pièce phare de la soirée, El Zorro, mais la première partie consacrée à la musique mexicaine approche.
Au programme, le duo composé d’un mandoliniste et d’un guitariste, Lindo y Querido. Les deux musiciens s’apprêtent à jouer rancheras, cumbias et corridos, issus des répertoires traditionnels mexicain et colombien.
En guise de prologue – c’est désormais une tradition au festival – une visite guidée est proposée au public. Le but ? Lui faire découvrir les coulisses, ce que l’on ne voit jamais : la séance de maquillage, les répétitions… Les visiteurs sont invités à poser des questions aux quelques comédiens mobilisés pour l’occasion.
Le public, bon enfant, se prête volontiers au jeu et participe à quelques ateliers. Après le concert et une collation à la cantina, ce sera au théâtre de prendre le relais avec la pièce phare de cette quinzième édition : El Zorro.
Retour en images sur le déroulement de cette huitième soirée du festival de la cour du Vieux temple.
Réalisation Joël Kermabon
Une forte communauté mexicaine à Grenoble
La musique mexicaine était donc à l’honneur, tant lors du concert que de la représentation de El Zorro, où huit chanteurs et musiciens ont ajouté la petite touche mariachi composant les intermèdes.
« La musique mexicaine est une musique assez peu connue. Nous aimerions la faire découvrir à plus de monde », explique Karol Skotnicki, le guitariste et chanteur du groupe Lindo y Querido. « D’autant que Grenoble compte, chose peu connue, une forte communauté mexicaine ! »
Les deux musiciens souhaiteraient aussi pouvoir se produire avec plus de musiciens, donc plus d’instruments. La formule du duo, bien que plus simple, semble toutefois plus pratique à Stéphane Cezard, le mandoliniste et chanteur du groupe, surtout sur le plan financier.
« Il y a de moins en moins d’argent mais, heureusement, il y a encore pas mal de lieux qui peuvent payer deux musiciens. Et puis cette configuration nous permet de pouvoir jouer facilement dans la rue ».
L’occasion pour les deux artistes de glisser au passage qu’ils se sont échauffés pour le concert en jouant rue Lafayette. Une manière de perpétuer la tradition des chanteurs de rue mexicains ?
Un préambule original
Et Zorro dans tout ça ? Patientez, il va arriver, aurait-on pu dire aux spectateurs impatients ! Ceux qui ont connu Henri Salvador comprendront…
En fait, dès 21 heures, le public était invité, non pas à se rendre sur les gradins mais à se regrouper en fonction du code couleur figurant sur les billets.
Soudain, les projecteurs s’allument et les différentes scènes s’animent. Là, des Indiens invitent le public à imiter la chouette. Plus loin, ce sont des nonnes qui récitent des cantiques, tandis que des soudards manœuvrent, maniant le fleuret. En entrant dans le cloître, on assiste à d’autres saynètes. Le but ? Planter le décor de la pièce qui suivra ce préambule original signé Claude Romanet, le metteur en scène de El Zorro.
Zorro schizophrène ?
Pas moins de trois mois de travail ! C’est le temps qu’a demandé l’adaptation au théâtre du roman de Johnston McCulley par Hélène Van Der Stichele, la créatrice de la compagnie Petits Bâtons Production.
Quid de ce double aspect du personnage de Zorro ? Un psychiatre contemporain le décrirait-il comme souffrant de schizophrénie ? L’auteure prend le parti de dépeindre un être pris à son propre piège. Loin de se couvrir de lauriers, il souffre de la comparaison avec son double jusqu’à en perdre l’amour de sa belle et décevoir son propre père.
Pour autant, il reste le renard masqué (zorro signifie renard en espagnol), l’incarnation de la révolte du peuple mexicain qui se bat contre l’infâme gouverneur Alcazar. Une adaptation, mais aussi un message : « J’ai voulu parler de la solidarité, de la fraternité entre les hommes, les femmes, les générations et les clans », explique Hélène Van Der Stichele.
« J’ai pris quelques coups dans la figure ! »
Spectacle d’envergure réunissant quarante-huit comédiens, musiciens, chanteurs et danseurs sur scène, El Zorro constitue une vraie gageure. D’autant que les acteurs ont dû apprendre l’escrime et Lucas Bernardi pour le rôle principal de Zorro le délicat maniement du fouet.
« Cela m’a pris trois bonnes journées pour parvenir à le faire claquer sans me blesser. J’ai pris quelques coups dans la figure mais ça va ! », plaisante le comédien.
Il ne vous reste plus que deux soirées pour voir El Zorro surgir de la nuit dans la cour du Vieux temple. Et, si vous voulez un scoop, sachez que le sergent Garcia est toujours aussi bête… Vous ne serez pas déçu(e) !
Joël Kermabon