EN BREF – L’Union des entre­prises de proxi­mité (U2P) Auvergne-Rhône-Alpes livre une étude sur la conjonc­ture éco­no­mique au der­nier tri­mestre 2023, avec des volumes d’ac­ti­vité en baisse pour nombre de sec­teurs. L’occasion pour l’or­ga­ni­sa­tion de por­ter un mes­sage très poli­tique, en appe­lant à aider les arti­sans et com­mer­çants pour ne pas prendre le risque de détruire « l’é­co­sys­tème de nos villes et vil­lages ».

La note de conjonc­ture de l’Union des entre­prises de proxi­mité (U2P) Auvergne-Rhône-Alpes pour le qua­trième tri­mestre de l’an­née 2023 se veut réso­lu­ment alar­mante. L’organisation patro­nale, qui repré­sente les sec­teurs de l’ar­ti­sa­nat, du com­merce ali­men­taire de proxi­mité ou encore des pro­fes­sions libé­rales, décrit ainsi une dété­rio­ra­tion de la situa­tion éco­no­mique au niveau natio­nal qui n’é­pargne pas la région.

La conjonc­ture éco­no­mique pour les entre­prises de proxi­mité n’est pas au beau fixe, selon les chiffres de l’U2P. © Corentin Bemol – Place Gre’net

Selon l’U2P, « après une légère reprise au 2^e tri­mestre, l’activité éco­no­mique fran­çaise a conti­nuer de flan­cher sur l’ensemble de la 2^e moi­tié de l’année ». Le contexte ? Une consom­ma­tion des ménages en fin d’an­née certes stable mais « fra­gi­li­sée », un cli­mat des affaires « dété­rioré » et un inves­tis­se­ment qui « flé­chit » en rai­son du relè­ve­ment des taux d’in­té­rêt. « Les TPE, PME et ETI [entre­prises de taille inter­mé­diaire, ndlr] évo­luent donc sur un ter­rain miné », estime l’organisation.

Une conjonc­ture en berne pour la plu­part des sec­teurs de l’U2P

Dans le détail ? Les entre­prises de proxi­mité de la région Aura ont connu une baisse de 0,5 % de leur volume d’ac­ti­vité sur les trois der­niers mois de 2023, com­pa­rés à ceux de 2022. La baisse est tou­te­fois moins impor­tante que sur le ter­ri­toire natio­nal, où elle affiche – 0,9 %. Construction, ali­men­ta­tion et ser­vices connaissent ainsi un volume d’ac­ti­vité en baisse, res­pec­ti­ve­ment de 3,4, 0,7 et 1,1 %. Les pro­fes­sions libé­rales font, elles, figure d’ex­cep­tion avec une hausse de volume de 1,1 %, por­tée par les sec­teurs de la santé et du droit.

Paradoxe en appa­rence : une baisse de volume d’ac­ti­vité ne signi­fie pas une baisse en valeur géné­rée par l’ac­ti­vité. Au contraire, celle-ci est en hausse de 2,3 % sur les trois der­niers mois de 2023, en rai­son de l’in­fla­tion… sans que cette hausse se réper­cute pour autant sur les chiffres d’af­faires. « La situa­tion de tré­so­re­rie des entre­prises de proxi­mité reste dégra­dée. Ainsi, 22% d’entre elles font état d’une dété­rio­ra­tion de leur situa­tion finan­cière », indique l’U2P.

Louis Masson, pré­sident de l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes. © U2P Aura

La situa­tion est-elle sus­cep­tible de s’ar­ran­ger ? Pas si l’on en croit les entre­prises de proxi­mité elles-mêmes. Si 14 % d’entre elles envi­sagent une acti­vité plus sou­te­nue début 2024, 20 % redoutent au contraire une dété­rio­ra­tion, selon l’or­ga­ni­sa­tion patro­nale. Les sec­teurs les plus pes­si­mistes demeurent ceux de l’a­li­men­ta­tion et de la construc­tion. « Le moral des chefs d’entreprise est en berne face à une dimi­nu­tion de leur tré­so­re­rie et à l’augmentation des coûts », ana­lyse Louis Masson, pré­sident de l’U2P Aura.

Un pré­sident qui n’ou­blie pas de por­ter un mes­sage très poli­tique, à l’aune des don­nées chif­frées déli­vrées par son orga­ni­sa­tion. « C’est tout l’écosystème de nos villes et vil­lages qui est menacé. Il est urgent de sim­pli­fier les contraintes et d’ap­por­ter des aides concrètes pour sau­ver les arti­sans, com­mer­çants et pro­fes­sion­nels libé­raux en leur per­met­tant de vivre digne­ment de leur tra­vail pour par­ti­ci­per au dyna­misme de leurs ter­ri­toires », alerte ainsi Louis Masson.