EN BREF – France nature environnement (FNE) Isère est revenue, jeudi 30 mars 2023, sur l’étude de zone du sud grenoblois, close fin 2022. Celle-ci visait à évaluer l’impact de la pollution émise par les activités humaines sur la santé des habitants, notamment des riverains des plateformes chimiques de Jarrie et Pont-de-Claix. Mais, malgré les mesures mises en place par la préfecture, l’association pointe des lacunes et réclame une étude plus approfondie ainsi qu’un réel suivi sanitaire des populations exposées.
Le 28 décembre 2022, la préfecture de l’Isère dévoilait les résultats de l’étude de zone du sud grenoblois. Lancée fin 2012 dans 18 communes, celle-ci concluait à « une compatibilité des usages avec les milieux » mais révélait néanmoins la présence de dioxines dans les sols, plus particulièrement aux abords des plateformes chimiques de Jarrie et Pont-de-Claix. Si des « mesures significatives » ont été engagées, reconnaît France nature environnement Isère, l’association les juge toutefois insuffisantes, dans un communiqué publié jeudi 30 mars 2023.
FNE Isère rappelle tout d’abord que l’industrie chimique de Jarrie et de Pont-de-Claix se trouve sous le feu des projecteurs « avec la parution de rapports inquiétants sur la qualité des eaux souterraines de la métropole grenobloise ». Une référence notamment aux deux études Antea Group et BRGM, qui ont détecté des traces de polluants (chlorates et perchlorates) dans plusieurs puits de captage alimentant en eau potable les habitants de la métropole grenobloise.
La pollution – limitée pour l’instant – serait en effet probablement due aux rejets d’eaux polluées de la plateforme chimique de Jarrie, qui s’effectuent « pile en face du champ captant », selon Anne-Sophie Olmos, vice-présidente au cycle de l’eau de la Métropole.
La préfecture accusée « d’ignorer l’état sanitaire des populations »
Quant à la pollution aux dioxines, celle-ci a donné lieu à des recommandations formulées par l’Agence régionale de santé (ARS), qui s’adressent principalement aux 500 à 700 personnes vivant dans la zone d’une trentaine d’hectares la plus exposée.
Pourtant, d’après FNE Isère, le communiqué préfectoral sur l’étude de zone « ignore totalement l’état sanitaire des populations soumises à une multitude de polluants, et à ses éventuels effets “cocktails” ». Lesquels « constituent la préoccupation majeure des populations locales, clairement exprimée à la dernière réunion publique », en juin 2019, au Pont-de-Claix, affirme-t-elle.
« La lecture attentive de ce rapport montre que quatre cancers sont en “excès significatif” : mésothéliome de la plèvre, cancer colorectal, cancer du rein, cancer de la thyroïde, et un cinquième (cancer du poumon) en “excès probable”. »
L’association déplore qu’il n’y ait « pas de suivi sanitaire » des riverains « malgré des signaux inquiétants ». Elle aborde ainsi l’étude sur les cancers menée en parallèle par Santé publique France dans cette même zone du sud grenoblois – sur la période 2003 – 2013 – et évoquée par la préfecture.
« La lecture attentive de ce rapport montre que quatre cancers sont en “excès significatif” : mésothéliome de la plèvre, cancer colorectal, cancer du rein, cancer de la thyroïde, et un cinquième (cancer du poumon) en “excès probable” », souligne FNE Isère. « Malgré cela, ce rapport conclut que “les cancers n’y sont pas plus fréquents que dans le reste du département”… Phrase reprise directement par le communiqué préfectoral », s’étonne-t-elle.
Au vu des conclusions de ces études et rapports, mais aussi des « lacunes » précitées, l’association « demande le prolongement de cette étude de zone du sud grenoblois par la mise à profit des données collectées ». Ceci « pour engager et poursuivre un suivi épidémiologique des populations exposées ».