FOCUS – La chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble a confirmé, mardi 21 février 2023, le non-lieu du juge d’instruction dans l’affaire de la mort de Jean-Pierre Ferrara. Cet homme de 51 ans avait été abattu devant chez lui, à Échirolles, en 2016, par cinq policiers, intervenus pour une altercation de voisinage. Les forces de l’ordre invoquaient la légitime défense, affirmant que la victime les avait menacées avec une arme de poing. Mais la famille de Jean-Pierre Ferrara dénonçait une « bavure policière ».
C’est peut-être l’épilogue de plus de six ans de procédures judiciaires et de lutte acharnée de la famille de la victime, convaincue de l’existence d’une « bavure policière ». Mardi 21 février 2023, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a confirmé le non-lieu rendu par un juge d’instruction dans l’affaire de la mort de Jean-Pierre Ferrara, 51 ans, abattu devant chez lui par des policiers en 2016, à Échirolles. Une information annoncée ce mardi par Le Dauphiné libéré.
Les faits remontent au 28 octobre 2016. Ce soir-là, la police était intervenue au domicile de ce père de famille, salarié à la Semitag, pour un différend de voisinage. Ce dernier était en effet accusé par un voisin de l’avoir menacé avec une arme de poing, à la suite d’une altercation. Cinq policiers casqués, armés et munis de gilets pare-balles s’étaient donc présentés devant sa maison.
L’arme braquée sur les policiers était en fait un pistolet d’alarme
Que s’est-il passé ensuite ? D’après les témoignages – notamment ceux des gardiens de la paix mis en cause -, Jean-Pierre Ferrara, très alcoolisé, serait sorti dans son jardin et aurait ensuite dégainé une arme de poing qu’il aurait braquée sur les policiers. « Se sentant menacés de mort », selon les mots du procureur de l’époque Jean-Yves Coquillat, ils avaient alors répliqué en ouvrant le feu, blessant mortellement le quinquagénaire.
L’arme brandie par Jean-Pierre Ferrara s’était finalement avérée être un pistolet d’alarme. Quant aux policiers, ceux-ci avaient « tiré avec un fusil d’assaut, trois pistolets automatiques et un taser », avait rapporté le magistrat. Placés en garde à vue immédiatement après les faits, ils avaient été entendus par l’IGPN et par les enquêteurs de la police judiciaire, puis laissés libres.
Le parquet a classé l’enquête sans suite, retenant la thèse de la légitime défense
Les cinq fonctionnaires invoquaient la légitime défense. Une thèse que le parquet de Grenoble avait également retenue, classant l’enquête sans suite en janvier 2017. Mais la famille de Jean-Pierre Ferrara, qui avait organisé une marche blanche, le 26 novembre 2016, à Grenoble, pour réclamer « la vraie justice », était, elle, persuadée d’être en présence d’une « bavure policière ».
Les proches de la victime avaient donc déposé à deux reprises une plainte avec constitution de partie civile – la première ayant avorté pour un problème de procédure – entraînant la saisine d’un juge d’instruction, en 2018. Mais cette seconde instruction avait débouché sur un non-lieu, dont la famille avait fait appel… Avant de voir la chambre de l’instruction confirmer ce non-lieu, mardi 21 février 2023.
Contactés par Place Gre’net, Me Ronald Gallo, avocat des parties civiles, ainsi que Me Arnaud Levy-Soussan et Me Jean-Michel Détroyat, avocats des cinq policiers – placés sous le statut de témoins assistés – n’avaient pu être joints à l’heure de la publication de cet article. Le premier nommé a néanmoins pu brièvement confirmer la décision de la chambre de l’instruction.