FOCUS – Entre 50 et 80 militants d’Extinction Rébellion Grenoble ont bloqué tout l’après-midi le boulevard Gambetta, devant la Caserne de Bonne, ce samedi 29 octobre 2022. Une action menée dans le cadre d’une campagne nationale du mouvement écologiste réclamant notamment la réduction drastique des émissions carbone. Extinction Rébellion a ainsi choisi un centre commercial pour ralentir symboliquement la consommation et alerter sur la nécessite de stopper la croissance à outrance, face à l’urgence climatique.
L’action avait été minutieusement préparée. Peu après 14 h 30, ce samedi 29 octobre 2022, plusieurs dizaines de militants et sympathisants d’Extinction Rébellion Grenoble ont fait irruption sur le boulevard Gambetta, devant l’entrée de la Caserne de Bonne. Après avoir déployé deux banderoles, « Ralentir ou périr » et « Pour notre futur », ceux-ci ont bloqué en quelques minutes une partie de l’artère, certains d’entre eux formant une chaîne humaine en s’attachant grâce au arm-lock – « l’arme » fétiche du mouvement pour ralentir les forces de l’ordre.
Les 50 à 80 activistes présents ont occupé le boulevard durant la majeure partie de l’après-midi, levant le blocage aux alentours de 18 h 30, sous la surveillance de la police, qui n’est pas intervenue. L’action menée par la branche grenobloise d’Extinction Rébellion intervenait dans le cadre d’une campagne nationale lancée, fin octobre, par le mouvement écologiste de désobéissance civile.
Sobriété et justice énergétiques vont de pair pour Extinction Rébellion
Le thème commun de ces actions ? « Sobriété et justice énergétiques ». « L’une des revendications principales concerne la réduction drastique des émissions carbone », précise Johan, militant grenoblois de l’ONG. « Des interventions militantes sont prévues durant la semaine dans plusieurs villes françaises », ajoute-t-il, Grenoble étant, avec Paris, l’une des premières à ouvrir le bal.
« Il y a une descente énergétique à avoir, au niveau des sources d’énergie, mais aussi de la consommation, d’où notre présence à côté d’une zone commerciale », explique Stradivarius1un pseudo, comme pour tous les militants du mouvement. « Mais cette descente énergétique doit s’accompagner de justice, pour que ça ne retombe pas toujours sur les mêmes, ceux qui se serrent déjà la ceinture, qui habitent des passoires énergétiques. »
Pour cet activiste membre d’Extinction Rébellion Grenoble depuis sa création, en 2019, « ceux qui polluent le plus, les grandes entreprises, les citoyens les plus riches, doivent montrer l’exemple ». Et peut-être qu’à ce moment-là, « ça encouragera tout le monde à faire des efforts », espère-t-il. Avant de nuancer : « Ce sont quand même eux qui nous posent problème, ainsi que l’inertie du gouvernement qui prend des mesurettes souvent contradictoires. »
« On doit ralentir mais pas n’importe comment »
Au micro, un autre militant justifie également le choix du lieu ciblé, visant notamment à « ralentir pacifiquement l’activité de la Caserne de Bonne ». Une action certes symbolique mais reliée à un constat plus global : « Notre société est de nouveau confrontée aux impasses de son modèle de développement destructeur », poursuit-il. « Le dérèglement climatique et la raréfaction des ressources, dont l’énergie, ne sont plus des problèmes dont nous parlons au futur mais bien des évènements que nous vivons au présent. »
Si le mouvement promeut une décroissance planifiée, il s’agit de « ralentir mais pas n’importe comment », estime l’orateur. Et ce dernier de pointer la menace de pénurie et de restrictions rendant « plus inacceptable » la réalité, à savoir « l’écart abyssal entre le train de vie d’une poignée d’individus, le profit généré par quelques multinationales et le reste de la population ».
« On est fin octobre à Grenoble, il fait 24°C, les gens vaquent à leurs occupations, sont pris dans cette consommation de masse à la Caserne de Bonne, se déplacent en voiture… »
Parmi les personnes présentes, les avis diffèrent cependant concernant les responsabilités. Blue, jeune sympathisante d’Extinction Rébellion, préfère ainsi, comme beaucoup, « accuser les grandes entreprises plutôt que les consommateurs, qui n’ont pas forcément conscience de la situation ». A l’inverse, Julie, militante récente du mouvement, fait preuve de moins d’indulgence et n’hésite pas à brocarder l’apathie d’une grande partie de la population.
« On parle beaucoup de l’écologie, du dérèglement climatique, de la sixième extinction de masse, mais personne ne fait rien concrètement », déplore-t-elle. « On le voit aujourd’hui : on est fin octobre à Grenoble, il fait 24°C, les gens vaquent à leurs occupations, sont pris dans cette consommation de masse à la Caserne de Bonne, se déplacent en voiture… » Selon la jeune femme, « personne ne prend conscience de ce qui va nous arriver si on continue à avoir une société extractiviste, productiviste, consumériste ».
De nouvelles actions bientôt en prévision
« On va devoir subir des changements assez catastrophiques dans les prochaines années alors qu’on pourrait s’adapter aujourd’hui », regrette Julie. Une conclusion assez largement partagée, comme l’illustre Roka, autre militant d’Extinction Rébellion : « Le message qu’on veut porter, c’est qu’on a besoin de ralentir la manière dont on consomme, de consommer moins et de repenser nos modes de vie. »
Tous soulignent la « nécessité de passer aux actes », à l’instar de Stradivarius, activiste chevronné au milieu de tous ces jeunes, qui, lui, « pense aux générations futures, notamment à [ses] petits-enfants ». Extinction Rébellion a donc du pain sur la planche et se projette déjà sur de futures actions, comme celle prévue très prochainement pour l’arrêt des publicités lumineuses.