FOCUS – Pour la septième fois consécutive, plusieurs milliers d’opposants aux mesures gouvernementales ont manifesté dans les rues de Grenoble ce samedi 28 août 2021. Notamment pour protester contre l’extension du passe sanitaire et la vaccination obligatoire pour de nombreux professionnels, dont les soignants. Autre crainte à l’approche de la rentrée scolaire : la vaccination des enfants de moins de 12 ans bien que celle-ci « ne soit pas d’actualité », a assuré le ministre de l’Éducation nationale.
« Non au passe sanitaire, non au viol des droits, non aux abus de pouvoir ! », ont clamé les Gilets jaunes unitaires du rond-point Pierre et Marie-Curie qui appelaient à manifester ce samedi à Grenoble depuis la place de Verdun. Ainsi, au plus fort de la manifestation, plus de 4 000 personnes ont défilé dans le centre-ville1rue Hébert, boulevard Maréchal Leclerc, avenue Maréchal Randon, rue Frédéric Taulier, places Notre-Dame et Sainte-Claire, rues de la République, Lafayette, Vicat, place Jean-Achard, rue Condillac, place Vaucanson, place Docteur Léon-Martin, boulevard Agutte-Sembat, rue Lesdiguières, et place de Verdun selon les organisateurs tandis que la police en dénombrait de son côté 2 100. « Et pan dans la gueule du ministère de l’Intérieur ! », exultait un manifestant rappelant que, la semaine passée, « la police et les médias disaient que la mobilisation semblait s’étioler ».
Pour la septième semaine consécutive, des manifestations ont eu lieu dans plus de 200 villes de France. Avec toujours les mêmes revendications : l’abolition du passe sanitaire validé par le Conseil constitutionnel le 9 août dernier et le retrait de l’obligation vaccinale pour de nombreux professionnels, dont les soignants.
Autre crainte : comme l’exprimaient de nombreuses pancartes brandies dans le cortège grenoblois, la vaccination des enfants de moins de 12 ans. Et ce bien, que celle-ci ne soit « pas d’actualité », a pourtant assuré Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale.
Effets, secondaires, manque de recul, pas d’autorisation de mise sur le marché…
Dans les rangs des manifestants présentant toujours la même mosaïque de profils, on pouvait toutefois noter quelques changements. Notamment la présence de militants rassemblés derrière une banderole « contre l’extrême droite et le passe sanitaire » qui exigeaient aussi « la levée des brevets ». Comble de l’ironie, quelques dizaines de rangs plus loin, défilait l’ex-élu Front national fontainois rallié à Civitas Franck Sinisi, condamné en 2017 pour incitation à la haine raciale.
Entre autres slogans, on entendait aussi « Macron démission ! Ton vaccin on n’en veut pas ! » Une manière de rejoindre, par la bande, les revendications des gilets jaunes qui ont lancé le mouvement de contestation contre le gouvernement en 2018. « Je pense que les gens peuvent voir que nous sommes une force tous ensemble, qu’on est là et qu’on ne lâche rien ! », se félicite un gilet jaune manifestement ravi du succès de la mobilisation.
Des manifestants s’inquiètent d’une éventuelle vaccination des enfants. © Joël Kermabon – Place Gre’net
D’autres anti-passe sanitaire estiment « être traités comme des cobayes ». Et dénoncent des mensonges sur les effets secondaires, un manque de recul sur les vaccins, ou bien encore l’absence d’autorisation de mise sur le marché (AMM) « car toujours en phase 3 »…
Sans oublier les manifestants viscéralement anti-vaccin chauffés à blanc par les militants du collectif grenoblois GreLive. Ces derniers prévoient du reste un rassemblement lundi 30 août devant la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (Desden). En particulier, pour dénoncer les « politiques vaccinales imposées qui ne fonctionnent pas, des gens toujours plus malades et des restrictions de libertés toujours plus grandes ».
Des bibliothécaires de Grenoble au cœur de la manifestation
L’occasion aussi de rencontrer Amandine, l’une des salariés des bibliothèques en grève, pour protester contre la présentation du passe sanitaire dans les équipements publics grenoblois. « Nous sommes obligés en ce moment de procéder à une discrimination des publics ce qui va totalement à l’encontre de nos valeurs », explique-t-elle. Avant de nous en dire un peu plus sur les raisons de ce mouvement de grève reconductible suivi depuis mardi dernier par une grande partie des agents.
La manifestation s’est déroulée dans le calme pour se disperser sur le coup de 17 h 30 place de Verdun. Ce même si quelques manifestants avaient pour intention de s’en prendre aux clients d’une terrasse lors du passage du cortège place Notre-Dame où ont eu lieu des prises de parole. « Je suis allé les voir pour leur dire que les gens sont libres et qu’il n’y avait aucune raison de s’en prendre à ces personnes », nous a glissé Nanou, l’une des gilets jaunes qui veillait au bon déroulement de la manifestation.