EN BREF – Le collectif des Lichens organise une “vélorution” au départ de Clelles, sur la RD 1075 dans le Trièves, ce samedi 20 février 2021 à 14 heures. Dans le viseur du collectif, les travaux prévus par le Département de l’Isère sur un tronçon de 32 km entre les cols de la Croix-Haute et du Fau. Lequel département s’inscrit en faux dénonçant des allégations « fallacieuses » opposant le train et la route.
Le collectif des Lichens qui avait déjà organisé un pique-nique le 17 juin 2020 sur la route départementale 1075 dénonce dans son communiqué un projet de 57 millions d’euros1Soit 2 millions d’euros du kilomètre qui créerait une troisième voie sur un tiers du parcours pour les dépassements.
« Un appel d’air pour plus de véhicules et plus de camions », assure Lionel Perrin, membre du collectif.
Lequel, dénonçant « une fuite en avant », déclare « qu’il est temps de l’arrêter », surtout dans « un contexte de crise environnementale aiguë ». Le collectif réclame ainsi « l’abandon du projet aberrant de créneaux de dépassement et le report du fret routier sur le rail ». Selon Lionel Perrin, « il aura fallu l’organisation d’un pique-nique pour qu’enfin le Département reconnaisse que son projet fait débat » .
Reste qu’à l’orée des élections départementales2Les élections départementales se dérouleront les 13 et 20 juin 2021 le sujet est sensible. « Il va falloir choisir entre la route ou le train, […] des voix d’élus commencent à s’élever », appuie le collectif.
Le Collectif des Lichens craint « un choix politique entre la route et le train »
De fait, en dépit d’une première tranche de travaux enfin décidée, la ligne ferroviaire Grenoble- Veynes-Gap attend toujours 60 millions d’euros pour être pérennisée. Ce qui ne manque pas d’interroger le collectif. « D’un côté, c’est très facile de trouver 50 ou 60 millions d’euros pour aménager du routier, mais très difficile juste de faire en sorte qu’une ligne de train puisse continuer à fonctionner », s’indigne-t-il.
Avant de s’en prendre à Frédérique Puissat, à la fois sénatrice et instigatrice du projet départemental. « D’un côté, pour le train, elle estime que l’argent est “rare”. De l’autre, elle se vante de la démesure de son projet routier, qu’elle juge “remarquable” par l’ampleur du financement” ».
Pour la sénatrice, « le sujet est ailleurs, il s’agit de sécuriser la RD1075 », a‑t-elle déclaré au Dauphiné libéré. « Je suis interpellée par des riverains, des commerçants, des victimes. Il y a des carrefours non perceptibles entre la départementale et les routes secondaires, les traversées sont dangereuses pour les piétons, les vélos… », argumente-t-elle.
Pour autant, le collectif des Lichens n’en démord pas : « En pleine austérité budgétaire, aggravée par la crise du Covid, il y a tout lieu de craindre que les pouvoirs publics fassent un choix politique entre la route et le train. À nous de leur indiquer la voie à suivre ! »
JK
Pour le département de l’Isère, « seule la sécurité compte ! »3Article modifié le 21 février 2021 à 9 heures suite à la publication d’un communiqué par le département de l’Isère
Le département de l’Isère qui a eu vent des intentions et des allégations du collectif n’a pas manqué de réagir en publiant un communiqué ce samedi 20 février 2021 sur le coup de 20 heures. « Le Département tient à rappeler, de la plus forte des façons et sans ambiguïté, l’unique objectif de ces travaux : la sécurité de tous les usagers et des riverains », écrit-il d’emblée.
Décrivant un axe accidentogène supportant un trafic moyen de 7 000 véhicules par jour414 000 véhicules par jour lors des pointes saisonnières, le département y déplore la survenue de 273 accidents depuis 2009. Aussi, explique-t-il, « [les travaux ont] pour unique objectif de limiter les comportements dangereux des usagers et d’annihiler la gravité des accidents qui endeuillent encore trop de familles ».
De plus, ajoute le Département, « le programme de travaux n’apportera aucune augmentation de la capacité de l’axe et aucun gain de temps substantiel pour les usagers. ». De fait, sur les 31 opérations prévues dans le programme global d’aménagement « qui seront soumises prochainement à l’enquête publique, la moitié concerne la reconfiguration des carrefours ».
Les objectifs de ces reconfigurations ? Permettre une traversée sécurisée et une insertion facilitée des usagers locaux, notamment celle des agriculteurs, sur la RD 1075, explique la collectivité territoriale.
Une prochaine enquête publique permettra d’amender le projet
Quant à la concertation, Le Département assure être allé bien au-delà du cadre légal et réglementaire. Ne serait-ce, précise-t-il, que pour répondre « le plus fidèlement possible aux attentes des usagers et des riverains de la RD 1075 ». Ainsi le communiqué détaille-t-il toutes les réunions organisées avec les élus concernés et les riverains
« À l’issue de ces réunions, le projet a été revu pour prendre en compte les attentes des élus et des riverains avec sept nouvelles opérations, deux opérations abandonnées et 24 opérations modifiées », résume la collectivité. Qui assure que le projet est encore susceptible d’être amendé à l’issue de l’enquête publique qui commencera prochainement.
« Nous sommes déterminés à poursuivre ce travail de concertation afin d’adapter le projet si nécessaire et à agir pour sauver des vies humaines ! », déclarent d’une même voix Frédérique Puissat et Fabien Mulyk, conseillers départementaux du canton de Matheysine-Triève.
« Une opposition fallacieuse de militants politiques » entre le train et la route
Pour le Département, « les militants politiques » du Collectif des Lichens « opposent de manière fallacieuse le train et la route qui ne répondent pourtant pas aux mêmes usages ». En effet, argumente le communiqué, « le Département de l’Isère est partie prenante, comme d’autres collectivités territoriales en lien avec la Région Auvergne-Rhône Alpes, de l’étude et de la première phase de travaux de la régénération de la ligne Grenoble-Veynes. ».
1 Soit deux millions d’euros du kilomètre.
2 Les élections départementales se dérouleront les 13 et 20 juin 2021.
3 Article modifié le 21 février 2021 à 9 heures suite à la publication d’un communiqué par le département de l’Isère.
4 14 000 véhicules par jour lors des pointes saisonnières