FOCUS — L’annonce du décès de Valéry Giscard d’Estaing n’a pas laissé indifférent le microcosme politique grenoblois. Si le centriste Philippe de Longevialle se remémore « son premier vote en 1981″, le gaulliste et chiraquien Alain Carignon rend un “hommage” beaucoup plus mesuré. Tandis que le maire de Grenoble, Éric Piolle, s’engage à baptiser un lieu du nom de l’ancien président. Un engagement déjà pris après le décès de Jacques Chirac.
L’annonce du décès de Valéry Giscard d’Estaing mercredi 2 décembre n’est pas sans susciter des réactions parmi les figures politiques locales. À commencer par celle de Philippe de Longevialle. « Mon premier vote en 1981 a été pour lui et grâce à lui, n’ayant pas 21 ans. Cela a été ma première campagne », écrit l’ancien adjoint (centriste) de Michel Destot. Qui salue encore « un homme d’une intelligence exceptionnelle, profondément cultivé, européen convaincu, dont les plus jeunes ont sans doute oublié l’extrême modernité de son septennat ».
Une modernité que le conseiller régional d’opposition Stéphane Gemmani souligne également via les réseaux sociaux. « Son septennat incarna une certaine modernité : dépénalisation de l’IVG, majorité à 18 ans, divorce par consentement mutuel, une vision résolument européenne… », écrit-il. Non sans adresser ses condoléances au fils de l’ancien président, Louis Giscard d’Estaing, membre de la majorité de Laurent Wauquiez à la Région.
L’hommage au vitriol d’Alain Carignon à Valéry Giscard d’Estaing
L’hommage est (beaucoup) plus relatif sous la plume d’Alain Carignon. Si l’ancien maire de Grenoble salue, lui aussi, la « modernité » de Valéry Giscard d’Estaing, c’est pour mieux décrire des « réformes sociétales [qui] ont été les premiers pas de la domination de l’individu-Roi au détriment de ce qui constituait l’essence de l’action publique jusque-là, l’intérêt général au-dessus des désirs particuliers ».
Quant à « l’intelligence hors du commun » de VGE, elle lui a permis de percevoir que « l’action politique commençait à réduire son champ d’action ». Et de « jeter les bases de notre actuelle démocratie », qu’Alain Carignon oppose à la République en reprenant la formule de Régis Debray : « La démocratie, c’est ce qui reste d’une République quand on éteint les lumières ».
Celui qui fut ministre de Jacques Chirac considère également que Valéry Giscard d’Estaing a « réduit l’influence des gaullistes et ce dont ils sont porteurs en matière d’autorité de l’État et de permanence des Nations ». On l’aura compris : le gaulliste Carignon ne porte pas le giscardisme dans son cœur. « Valéry Giscard d’Estaing a ouvert avec brio et talent un cycle qui s’est caricaturé après lui, dont on perçoit les limites et peut-être la fin », conclut-il ainsi.
Un « lieu symbolique » Valéry-Giscard-d’Estaing à Grenoble ?
Modernité toujours pour Éric Piolle. Une modernité « embarquée par la grande accélération du monde »… et qui constitue tout ce que déteste (ou presque) le maire de Grenoble : l’énergie nucléaire, le développement des autoroutes ou encore l’aviation au travers du Concorde. « Il contribua à donner à la France le visage que nous lui connaissons encore aujourd’hui », analyse Éric Piolle. Sans pour autant rejeter en bloc le bilan de VGE.
« Durant son mandat et l’ensemble de son parcours, il est resté fidèle au destin européen de la France », souligne ainsi l’élu. Qui indique encore qu’en faisant passer la majorité civile à 18 ans, Valéry Giscard d’Estaing « a montré que son sens de l’intérêt général passait avant les considérations partisanes ou politiciennes ». Enfin, Éric Piolle n’oublie pas que le mandat de VGE fut celui de la dépénalisation de l’IVG.
Et le maire de Grenoble de conclure en annonçant : « Je proposerai au prochain conseil municipal qu’un lieu emblématique de Grenoble porte son nom ». Soit mot pour mot le même engagement qu’à l’annonce du décès de Jacques Chirac. Un engagement qui ne fut pas tenu, et ne l’est toujours pas plus d’un an après la mort de cet autre ancien président. Le décès de VGE sera-t-il l’occasion de faire d’une pierre deux coups ?