REPORTAGE VIDÉO - Ce jeudi 26 novembre à 18 heures, entre 1 200 et 3 000 manifestants se sont rassemblés place de Verdun avant de défiler dans les rues de Grenoble. Une manifestation unitaire à l'appel d'une trentaine de syndicats, associations et collectifs en vue de protester notamment contre le projet de loi de « sécurité globale », récemment voté par le Parlement. Mais aussi pour réclamer plus de justice sociale et l'élaboration d'un « plan d'urgence » pour la santé.
Ce jeudi 26 novembre à 18 heure, des manifestants – 1 200 selon la police, 3 000 pour les organisateurs – ont convergé place de Verdun. Ils répondaient ainsi à un appel unitaire inter-organisations à l'initiative d'un large rassemblement de syndicats, collectifs et associations1Voir renvoi en bas de page. Dénonçant la « gestion catastrophique de la crise sanitaire », les organisateurs appelaient ainsi à un « déconfinement des revendications » centrées autour de trois thèmes.
À savoir l'exigence d'un véritable « plan d'urgence pour la santé, la démocratie et la justice sociale ». Le tout, se félicite Solidaires Isère, autour de l'unité réalisée par le mouvement social isérois contre « la politique antisociale, raciste et autoritaire du gouvernement ». Un autre appel, intersyndical celui-là, proposait un corpus revendicatif en lien avec cette mobilisation.
Un plan d'urgence et des moyens pour l'hôpital
Pour l'occasion, les organisateurs ont rompu avec la tradition voulant que les prises de parole se déroulent à la fin de la manifestation. Ainsi, plus de quarante minutes durant, des représentants des différentes organisations se sont succédé au micro pour haranguer la foule et exposer leurs revendications.
Devant les camions sono de la CGT et de Solidaires, les intervenants, éclairés chichement par des frontales, ont tous fustigé les « seules armes du gouvernement que sont l'autoritarisme et la répression face à une crise sanitaire allant en s'aggravant ». Un dénominateur commun pour revendiquer un véritable « plan d'urgence pour l'hôpital » avec davantage de moyens financiers mais aussi humains.
Au nombre des revendications, des ouvertures de lits et des embauches massives. Mais aussi, pour faire face à la crise sanitaire, « la réquisition de cliniques privées ».
Un point sur lequel Nicolas Benoît, secrétaire départemental de la CGT Isère, s'est exprimé à notre micro.
La justice sociale est également dans la ligne de mire des syndicats, Gilets jaunes, saisonniers, défenseurs du droit au logement, Attac et bien d'autres organisations. « La crise du Covid-19 a un impact bien au-delà du secteur hospitalier », écrivaient ainsi les organisateurs en amont du rassemblement. Lesquels estiment qu'il y a « besoin d’urgence d’investissements massifs dans tous les services publics. Notamment dans l’éducation et les transports, plus que jamais essentiels ».
De surcroît, les intervenants n'oublient pas « les milliards distribués sans compter pour sauver les profits des grandes entreprises n’hésitant pas, derrière, à licencier en masse ». Et de préconiser de les consacrer « à la santé, à l’école, à la lutte contre la pauvreté qui se répand encore plus vite que le Covid-19 ».
« Le gouvernement se fout de notre gueule ! »
Quant aux droits démocratiques, quasiment tous les intervenants les ont évoqués, les estimant en grand danger. « Les libertés publiques et syndicales sont drastiquement attaquées par un confinement de la vie hors travail. Le gouvernement en profite pour faire avancer son agenda à une vitesse inquiétante », ont-ils argumenté. Avant de pourfendre « les lois liberticides et autoritaires qui se succèdent ces dernières semaines à un rythme inquiétant ». Telle la fameuse proposition de loi dite de « sécurité globale », récemment votée par le Parlement, dont tous les orateurs se sont indignés, pour certains avec colère.
En particulier Benjamin Moisset, membre de Solidaires et professeur d'histoire-géographie qui s'est époumoné à décrire une atmosphère digne de 1984, le célèbre livre de Georges Orwell, et un gouvernement « qui se fout de notre gueule ». Pour ce dernier, une seule solution : « le rapport de force avec la grève générale et la mobilisation dans la rue ».
Au final, bien que chacun ait prêché pour sa paroisse, tous les discours ont fait consensus sur bien des points. Les intervenant n'ont eu de cesse de réaffirmer leur volonté de poursuivre leur lutte pour plus de droits, pour que les gens aient un toit, l’accueil des migrants, le droit au chômage et le retrait de la loi de sécurité globale.
Deux manifestants interpellés pour« violence sur personne dépositaire de l'autorité publique »
Après cette longue phase liminaire, le cortège s'est enfin formé avant de s'élancer sur le coup de 19 heures derrière les banderoles des différentes organisations. Alors même que les forces de l'ordre étaient peu visibles, à l'exception de quelques fourgons de CRS positionnés devant la préfecture, les slogans anti-police ont fusé tout au long de la déambulation. Les manifestants, très remontés, ont aussi repris à leur compte les slogans des Gilets jaunes fustigeant Emmanuel Macron et entonné le fameux chant de révolte italien Bella ciao. Le tout sans débordement pendant la manifestation.
De son côté la Direction départementale de la sécurité publique de l'Isère (DDSP 38) indique avoir constaté des collages d'affiches et d'écriture de tags, et procédé à une interpellation liée à ce motif pour « dégradation ». Une fois le cortège revenu à son point de départ, les policiers ont dû faire usage de deux sommations pour disperser les manifestants. En cause, la mise en place d'une sono diffusant de la musique techno sur laquelle un groupe de manifestants dansaient.
Les forces de l'ordre mentionnent encore avoir essuyé des jets de projectiles pour lesquels elles ont interpellé deux autres personnes. Le motif ? « Violence sur personne dépositaire de l'autorité publique », indique la DDSP, qui précise qu'il n'y a eu aucun blessé.
Joël Kermabon
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