FOCUS – Ludovic Bertin, meurtrier présumé de Victorine Dartois, a été mis en examen puis placé en détention ce jeudi 15 octobre 2020. La justice lui reproche les faits « d’enlèvement, séquestration et meurtre précédé de tentative de viol », bien qu’il nie tout mobile sexuel. Ce père de famille de 25 ans, qui a avoué avoir étranglé la jeune étudiante, a évoqué une rencontre fortuite qui « aurait mal tourné ». Des aveux en pointillés, loin de convaincre les enquêteurs, le parquet, les magistrats instructeurs et la famille de Victorine.
Il n’aura fallu qu’une vingtaine de jours aux enquêteurs de la gendarmerie pour arrêter le meurtrier présumé de Victorine Dartois, retrouvée dans un ruisseau à Villefontaine le 28 septembre dernier.
Si les investigations de la cellule d’enquête HomRoche y ont contribué, c’est aussi grâce à un coup de chance que l’enquête a pu progresser. Ce grâce au témoignage d’un proche de l’auteur présumé des faits à qui il avait fait des confidences.
Après son interpellation et quarante-huit heures de garde à vue, Ludovic Bertin, un père de famille âgé de 25 ans habitant Villefontaine, a reconnu les faits, évoquant une rencontre fortuite qui, selon lui, « aurait mal tourné ». Au terme de sa garde à vue, celui-ci fait l’objet d’une mise en examen pour les faits « d’enlèvement, séquestration et meurtre précédé de tentative de viol ». Conformément aux réquisitions du parquet de Grenoble, le juge de la liberté et de la détention l’a placé en détention provisoire. Le mis en cause encourt, dès lors, une peine de réclusion criminelle à perpétuité.
La chronologie des faits ayant conduit à la mort de Victorine Dartois
Ce jeudi 15 octobre 2020, Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, et son adjoint, Boris Duffau, tenaient une conférence de presse pour faire le point sur les derniers développements de l’enquête.
« À l’instar des parents et des proches de Victorine Dartois, nous sommes tous soulagés de cette avancée majeure de l’enquête permettant l’arrestation d’un suspect, qui a reconnu son implication dans le meurtre de Victorine. » Fort de ce dénouement, Éric Vaillant n’en regrette pas moins « la divulgation des aveux du suspect [dans la presse, ndlr] qui [les] a clairement gênés ». Avant d’indiquer que l’instruction allait se poursuivre, dans le respect « de la présomption d’innocence » dont bénéficie le suspect jusqu’à sa condamnation définitive.
Suite à ces propos liminaires, Éric Vaillant a cédé la parole à son adjoint qui a livré la chronologie du déroulement des faits ayant conduit à la mort de la jeune Victorine Dartois.
Des aveux peu convaincants pour les enquêteurs et les magistrat instructeurs
« Pour l’heure, il s’agit d’une mise en examen et de déclarations que la gendarmerie va analyser sur la base d’informations non encore exploitées », a ensuite tenu à préciser Boris Duffau. En effet, nombre d’inconnues subsistent encore dans cette affaire, reconnaît-il. « Il faut notamment permettre aux juges d’instruction de déterminer ce qui a pu se passer entre le moment de la disparition et celui de la découverte du corps », explique le procureur adjoint.
Reste que les aveux en pointillé du suspect n’ont guère convaincu les enquêteurs et les magistrats instructeurs. Tout particulièrement lorsque le prévenu s’est défendu de toute tentative de viol de la jeune étudiante.
« Cela ne satisfait pas le parquet, qui a pris un réquisitoire supplétif de “meurtre précédé de viol” en raison du pantalon baissé retrouvé au pied de la jeune fille », indique Éric Vaillant.
« Ses explications ne nous convainquent pas et nous ne souhaitons pas donner plus de détails pour l’instant. » Cependant, complète le procureur, « les éléments d’enquête dont nous disposons nous laissent penser que Ludovic Bertin était seul lors de l’accomplissement des faits. »
Ludovic Bertin aurait-il agi sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants ? Le procureur se refuse à confirmer ou infirmer cette éventualité. Tout autant qu’il ne tient pas plus à s’exprimer sur sa présence lors de la marche blanche organisée le 4 octobre en mémoire de Victorine.
La famille de Victorine Dartois peut enfin faire son deuil
« Cette journée où la famille a appris l’interpellation était espérée et attendue de tous. Nous avions confiance dans les moyens employés par les enquêteurs, par le parquet et maintenant les juges d’instructions. » À l’issue des déclarations des procureurs et des enquêteurs, Me Kelly Monteiro, l’avocate de la famille de Victorine, invitée à s’exprimer, a redit le soulagement de ses proches. « Nous avons désormais le nom de ce meurtrier [présumé, ndlr] et l’on peut entrer dans cette phase de deuil que la famille était en droit d’attendre », a déclaré l’avocate.
Toujours est-il que la partie civile reste sur sa faim concernant sa recherche de la vérité. « Nous avons, là, des déclarations peu convaincantes de la part du mis en examen, poursuit Kelly Monteiro. Ludovic Bertin ne nous a pas tout dit ! » En cause, des « déclarations parcellaires posant question », laissant la famille en « état de sidération » et dans l’attente de réponses concernant le viol de la jeune fille.
La famille connaissait-elle Ludovic Bertin ? « Cette personne leur est inconnue de près ou de loin. Ce qui tend à confirmer cette hypothèse de “mauvaise rencontre”, ce jour-là », souligne l’avocate.
Invité par le procureur, l’avocat de Ludovic Bertin a, quant à lui, refusé de s’exprimer après en avoir discuté avec son client. « Il ne souhaite pas faire de déclaration à la presse, comme je lui ai proposé, et ne tient pas à divulguer son nom », a expliqué Éric Vaillant. Malgré tout, son nom et différentes photos de lui circulent déjà dans la presse et sur les réseaux sociaux depuis le jeudi 15 octobre.