EN BREF – Les essais cliniques d’antiviraux contre le Covid-19 ont débuté au CHU de Grenoble depuis cinq jours. Trois traitements sont testés, dont l’hydroxychloroquine. Les premiers résultats sont attendus dès la semaine prochaine.
C’est la molécule dont tout le monde parle. L’hydroxychloroquine, également utilisée à Marseille par le Pr Raoult, est testée au CHU de Grenoble. Dérivé de la chloroquine, c’est un anti-paludéen connu, bon marché, et avec un risque de toxicité moins élevé que la chloroquine.
Toutefois, les protocoles intégrant cette molécule diffèrent. En effet, celui utilisé par le Pr Raoult intègre de l’azithromycine, un anti-infectieux. Le protocole du CHU s’inscrit lui dans le cadre de l’étude Discovery mise en place depuis douze jours en France et pilotée par les Hospices civils de Lyon. Et il n’utilise que l’hydroxychloroquine.
Trois traitements contre le Covid-19
Ces essais portent sur des antiviraux pouvant lutter contre le virus lui-même et constituer un traitement. À ne pas confondre avec les essais cliniques du CHU portant sur la réduction de l’inflammation provoquée par le Covid-19.
En tout, trois médicaments sont testés lors de ces essais cliniques. D’abord, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir, utilisés tout deux comme antiviraux contre le VIH. « C’est ce que nous utilisons en première intention », explique le Dr Olivier Épaulard, infectiologue du CHU qui supervise les essais.
L’hydroxychloroquine est, elle, utilisée en seconde intention, pour ceux qui ne supportent pas le lopinavir. Enfin, le remdesivir, un antiviral initialement conçu pour lutter contre Ebola, est le dernier médicament testé.
Des résultats dès la semaine prochaine
Ces essais cliniques ont donc débuté depuis cinq jours au CHU de Grenoble. Et les premiers résultats devraient arriver rapidement, d’ici le milieu de la semaine prochaine. Notamment grâce à une coordination exceptionnelle des différents services. Mais aussi à des thésards qui modifient leur sujet de thèse.
De plus, l’aspect adaptatif de ces essais donne un espoir d’avancées rapides. Ainsi, les médicaments identifiés comme inefficaces pourront être abandonnés au profit de molécules qui émergeront de la recherche comme plus performantes.
Vers une meilleure prise en charge
Et cette méthode va être bénéfique pour les malades. « Ces essais vont changer la manière dont on prend en charge les patients », affirme l’infectiologue. En effet, en analysant comment les différents patients réagissent aux différents traitements, les chercheurs pourront extraire des données plus précises sur le comportement du virus.
« Nous sommes très touchés de la manière dont les malades perçoivent ces essais cliniques. Beaucoup nous disent qu’ils se portent volontaires d’abord pour aider la recherche à lutter contre ce virus, et pas seulement pour être soignés », confie le Dr Épaulard.
Anissa Duport-Levanti
La situation du CHU en quelques chiffres :
- - Une centaine de patients Covid-19 au CHU de Grenoble dont un tiers en réanimation
- - 10 patients transférés de Franche-Comté au CHU de Grenoble en réanimation
- - 116 lits disponibles en réanimation
- - 50 soignants testés positifs au Covid-19 mais aucun dans les services dédiés au coronavirus