FIL INFO – Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées, ce vendredi 10 janvier en fin d’après-midi rue Félix-Poulat à Grenoble pour demander la vérité sur la mort de trois militantes kurdes à Paris le 9 janvier 2013. Autre objectif du rassemblement : exiger la libération de l’ancien leader pro-kurde Selahattin Demirtaş qui serait en danger de mort.
Il y a sept ans, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez,
trois militantes kurdes, étaient assassinées à Paris. Les premiers résultats de l’enquête française tendaient à accréditer la thèse d’une implication des services secrets turcs, en raison des liens entre le principal suspect et l’organisme de renseignement turc, le MIT. Mais l’affaire n’a, à ce jour, toujours pas été élucidée, ni jugée.
Pour l’association iséroise des amis des Kurdes (Aiak), il ne fait toutefois aucun doute que ces meurtres ont été commandités par l’état turc. Celle-ci dénonce en outre la passivité complice de la justice française, qui aurait « laissé traîner » l’enquête jusqu’en 2016, puis « suite à l’insistance des familles des victimes, a finalement fixé la date du procès au 5 décembre 2016, avant de le repousser, sans motivation, au 23 janvier 2017. »
Complicité de l’État français ?
Pour l’Aiak, la mort en prison en 2016 du suspect du triple homicide, Ömer Güney, des suites d’un cancer du cerveau montre la connivence de l’appareil judiciaire français.
« Bien que l’État français ait été au courant de l’état de santé du suspect, il a empêché la tenue rapide du procès. Ainsi, en faisant traîner l’affaire, on a empêché que la justice soit rendue », peut-on lire sur l’appel au rassemblement
L’ancien leader pro-kurde en danger de mort
La mobilisation qui a réuni une cinquantaine de personnes rue Félix-Poulat avait également pour but d’appeler à la libération de l’ancien président du Parti démocratique des peuples (HDP) Selahattin Demirtaş, emprisonné en Turquie depuis trois ans. L’association affirme qu’il n’est pas soigné correctement malgré des problèmes de santé, dont une possible crise cardiaque survenue le 26 novembre 2019. Il n’aurait été transféré à l’hôpital qu’une semaine plus tard.
« Le président Recep Tayyip Erdogan met tout en œuvre pour étouffer le débat démocratique, taire toute contestation. Il veut en finir avec les opposants à sa politique, régulièrement accusés de “terrorisme”, martèle l’Aiak.
L’association appelle également à la libération des journalistes emprisonnés. Au total, ils seraient au nombre de 47 actuellement détenus dans le pays, alors que « des dizaines d’autres journalistes sont encore sous le coup d’un procès ou ont été condamnés à des peines d’emprisonnement et libérés en attendant leur appel », selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Anissa Duport-Levanti